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»
an té ñ ES
RE EN PER AT
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AD,
MÉMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE
D'ARRAS,
_,POUR L’ENCOURAGEMENT DES SCIENCES,
DES LETTRES ET DES ARTS.
AR AARAAV AARAANARAARS
6
TOME QUATRIÈME:
BIBLIOTHÈQUE ©. 4
” Les Fontaines
60 - CHANTILLY
ARRAS,
CT OPINO, Libraire , rue S',. Aubert.
CRÉENT
De l'Imprimerie de la V*. Bocquer, Libraire, petite Place:
1821. F.
je mme le En
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CE
SOCIÉTÉ ROYALE
D’ARRAS.
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SÉANCE PUBLIQUE
DU 27 AOUT 1821.
DISGOURS
D'OUVERTURE |
De Mowsrœur LALLART, PRÉSIDENT
fr
MESSIEURS,
Lo. les peuples, avançant dans la carrière de la
civilisation, purent apprécier les améliorations qui en
_ résultaient dans leurs besoins, dans leurs jouissances
et dans leurs intérêts, ils ne tardèrent pas à reconnaître
que c'était principalement au développement des facultés
intellectuelles, c'est-à-dire au progrès des sciences, des
lettres et des arts, qu'ils en étaient redevables ; que par
tout où ce développement s'arrêtait, la civilisation rétro-
gradait et que la prospérité des nations disparaissait bientôt,
lorsqu'elle n’était appuyée que sur les formes matérielles.
Dès lors, on dût chercher les moyens de conserver
un élément aussi important de la félicité publique, et
l'expérience ne tarda pas à trouver, que l’un des plus
puissans de ces moyens était de multiplier les commu:
nications entre les hommes qui cultivaient les sciences
et les lettres, et de faire de Jeur réunion un foyer
Tom, IV" 1° Livs 1°
4 | MÉMoIRes.
destiné à recueillir et à répandre des connaissances qui
auraient pu rester ignorées pendant long-temps et ne
produire aucun bien général, si les hommes qui les
possédaient étaient restés isolés. |
Aussi vovons - nous que les gouvernemens les plus
éclairés sur les véritables intérêts des peuples qu’ils admi-
nistraient, ont toujours favorisé ces réunions sous
quelques titres qu'elles existassent, et qu'ils en ont
provoqaé la création, lorsqu” il gen existait pas. :
C'est ainsi que dans notte patrie, Charlemagne, tant
supérieur à son siècle et le devançant de si loin, établit.
dans son propre palais une Académie dont il se glorifiait
d'être membre. | |
Aiasi, le brillant rival de Charles-Quint , se consolant
des malheurs de Pavie au milieu des savans et des artistes
qu’il avait appelés en France, contribua si puissamment
à la renaissance des lettres, et mérita d'en être sur-
nommé le père; ainsi, enfin ce Roi, à qui la postérité
a conservé le nom de Grand, qui le fut réellement
dans ses succès et dans ses revers, et qui imprima son
caractère à tous Jes actes de son règne, ainsi, dis-je,
Louis XIV agrandit la sphère des Académies qu'il
trouva établies, en créa de nouvelles, et donna l’exemple,
si bien suivi par ses descendans, de compter au nombre
de leurs plus beaux titres, celui de protecteur des
sciences, des lettres et des arts.
- C'est à cette grande et généreuse protection que
l’ancienne Académie d’Arras devait son existence; eh!
vous savez, Messieurs, combien elle ambitionnait de la
justifier, combien elle désirait remplir l’utile destination
qu'elle s'était donnée! |
_Renversée, comme la plupart de nos anciennes ins-
4,
l
MÉMOIRES. | ÿ
titutions, par les violentes commotions qui nous ont
si cruellement agités pendant plus d’un quart de siècle,
cette Académie s’est relevée à l'aspect du fils de Louis
XIV, du Souverain que la providence nous a rendu,
lorsqu'elle a voulu fermer pour nous l’abyme des révo-
lutions; non, jamais une plus belle, une plus utile
Carrière ne s'était ouverte devant elle.
‘. La France, rendue au seul gonvernement qui puisse
la rendre heureuse, forte de sa position, de la richesse
de sou territoire, du nombre et du caractère de ses
habitans, placée, par ses progrès dans toutes les bran-
ches des connaissances humaines et par l’universalité de
sa langue, à la tête de la civilisation européenne, la
; France n’avait pour réparer ses désastres qu’à développer
les élémens de prospérité qui existaient en elle-même, et
les Français, portant, dans les sciences, dans les lettres
et surtout dans les arts insdustriels, le besoin de gloire
qui leur est naturel et l’activité qui fait la base de
leur caractère, ouvrirent cette nouvelle carrière qu’ils
parcourent depuis la restauration avec tant de rapidité.
C’est dans cette grande et belle carrière que vous êtes
entrés, Messieurs, lorsque vous avez rétabli l’ancienne
. Académie d'Arras; vous avez entrepris de contribuer en
général au perfectionnement des connaissances et vous
vous. êtes particulièrement imposé lutile devoir de pro-
pager ces connaissances dans le département du Pas-de-
Calais, de les approprier aux usages et aux, besoins de
ses habitans, d’en développer les avantages, d’en faci-
liter la pratique, enfin de n’épargner aucuns soins pour
que Le département ne reste pas en arrière dans le vaste
et rapide mouvement qui surtout, sous Île rapport du
perfectionnement des seiencçes et des arts, entraine les
nations de l’Europe.
—
| |
6 MÉMOIRES.
Eh! qu’on ne croie pas, Messieurs, qu’il y ait dans
Je département du Pas-de-Calais, une seule branche
des connaissances humaines qui ne présente une vaste
carrière d’études et de grandes espérances de succès.
Combien les hommes qui savent parler le noble et
sublime langage de la poésie, ne trouveront-ils pas de
sujets pour leurs chants dans l’histoire d’une province
qui fut tant de fois le théâtre des évènemens les plus
importans, soit que, déplorant les funestes efforts des
discordes civiles, ils disent tout ce que notre province
eût à souffrir pendant les longues et cruelles. guerres
que les descendans d’Éléonore d’Acquitaine firent à
ceux de Louis VII; soit que, détournant les yeux des
malheurs de Ja patrie, ils célèbrent, avec le noble
enthousiasme de la gloire nationale, et les succès da
grand homme qui élevant si haut la puissance de Louis
XIII, nous rendit le nom de français; et ceux du
grand Roi qui nous le conserva; soit enfin que,
_répétant des accens d'allegresse qui retentissent encore,
ils retracent les sentimens que nos compatriotes firent
éclater lorsqu'ils apprirent que la providence, comblant
leurs desirs, avait permis que le Roï, qu’elle rendait
aux vœux de Îa France, descendit sur îles côtes du
département. * du
Combien eeyx de nos’ concitoyens, qui se livrent à
l'étude de l’histoire de notre province, n’y trouveraient-
ils pas de sujets dignes de leurs méditations, si, aban-
donnant la route trop suivie par leurs devanciers, et
ne croyant pas avoir écrit toute l’histoire d’un pays,
pour avoir raconté des faits jsolés, des batailles ét des
sièges, its cherchaient qu’elles étaient les lois et les
institutions de ce pays, quelle ‘influence efles ont dû
V ee
= en ee -
MÉMOIRES:- 7:
exercer sur les. évènemens, sur les mœurs ef. sur les
usages, et, qu elle a pu être la réaction de ces choses
syr les institutions mêmes, |
Si vos travaux et votre influence peuvent être ‘utiles |
au département, sous le rapport de la littérature ; ; is
‘peuvent l'être. bien davantage, Messieurs, , sous celui.
des sciences et des arts
Dans la littérature, et surtout depuis la “&écouverte
de l'imprimerie, les résultats des progrès sont en quelque
sorte communs à tous les peuples civilisés; ils le sont
du moins, quant à la littérature française, à toutes
les provinces du royaume, et s'il en était une qui
ne contribuât pas à ces progrès » il serait impossible |
_ qu’elle n’en connüût pas du moins l'existence ; elle pour-
rait donc en suivre le. mouvements. le suivre lentement
à la vérité; mais, dans l'état actuel de la France, elle.
ne pourrait pas rester absolument SE ”
pourrait encore moins rétrograder.
. IL en est tout autrement, Messieurs, dans Jes sciences |
et surtout dans les arts; là, il ne suffit pas d’être
informé de ce qu’on fait ‘ailleurs ; il faut encore le
pratiquer chez so, et souvent il le faut non pas seule-
meut pour accroître sa prospérité » mais presque toujours,
_il le faut sous peine de perdre celle qu ’on a précédem-
ment acquise ; car l’expérience et le raisonnement dé-
montrent que, toutes les fois que dans une branche
d'induatrie, on découvre un procédé qui donne à celui.
qui l’emploie un avantage quelconque sur. ses concur-
rens, cette, cause. de succès, quelque petite qu'on la
suppode d'ailleurs. doit , en agissant toujours, produire
L'effet inévitable de détruire toute concurrence.
-.Ajesi, nas aucêtres ônt. vu disparaître el ces manu-
8 /___ MÉMmoTrREs.
factures si renommées de tissus de laine, objets da luxe
des maîtres du monde, ét celles de ces tapisseries qui
encore, dans le 14.° siècle, ornaient les pains des roie
et payaièniE la rançon des princes.
Ainsi, nous avons enlevé aux Belges ce commerce
d'huiles ; que nous pourrions à notre tour voir diminuer
beaucoup, si, en nous efforçant constamment de les
obtenir meilleures, plus abondantes et à moindre prix
que celles que l’on obtient ailleurs, nous ne parvenions à
conserver l'avantage que’ nous avons eu jusqu’à présent.
.Aïnsi dans l'agriculture , dais ce premier des arts,
celui qui pour ja France et pour notre département
est le plus important il est indispensable de porter à
la connaissance des cultivateurs les résultats des décou-
vertes et des progrès faits dans d’autres lieux, et de
Jeur démontrer combien il peut souvent leur être
profitable d'abandonner les anciennes routines.
Ainsi enfin, il importe dans les arts industriels de
connaître et d'employer ces puissantes et ingénieuses
machines, avec lesquelles on abrège et Fon multiplie
si prodigieusement le travail.
"Je n’examinerai pas, Messieurs, s'il a été bien de
donner à ‘cette partie des arts industriels la vive im-
pulsion qui les entraîne; s’il est bien vrai que cette
impulsion ait été donnée , et si elle n’est pas le résultat
nécessaire des progrès des sciences physiques et surtout
de leur application aux arts; il suffit que ce mouvement
existe, qu'il ne soit probablement plus au pouvoir d’au-
cune puissance de l'arrêter, encore moins de Île faire
rétrograder , il suffit que sous peine de voir cette industrie
anéantie, il faille suivre ce mouvement pour que ce
soit. un devoir pour vous, Messieurs, d’en étudier atten-
Rs n mme = D +
. MÉMOIRES 9
tivement le développement et les conséquences; de faire
connaître à nos concitoyens les avantages que cés consé-
.quences présentent, et de les garantir des inconvéniens
qui peuvent en résulter.
En même temps, Messieurs, que nous portons notre
attention sur les modifications perpétuelles qui survien-
nent dans les sciences et dans les arts, et que nous
excitons souvent nos concitoyens à les adopter pour
ne pas en souffrir, nous bannissons de nos travaux
toute discussion qui supposerait seulement la possibilité
d’une variation dans lés choses qui se rattachent aux
principes de la religion, de la morale et du gouverne-
ment. /
Nous regardons les dogmes de la religion , comme hors
de toute discussion par leur céleste origine, et nous
sommes convaincus que si dans l'ordre physique tout
est variable et incertain, tout au contraire , dans l’ordre
religieux et moral, doit être immuable comme l'Étre
éternel qui en est la source et la fin. |
: Nous nous imposons également la loi de nous abstenir
de toute discussion sur les principes politiques de l’or-
ganisation des états, car nous croyons que ce n’est
jamais impunément que.les peuples agitent ces dange-
reuses questions; nous regardons le dogme politique de
la légitimité et toutes les conséquences de ce principe,
comme notre meilleure garantie contre le fléau des
révolutions, et satisfaits du bonheur dont nous jouissons
sous le sceptre paternel des fils de S'. Louis, nous
rendons graces à la providence qui nous a donné à
la fois le devoir de leur obéir et le besoin de les aimer.
—)029ttcxe——
10 MÉMOIRES.
. RAPPORT
SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ
EEE FAIT
: : À LA SÉANCE. PUBLIQUE
LÀ
du 27 Août «821 ; |
Par M. T. ConnirLzz, Secrétaire perpétuel.
CE L jm EN ui = 5
…. … MESSIEURS,
e)
J r dois à votre indulgence l'honneur d’être appelé,
aujourd’hui, à rendre compte des travaux de ha Société
royale d'Arras, pendant Pannée qui vient de s’écouler.:
En me nommant Secrétaire perpétuel, vous aveA accordé
à la confiance seule ce que l’on ne donne ordinairement
qu’à la confiance et au mérite. Vous avez moins’
considéré ce que je suis, que ce que vous désires de‘
me voir devenir par fa communication de vos lumières
et de vos principes; cette idée me rassure et m’anime;
elle m’a fait accepter, parce qu’elle me dénne l'espoir:
qu'avec du zèle, de l’étude et l'amour du bien public,
je pourräi parvenir un jour à justifier voire choix.
Ma position est plas difficile, en ce que je succède”
X un collègue dont vous avez eu chaque jour l’éecesion
d'apprécier les talens et la vaste érudition; en s’éloignant
de vous, il a laissé un vide qui se fera sentir long-temps;
MÉMOIRES. 1
éette perte devient même D par le choix que
vous avez fait.
La Société voyait, dans dti qu’elle rstetie, un
= membre qui joignait à un mérite rare, un goût passionné
pour l'étude, un amour ardent pour les sciences, les
lettres, tous les arts, enfin une activité et un ‘zèle
infatigables: ses vœux et ses soins ont été multipliés
pour la Soeiété , il a puissamment contribué à sa forma
tion, et ce n'est pas exagérer de dire qu’elle lui doit
de la reconnaissance. _ ;
Je m'abstiens de tout éloge, eelui que je pourrais
faire de notre honorable collègue , sous tousces rapports)
serait au-dessous de ce que vous en pensez; et d’ailleurs;
il ne satisferait ni mon esprit, ni mon cœur,
puisque
les bornes de ce rapport ,- exclusivement re à
d'autres objets, ne me permettraient pas d’en parler
aveé toute l’étendue convenable.
_ Vous êtes institués pour encourager les sciences, les
lettres. et les arts: je dois vous ‘rappeler ce que vous
avez fait cette année dans chacun de ces genres, pour
tendre et arriver au but honérable de votre institution.
Je fixerai principalement. votre attention sur les sciences
qui tendent d'une manière plus. directe à conduire les
hommes à la vertu et aa bonheur, car ce sont celles
qui attirent plus particulièrement votre sollicitude, et
que vous . vous plaisez surtout à encourager.
| Eu SECTION. == SCIENCES,
PHYSIQUE.
Depuis le compte qui vous a été renda dans votre
dernière séance publique, de l’opinion de. M. Vène,
tiembre honoraire , les nombreux travaux des physiciens ”
13 MÉMOIRES.
ent eonfirmé sa doctrine. Les expériences faites et
publiées en septembre 1820, par le savant Orsted,
professeur de physique à l’'umiversité de Copenhague, ont
donné l'éveil à des physiciens de divers pays qui se
sont empressés de répéter les expériences d'Orsted, en
variant les appareils voltaiques et se servant aussi des
machines éleetriques ordinaires; il en est résulté r.° que
Pélectrique et le magnétique peuvent être re
tomme identiques dans leur manière d’agir. 2.° Que le
fluide magnétique et le calorique semblent Re à la
gomposition -du fluide électrique. 3° Que l'électricité
ordinaire et le galvanisme ( appareil voltaique ) peuvent
également aimanter des barreaux et des aïguilles d’acier,
quoique ceux-ci soient placés à une distance considé-
rable. 4° Que M. Ampère se croit autorisé à faire
provenir de la zone équatoriale, où Ja chaleur et la
* Jumière agissent avec le plus d'intensité, action: directrice
.de la terre sur l'aiguille aimantée, et qu'il est parvenu
( à Paidé de la seule combinaison des conducteurs
électriques ) à produire un appareil dans leqael il n'entre
que des fils de laiton, et qui est susceptible, comme
Ja boussole ordinaire, d'indiquer la direction du méridien
magnétique. 5.° Que M.° Arago, membre du bureau des
longitudes et de'l’académie des sciences, a reconnu que
la pile de Volta et la bouteille de Leyde, peuvent
désormais servir à réaimahter à saturisation les aiguilles
des boussoles marines, lorsqu'elles se trouveront avoir
perdu ünhe partie de leur vertu magnétique.
Nous pensons que des expériences ultérieures feront
découvrir d’autres rapports entre les forces -électriques,
magnétiques , caloriques et {ucifères qui ne sont, si l’on
peut se permettre de parler ainsi, que des modifications
d'un même principe élémentaire, |
MÉMOIRES. 3
CHIMIE. L |
Vous avez reçu de M.° Tordeux, membre correspon-
dant , un Résumé d’analyses chimiques de quelques eaux
de sources.
Il a analysé l’eau d'un puits de la ville de Cambrai ;
il a reconnu dans cette eau la présence des nitrates
de soude, de chaux et de potasse, ce qui est un
phénomène assez remarquable, ce genre de sel ayant
paru Jan présent très-rare dans les eaux; dl n’en
existait qu'un seul exemple dans une liste de près de
300 eaux minérales, contenues dans le-dictionnaire des
sciences médicales. |
MÉTÉOROLOGIE.
Plusieurs de nos collègues se sont occupés du soin
de recueillir les observations faites sur les variations
-journalières de latmosphère dans la ville d’Arras, ile
espèrent pouvoir vous en présenter un tableau qui, par
sa simplicité et sa clarté, sera propre à faire saisir d’un
coup d’œil les changemens de la température; ils osent
croire qu’il leur sera possible de vous en faire connaître
la moyenne pendant trente années; il serait à désirer
que des tableaux semblables à celui auquel ils travaillertt
fussent exécutés dans .les principales villes de l’Europe,
ils fourniraient par leur comparaison des rapprochemens
utiles à la physique et à la météorologie; dans celui
que nous vous ‘présentérons, vous remarquerez entre
autres choses que les phases de la lune qui y seront
marquées, ne s'accordent point avec les grands mouve-
mens de température si actifs, pour amener ceux de
Vatmosphère. Ces observations contredisent l'opinion
vulgaire d’après laquelle les phases lunaires produiraïent
les changemens de temps, et même influeraient sur les
maladies et la végétation.
4 MÉMOIRES,
_ Mépscine 8T CHIAURGIE.
-_ Vous devez à M. Duchateau, membre résident, deux
ébservations, la 1." sur une Métastase purulente dané
l'œil; la 2° sur un Fœtus monstrueux. Cette dernière
présente des caractères curieux et tout-à-fait extraordi-
aires. M." Duachateau doit y donner des développement
dans un Mémoire qu'il se propose de présenter à la
Bociété, et dont le but est d'examiner les maladies des
enfans avant leur naissance; les recherches et les obser-
vations que notre collègue à faites jusqu'à ce jdur lui
font entrevoir, sur cette partie de la science, des résultats
qu'il croit être d’une certaine importance,
M. Barbier, inembfe correspondant, est auteur d'un
ouvrage en trois volumes ayant pour titre: Traité élé-
_ ‘mentaire de matière médicdie. Cet ouvrage, généralement
connu, est du petit nombre de ces compositions qui
Peuvent se passer d’éloges et qui ne doivent pas craindre
la critique.
Il vous à été adressé par M.° Regnault, membre
‘correspondant, trois Mémoires ; lun, sur VÉtat de la
Médevine en France, jusqu'à nos jours ; l'aatre, sur /es
ZAltérations et l'influence du Foie dans plusieurs maladies 3
le troisième , sur l’Hydrocéphale.
1L."° SECTION. — LETTRES.
J
M." Desmarquois, membre correspondant, vous à
envoyé divers morceaux de poésie, |
M.' Sauvage, membre résident, a composé deux Fables
qui, viennent d'être insérées dans vos mémoires; l’une,
intitulée: les deux Lézards ; l'autre, le Pouvoir de la
dbersé, ou Milon et Fis-fis.
. M.'le Baron d’Ordre; membre- orrepondsat, a adressé
“ T3 Le
MÉMOIRES. “19
à la Société son Poëme sur Xe Exilés de Pdroë , ainsi
que ses poésies diverses.
M." Auguste Cot, membre ent. vous a lu une
Élégie, composée par M." Cot aîné; elle. est nous
Éginard et Emma.
M." Hécart de Valenciennés, membre a
écrit ‘une Notice historique sur la vie et les ouvrages
de Jean Molinet. Cette notice a pour objet de, faire
connaître un compatriote qui s’est acquis une réputation
comme poëte et comme historien.
J. Molinet, né à Desvres, dép." du Pas-de-Calais, vers
fe milieu du 15.° siècle, fut aumônier et bibliothécaire
de Marguerite ss et bistoriographe de Maximi-
Yen 1:
Des écrivains disent qu ïl était de son terqps un
“excellent poëte, an bon historien et un orateur estimé,
‘D'autres le citent comme l’an des hommes les plys
‘illustres de Valenciennes, et le qualifient de grand poële
‘et de chanoine vertueux, et Marot lui-même en parle
‘dans les termes les plus honorables.
M. Hécart, à qui nous devons ces renseignefsens ;
donne aussi des détails très-circonstanciés sur les diffé-
_rens ouvrages de cet auteur. J. Molinet à traduit le
_ célèbre roman de la Rose; en lui donnant un but moral,
c'était rendre un grand service aux mœurs ai étaient
de te temps-là fort dissolues.
© fl à aussi fait imprimer la. Chaine de 6on des
‘en 3 vol: in-folio, rapportant tous les évènemens
: depuis l'an 1454 jusqu’en 1516. La notice de M." Hécart
“est terminée par deux pièces de vers de J. Molinet qui
" sont restées inédites.
| _M° | Charles Ruissart , membre. résident, à fit how:
LES
w
LS
16 ._ MEÉMoIREs.
mage à la Société dé plus de 4o volumes manuscrits
sur l’histoire de l’Artois. Rien ne pouvait vous intéresser
‘davantage que cés immenses matériaux, dans lesquels
vous pourrez puiser des documens précieux pour la
statistique de ce département , et tous les renseigne-
mens nécessaires pour l’histoire du pays. Vous avez su,
Messieurs, apprécier l'hommage qui vous en a été fait
par votre honorable collègue ,; et vous vous êtes déjà
occupés des moyens d'utiliser les matériaux qui vous
sont confiés, et que vous n'avez ds que dans
‘cette résolution. |
Il vous a été envoyé par M: Willaume, membre
“correspondant, l’Éloge qu'il a fait de M.".Coste, décédé
membre du conseil de santé, et médecin en chef des
invalides. Cet écrit, consacré à la louange d’un homme
de bien, d’un ami des lettres, d’un médecin cher À
l'humanité, a un mérite réel; pour le prouver, il me
suffira de vous rappeler que de tous les ouvrages qui
‘ont été faits sur le même sujet et prononcés à Lille,
celui de M." Willaume a opens: Ja Sd pour
‘limgression.
-IIL®° SECTION. _ ARTS.
AGRICULTURE.
De tous les arts, celui qui mérite d’être le plus protégé
et encouragé, est l’agriculture; c’est le premier, le plus
utile, le plus étendu et le plus essentiel de tous.
Un ‘écrivait’ célèbre a dit, et l’on ne saurait trop
‘répéter avec lui: » éout dépend et résulte de la culture
"#» des terres; toute jouissance qui vient d’ailleurs que
» de la terre est artificielle et précaire, soit dans 1e
» physique, soit dans le moral. L'industrie et le com-
-» merce qui ne s’exercent pas en premier lieu sur
l’agriculture
à
MÉMOIRES. 17
» l'agriculture d’un pays, sont au pouvoir des nations
» étrangères...*Mais un état: bien défriché, bien cultivé,
» produit les hommes par les fruits de la terre et les
» fruits par Les hommes. » tr) LL
Ces vérités, dont vous êies pénétiës, ‘ont redoubté
votre ‘ sollicitude pour un ‘art qu'on ne saurait trop
honorer; vous avez accuéilli tout ce qui pouvait amé-
biorer l'agriculture dans ce département , et j'éprouve
un bien vif plaisir à à retracer ici, ce que vous avez fait
sous ce “rapport. Le | Do;
ULsis rats
. Vous avez reçu uh ouvrage imprimé , ayant pouf
litre: système d agriculture süivi par M.°° Coke.
Après l'avoir examiné avec toute la réflexion” qu’ exige
l'importance de Ja matière vois” avez reiiarqué qué
fauteur entrait ‘dans ‘de tongs développemens sur Ja
grande culture et sur l'influence de la grande propriété.
Sans. discater cette ‘question d'économie politique, vous
vous êtes coutentés d'observer que ce système d'aggré-
gations des fermes a trouvé beaucoup d'opposition en
Angleterre; ‘et a été viveiient combattu par les plus
célèbres “économistes qui ‘te regardent ; avec ‘raison ,
‘comrhe la’ ‘plaie de. Pagricultüre, et comme une des
causes ,de l'état de italie : da peuple Anglais. Ces
considéralions vous ont “adteritiés À n'exträre et à ne
publier de cet ouvrage. poûf Âes récoïnmiander aux
‘eultivateurs ,” que le$ méthodes dônt l'application vous
2 paru la plus facile, et qui ‘réunissent T'éconômie aux
° °Kt),u. Ornium réruñ. 65 ;quibus: aliquid enpuiritur nihil est
egriculiur& melius , nihil uberius , nikil. dulcius, A ‘homing
bero dgrius. & °
7 red U
, Let éloge de; Cicéron n est _Pas ‘Augore ‘& la force de, celui
| que Xénophon fait de l'égricu ture. . |
Tom, IVe: we Liy Pal He Cg 1. ED + ne
_
18 LE MÉM OIRES.
autres avantages qu ’on en pourra retirer pour le’ per=
fectionnement dans ce département.
L'an de vos membres résidens, M. Harbaville, a
appelé votre attention sur la culture du blé de Pologne.
Des faits et des observations recueillies, ‘il parait évi-
demment résulter que ce grain, qui a été mis en parallèle
avec les espèces de blé qui passent pour les plus utiles,
est le seul qui conserve ses caractères spécifiques,
quoique confondu avec d'autres qui éprouvent une
dégénération plus.ou moins prompte; que la paille qui
en provient, mélée avec le trèfle, forme un très-bon
fourrage; que ce blé donne plus. de farine et moins . de
son que les blés de saison, et qu'il présente un moyen
assuré de remédier aux effets des fléaux, qui “menacent
chaque année de détruire l'espérance de nos moissons.
Le blé de Pologne, semé | au printemps ; console le
. eultivateur par la certitude d'une récolte qui doit réparer
les pertes occasionnées, soit par les ravages des vers. el
des souris de terre, soit, par les bivers rigoureux,
M." Devred, cultivateur, à _Flines, département du
Nord, vous a adressé un sappoik, aur un essai qu il a
à de planter le blé au lieu de le, semer,
shooter.
“Non content de cetle première méthode, 1. a voulu
en découvrir eten inventer une seconde _qui surpasse |
la première, et qu'il nl la, pesfeation de. l’ sgriculinre,
c'est de planter le Blé CRAN Te rieur,
Ce n'est pas léconsie de la semence qui: fait en-
visager à M." Devred la plantation dés blès’ comme la
‘plus ” perfection qu'on puisse SÉsss dæ fous es
t
modes d'ensemencemens, mais. ce sont surtout le produit
et la qualité qui ajoutent encore à l'abondance et à
la bonté des récoltes.
. Il se cullive en Irlande, en Ecosse ,: en Diner j
en Hollande et en Allemagne un graminés, qu’on
indique comme une ressource prodigieuse’ pour la nour-
riture des bestiaux; c’est le Goxin, agrostis stolonifèra,
Le forin réussit dans tous les sols les moins fertiles,
pourvu que la tevre ait été précédemment cultivée ;
mais le suçeès sera plus. certain, en même temps qu'il
demandera moins de travail et de dépense, lorsqu'on le
_ planters dans, une bonne terre, plutôt légère qu'argileuse.
: Un champ de fiorin, en plein sapport, produit une.
quentité de fourrages bien plus considérable que les
meilleures prairies naturelles; les chevaux et tous les.
ruminans préfèrent cet aliment à tout autre du même.
gerre.-seit en verd., soit desséché; et plusieurs expé-
riences faites eu. Irlande et en: Angleterre, ont prouvé
que les vaches nourries exclusivement avec ce graminée,
donnaient du lait de meilleure qualité et en plus grande
abondance, Les recherches que vous avez faites sur la
exkture de nette plantr, vous ont convaincu qu'elle |
sgrait. de la plus grande utilité pour ce pays; il ne
tsndre pas .à.. vous. qu'elle ne 6'y introduise; vous y.
encouragerez ous las cultivateurs Vous leur apprendrez
Ja manière dent le fiorin doit être cultiyé, les térres
qui. y sont-propçres, enbn vous leur donnerez tous les
renseighF MERS: QUE. VOUS Avez pu vous procurer et dont.
vous êtes redevables.. en. Barbe à notre die M. le
Baron de Serel.
: $op grains de blé & Tangarock vous ut été envoyés.
par S. Es, le Miniatye, de l'intégeur, qui en à princie,
2*
«
\
“
20 | MÉMorrEs.
palement recommandé" Ja: culture aux agriculteurs qui
font partie de la Société royale d'Arras. Ceblé à reçu:
sa destination, et les plus grands soins ont été apportés”
a l'ensemencer et à le cultiver; je regrette‘ de ne pou-
voir maintenant vous apprendre les résultèts positifs que:
sa cultare aura produit sur notre sol; ‘toutefois, je
puis déjà vous ‘les faire pressentir ,” en vous’ annonçant :
que les apparènces surpassent tout te qu’ on ‘avait “osé
en “espérer , et: promettent une aboñdance incroyable. 1
M. Thouin, Professeur de cuitüré : au “Muséum “du :
jardin du Roi; vous a fait remettre une ‘caîissé contenant :
les graines d’une infinité d'espèces de végétaux; ‘dônt la
nomenclature serait trop longue: ces graines. ont été
distribuées à plusieurs de nos collègues ; kes seinis ‘en ont.
été faits de la manière indiquée, et ou Bous ne à.
croire qu'ils réussiront. : A É
* On vous a fait aussi remettre un ti d'une poeère
dont da verta est dit-on d'empêcher la carle:des grains, !
de les présérver des insectes et même d'eh mineur
F. v “
L
LA Le CE
à : ;
? ‘ a CE Vos Dion CL ss st
le produit,
‘Rien ne pourrait ‘vons paraître” plus “utile qu’une.
découverte qui eut Pefficécité qui vous ‘ét#it annoncée:
La carie du’ blé est ‘un véritable’ fléau , et! ce’ seraît-
avoir des -droits à ‘la recorinäissanke :publiqué.'ique de
trouver le remède à° cétte ‘terrible iialaié ‘qui infette’
trop souvent la plus précieuse de: nos récôltes. *
Vous avez voulu vous assurer si la poutre qui vous”
a été envoyée avait la verta qu'on lui” doërie; et vous’
l'avez distribuée à ‘divers cultivatetrs: Bientôt vous
pourrez indiquer ce qu’on doit espérer dé cette” pére’
ou du moins qu'elle en ‘aura été l'efficacité ‘dans: les
différéntes éxpériencés que: vous avez-prôvéquées. ‘° ;
es |
AM ÉMOIRES. EL
e Vous avezcreçn, de S: Exec. le Miaistre de Pintérieur
un ouvrage intitulé: Traités divers d'économie rurale
alimentaire ef domigstique ;, par. Cadet Devraulx.…. Me
_<par ordre.du gouvernement: ., : + |
” L'importaice- que : cet Re er avoir, vous a
! fait concevoir. l’idée’ d'en extraire tout ce, qu’il. peut
. présenter de plus ’utile pour les habitans de ce pays,
vous. vous-en êtes déjà. occupés, et vous.auriez pu
aujourd’hui faire connaître vos observations, si les tra-
‘vaux qui. sont relatifs au concours n'avaient absorbé
tous ves ‘instans. | HU
, Un négociant de cette ville, M.° Legavrian » s’est
appliqué à trouver la solution d’une question d'économie
agricole que:vaus aviez mise au concours en 1819.’
“est parvenu à inventer .une espèce de couverture, au
| moins aussi, économique que celle en chaume, et qu'il |
- appelle ighifuge , parce qu elle ne craint pas la commu-
nicalion. du feu. D.
.. Cette: couverture ayant été, soumise à votre none
: vous :avez commencé vos expériencés par le feu. La
paille dont vous l'aviez revêtue s’est entièrement con-
-sumée et réduite en cendres, sans qu’il en soit résulté
.la plus légère altération dans l’enduit sont elle était
recouverte.
Voulant reconnaître si les Hide qui Hiérsicnnent
par bourrasques dans les orages ne la détérioreraient pas,
vous avez soumis la même couverture à une violente
-injection d’eau, et cette seconde épreuve a été aussi
satisfaisante que la première.
Une dernière épreuve restait encore à faire,” c'était
.Ja plus importante, celle de la saison rigoureuse. Il .
fallait s'assurer si ce genre de couverture pouvait résister
Su
g2 MÉMOIRES.
“à la gelée, ‘à la beige ‘à la gréle et Don dus contifiues
‘de l'hiver.
Des échantillons en ont été déposés chez l'un de nes
collègues, où ils sont restés constamiment «exposés sops
“une gouttière, depuis le 15 novembre, jusqu'au mois
‘de mai; depuis ils ont été remis sous vos yeux, et
vous avez reconnu qu'ils n'avaient point’ été . altérés
‘par l'intempérie d’un biver aussi rigoureux que celui
d'où nous sortions.. : *
Alérs , vous avez examiné avec le plus ni soin cette
découverte, vous êtes entrés dans tous: les “détails; d'éco-
‘momie et la facile exécution des procédés de M." Legavéian,
vous ont surtout frappés, et vous avez cru devoir li
"idééerner #ne médaille d’or à titre d'encouragement, .
M. Lefebvre, caltivateur à Bucquoy, à ‘présenté à
‘Ha Société un Mémoire fnanvscrit, contenant des projets
‘le construction d’ane mécanique à usage de battre toute
espèce de grain, et d’un four et foyer économique,
La imétauique ‘battrait, dit M." Lefebvre, en un ‘ins-
tant ( moins d’ane winate ) ds us de 7n conps
de fléau.
Les ‘foyers et le foar ia opendralent de
faire ‘usage du charbon de hois qui est fort cher, ‘très-
désagréable ‘et souveut pernicieux par l'effet de l'acide
‘rbonique, et surtout du gaz hydrogène carbonné qu'il
fournit pendant la combustion, et qu sont FAUFReNIeAL
délétères.
M." Crespel, thetnbre résident, èn vous remettant une
asser grande quantité de feuilles d’ane plante, eonnée
sous le nom de ighaphalinm fætidum, vous à fait
reterquer que ces ‘feuilles éfaient filarnenteuses et
soyeuses, et qu'il burait péat-être té püssiblé -disn
MÉMOIRES, | 25
extraire. unç espèce de filasse propre à faire du coton.
Vous vous êtes à ce sujet livrés à quelques expé-
riences : vous avez effectivement obtenu de la filasse, qui
a été soumise aux procédés employés pour filer le coton;
mais les différens essais qui en ont été faits, n'ont pas
produit de résultat satisfaisant, par la raison que la soie
a trop peu de longueur et de résistance; cependant vous
avez pensé qu’il serait peut-être possible d’utiliser le .
duvet cotonneux de cette plante, soit en l” employant : à
la filiation des. ‘huiles ou de tont autre liquide, soit
même en le faissant entrer dans le feutrage des chapeaux.
M. Louis Jacques, Président de Ja Société d’agri-
‘culture. de Calais, vous a fait hommage d’un discours
‘{dont il est l’auteur } sur, les avantages de la pêche.
© Nous vous. parlons volontiers de cette production d’un
citoyen estimable, qui voudrait prouver combien fa
| pêche, par son utilité inconstestable, mérite de figurér
dans la nomenclature des arts qui, chez tous les peuples,
sont considérés comme les principales sources de la richesse
des États. ,
M: Louis. Jacques, dans cet écrit, cherche à démon-
‘trer que ai plusieurs ports voisins trouvent dans la pêche
du bareng, un aliment à leurs spéculations et des
ressources précieuses pour la classe indigente, Calais,
comme ces ports, pourrait avec non moins de succès
exploiter la même mine, et augmenter d'autant la
prospérité commune.
Le projet. de l’auteur n’est pas uue atopie ou le rêve
don homme de bien, c’est un calcul qui paraît ètre
certain et fondé sur la raïson et l'expérience.
M." Legayrian vous a communiqué on appareil ioni-
salve de son invention , destiné à soustraire aux incendies
4 MÉMOIRES.
les personnes ou les “objets précieux qui y seraient
exposés, il y a joint une explication ; comme il ny
a encore, de la part de M. Legavrian , qu ’uve simple
communication, vous ne pourrez réndre poblies nj Sa
nouvelle invention, ni les observations qu elle A dû vous
faire naître. "4
_ Il vous.a été présenté, de la part de. M ù ‘ de Rbeims,
Pharmacien à S'. Omer, un Traité sur l’art de inoirer.
L'art de moirer, comme beauçoup d’ autres ;, a êté
découvert par l'effet du hasard. Un ferblantier qui ayait
déposé une bouteille d’acide œuriatique sur une feuille
de fer blanc, en épancha par maladresse : sur cette feuille
qu il prit de suite et*jetta dans un vase rempli d'eau,
afin de prévenir l'effet dissolvant. Lorsqu'il fa retira, il
‘8 ’apperçut qu’elle était couverte d’une multitude d’écailles
.ça et là, ressemblant à la nacre de perles, il fut telle.
ment émerveillé de cet effet, qu il ne put efoire que
acide eût la propriété de Le produire ; à l'instant même
il recommença par expérience ce qu’il avait fait d’abord
par maladresse, et obtint les mêmes résultafs : depuis
.cet art a acquis la perfection que nous lui connaissons.
L'ouvrage re M." de Rheiïms n’est pas un traité raisonné
de l’art de moirer, mais bien la pratique de cet’ art
‘qui est décrit avec le plus grand soin et dans les détails
les plus circonstanciés.
TOPOGRAPHILE. n |
Vous devez à M." Deschamps, membre correspondant,
‘un précis sur l'ile de Java.
Peu de pays offrent un spectacle aussi intéressant
pour la géographie physique, que cette île.
Elle est séparée en deux parties distinctes par une
-
MÉMOIRES. 25
vaête ‘ébaîne” de montagnes, dont la plopart sont
7 E
Cette ‘chaîne présente on ru qui: ‘parait. être
‘unique jusqu'à présent: il consiste dans uñe one de
volcans rapprochés les uns des autres. * :
. M Déschamps a visité lui-même la plus grande: arte |
‘de ces volcans, déterminé kar hantear et les posa
‘de leurs éruptions. #5 |
l assure qu'il n'existe at pas dans ke pays
‘ure ‘haute "montagne qui n'offre les traces d’un ‘ancien
‘cratère ; ; en’ ajontañt”le nombre de ces inontagnes à
“celui des volcans ‘qui brûlent encore, il prétend que
‘Pile de Java en renfermerait: plus: de ‘vingt.
| M: Deschamps parle de’ la montagne de Bapañ
Daïau, qü’il' a rencontré à l’ouéét du mont Tugaz. Ce
‘yolcan paraissait éteint depuis long-temps, lorsque, saris
‘aucune cause apparente , une partie de son sommet
‘s’étroula tout à ‘coup. Quinzè villages furent détruits’,
‘et la plupart des habitanñs' écrasés sous les débris de’la
moritagrie qui _comblèrent le: lit* d’une rivière, dont le
«débordement ‘vint ‘encore ajoutér-à la désolation da
‘pays. . Le’ cratère de ce volcan, dit M." Deschamps,
Srbsetite un tableau effroyable du cahos où tous les
élémens semblent confondus. |
L'auteur après s’être/livré à une affrsyarite description,
indique ‘la ‘division physique du pays, la culture du so,
les diverses ‘rivières et fontaines, la température, les
‘saisons ‘et les vénts régnans, les tremblemens de terre
qui sont très-fréquens les ‘productions ; parle ensuite
des habitans de l'ile, et finit par faire connaître les
causes de l’insalubrité du climat, à Batavia et aux-environs.
<
” 4
+ M" Beurard, membre correspondant, est auteur d’un
26 x AT noce ES
Alxégé -historiqne sur Ja vills d'Hambourg. -Cefte rille,
que l'étendue et l’universalité de son commerce onl:rendug
sélèbre parmi les négooians des quatre parties du monde,
offre, un dablean ‘intéressant par les. vicissitades qu'elle
a éprouvées pendant une série de plus de dix siècles,
. æest-ce tableau que M° Beumvd #est attaché à retracerc
Notre bonemble collègue, M Martin, vous a lu .le
3.° chapitre de sa Notice sur la topographie de PEgypte.
Le but, vraiment louable, de cet Æerit est.de, donner
an abrégé dun ouvrage iès-valumiueux et, trop pen
connu, à çause de son prix: excessifs. celte. police,
dépouillée de tontes explicetions hypothéliques est
une description suecincte, æt cependant assez: détaillée,
des. sestes vénérables de ce mapgmens ai nombreux,
si gigantesques, qui attestent à la fois Ja magnifieençe
#t la vaste insiruction des anciens habitans -de, l'Egypte
de cette terre célèbre par tant de souvenirs, où tous.
les sages de lantiquité avaient élé s’instruire dans. la
amonle, les costumes religieuses, ioutes les açiances , et
ans l'art de gouvemmer les hommes et de les rendre
heureux. Personne ne pouvait mieux, que notre collègue,
retracer les traveax de ‘cœtle. commission . d'Egypte;
composée -d’hpnames doués de grands talens et dant il
avait mérité l'honneur de faise partie.
… Les travaux dont je viens de vous offrir l'analyse, ne |
sont pas Jes seuls qui vous aient. ocçupés ; il en est
d'autres, non moins imporlans,, que vous n'ayez pas
æucore rendus puhlies, Vous avez donné cette année, à
vos séamees, une activité .qu'elles n'avaient pas epe jus-
qu’alers. Voulant encourager les sciences, les leiires et
Jes arts, et répondre au but de votré institution, vous
arez.senbi. combien à} était essentiel de vous faise andre
:MÉNOIRES 127
-eetnpte des éarits qui paraissent:dans ces différens genres.
Tous les ouvrages de science et d'utilité publiqne vous
ont donc été ‘analysés; des rapports .sur chacun des
articles qai:les. composent ont..été faits; et. vous avez
. consacré une partie de vos.séances à les discuter et. à les
apprécier. Je n'ai pas besoin de vous développer les ‘avan-
tages qui doivent résglter de cette manipre de travailler.
Par-là, vous pourrez répandre plus facilement parmi vos
concitoyens les ‘lumières .qui doivent, le: plus certaine-
ment influer sur leur bonheurs yous \poucrez les mettre
. auniveau, des epnnaïssences humaines, et, vous -parvien-
. rez peutiétre, sans doute même, à. keur inspirer le : goùEt
der: lettres, dont l'étude givilise, les. hommes, . on
leur caractère et épure leurs mœums... : :
C'est pey -que la tèrre dans, ces contrées Sd
d'immenses récoltes, vous apprendrez. comment on :pent
augmenter. .ces HORS par A nR commereiale et
agricole. Cut
Le commerce a “beaucoup is dans: ce | pays : . il 2
essentiellement besoin: d’être encouragé et. protégé à. il
réclame toys vos soins et vous les lui devez
L'agriculture sans doute est portée à un haut point,
. a-t-elle. épuisé taus les moyens de perfection? ne serait-
il pas vrai de dire que nos riches moissons sont dues
autant à la fertilité naturelle du sol, qu’à l’industrie.
Quoiqu'il en soit, les moyens d'ajouter à cette ferti-
lité existent à l'infini, et vous les développerez.
Je ne terminerai pas sans. vous parler de ce que vous
avez commencé et de ce qui vous reste-encore à faire
pour notre département. Jusqu'à présent l’ancienne pro-
vince d'Artois a été trop peu connue; des histoires, ou
infidèles ou mal écrites, ont donné à peine quelques
‘58 / MÉMOIRES,
-nôtions sur cette téri£''jadis célèbre sous plus d’ün titre:
Souffrirez-vous qué des! écrivains obseuté ayent tronquèé,
hutilé lhistoire ‘de votre pays, et n'’appreñdrez-vous
“pis à ses habitans son ancienne .glôire et-14 cause de
ses” malheurs. : Ne vengerezivoué pas enfin les Æérebates
"de Téspèce d’éubli où ‘on Jes a''laisééo de soin vous
‘appartient; il est digne de’ vons 4 ile déjà excité volie
‘añoür’ } prôpre et votre zlle.i; Ainsi, nous pouvons
“fâire espérer à nos voncitéyens que ‘bientôt vous Hear
‘révélerez quels’ étéient léurs ancêtres ,' quètle état. ieur
industrie tant‘ enviée par les maîtres du moride, par'ee
“qu'étaiént” leurs: pères, ils appreridront * _ “qéils peuvent
devenir ‘eux-mêmes, ét'ce he serdit pas ‘un ‘Nger ien-
_fait que de leur-donner cette ebhvictiort, “27 """{
“Ces ‘trévatux' qué vous continuerez avec persévérance,
“obtiendront ‘tes ‘ résultats 'qué' "vous ‘Hesitez.: Le ‘bien,
quand'‘on le 'vent fermement, est toujours suivi .des
plus heureux effets. Ici, vous n'êtes pas abandonnés à
“vos seuls desirs, à vos propres fortes; le gouvernement
qui eonnait et apprécie vos’ effbrts, les seconde ; et c'est
alors que le bien est toujours possible et' doit être
espéré: Il ge ‘réalisera donc, et cette téalité sera pour
” vous la plus’ douce récompense , parce qu elle est l’uni-
‘que ‘ohjet de votre Lo | |
MÉMOIRES | 29
anime hdrdrnride tar héts
l'A
TR A PPO RT._ E
SUB LES CONCOURS DE L'ANNÉE tar;
FAIT
! e. : :
VON {
x LA: BÉANCE PUBLIQUE pu 27. | AOÛT |
Par M: Bat, , Membre résident de la Sociéié royale
ï
Les
NO ES
d Arras. ‘
hr. r. ER ., £a — He. € n
; : Le,
ne t. net
F MeSsrE Un, no e La
he .: RE SET ROSE Né h cs
Cotéénsésinine aù” desir que vois avez “exprilie,'
noûs venons abjourd’ bui vous présenter l'analyse ‘succinète)
dé tous‘les ouvragés qui: vous ont été adressés pôbr el
concours de cette année. DR
“Les différentes opinions des commissions particulièies
que voüs avez nommées, pour ‘Péxamen de chacun de”
cés ‘oüvrages, ‘serviront de base à üotre rapport.
Les. mémoires qui vous ont été adressés , ‘et‘cèut
qu 1” vous. ‘était permis d'espérer sur l'économie rurale,
sont une “preuve toujours vivante de’ yos efforts pour”
tout ce qi se rattache à l'utitité publique. Fa
“Je vais suivre ‘dans ‘mon rapport, sur les diférehs”
ouvrages" dé ce concours, Toidre à que vous avez vous
Lu - & > PR à; à
mêmes établi par “ÿôs ‘précédens: . 0.
L'iiaou Or. } k RS DIET as is. ! D RS
Le SUJET. — AGRICULTURE. CR
PDT T IN Te
Un thiothé célèbre à ‘dit que Je premier des arts était
l'sgriculture; en effet; 1élle entretient :la vie, elle donne
Jectraudit de: oorps:,: source de santé, de bonheur, de.
30 : _ MÉAOFrRES.
vertu, heureuse occupation, ‘exércée en quelque sorte”
soùs l'œil de Is Divinifé, se milieu de”ses bienfaits ;
prière continuelle ef la plus agréable au créateur, puis-
met demapdent, elle aide à obterbr; état sagernent-
calculé de l’homme, dans lequel la fortune n'apporte
presque jamais de superflu : vicieux, les pertes compensant,
l'excédent des beœins; état enfis où ‘lé tavail ; toujours
renaissant et, nécessaire 1 trace dagcement le sentier
uniforme et varié de la vie par les simples moyens que
Ja nature indique, et dont la science native est au fond.
de nos. cœurs. |
Jaloux de prendre part aux améliorations mombreuses
_dont l’agriculture est encore susceptible dans le départe-
ment. du, Pas-de-Calais, vous. aviez. J'anuée . dernière
(dans votre séance publique du 28. août ) proposé un
prix. de. 300 francs à ? auteur qui traiterait le mieux la
question suivante :
Rechercher les moyens d de mppléer Les E, ngrais «4 usage
dans le département du. Pas-de- Calais , et quel. serait le
meilleur parti à tirer de la chayx 2 en Le employant à
cel objet?
| Nous avons : à regretter . n’ avoit reçu aucyn mémoire
sur ce. _sujet ; 3, cependant la chaux , employée comme .
engräis , serait d'ane grande utilité pour l'exploitation
des terreins , froids dé, ce département. Elle est em ployée
avec succès en Angleterre et. en Irlande, Combien il,
eut été à desirer d' avoir sur ‘cet engrais ‘des notions
se , et pe eut Éÿ mettre à exécution parmi
nous. 57
Cet SUJET. .— TT ANDUSTEIR, a
À La Bortété rayale d ban wotilant aontribyer au déve’
op prveeut. dé l'isduatrie, notamment on:ce qui concerne!
MEmôrres. oo &r
celle de ce: département, avait voté ( pour’ être décerné
dans la Séance publique de cette année ) un: 2° prix
de la valedr de 300: francs, aa méïfleur mémoire sur
cette question: Zndiquer Le Mode à suivre pour perfec-
tioriner da fabrication des Dentelles d'Arras. ‘ ‘!
Cette question ne nous x prodait qu’urr seut mémoire:
Si Pauteur de cet ouvrage avait donné: plus détendue
au développement de ses idées, qui paraissent génére- |
lement justes, it aurait pu prouver que les moyens par
lui indiqués étaient sinon lès meilleurs, mais au moin#
susceptibles d’être mis facilement à exécution, : --*
H aurait dà également s ‘attacher à combattre les obs-
tacles qu’ane aveugle rouline ne manque jamais d'opposeé
au développement et à la perfection de l'industrie: Tel
qu il existe, ce mémoire ne peut être considéré qu
comme le texte d'un excellent ouvrage sur matière ÿ
ü contient néanmoins quelques détaits intéressans.
LIL® SUJET, — ÉLOGE HISTORIQUE,
: Vous avez ‘voulu payer votre -détte à la ‘mémoire
d'un savant naturaliste à qui la ville d'Arras donna-lé
jour, en proposant une médaïlte de la valeur de. 200
francs, à l’auteur du meïlleur éloge historique ‘de Palisot
de Beauvois, membre dela section de botanique: dé
l'Acadéthie royale des sciences, né à Arras le 27 juflet
1952, et mort à Paris te or janvier 1820. El eut té
difficile de faire un meilleur choix, et vous avez pe
vous en applandir em recevant qur ce sujet un ouvrage
marqué au coin du plus beau talent.
_ Comme là Condamine , . Pälisot de Bbauvois a fini
comme al avait vécu, en se sacrifiant aux -8ciences uatir-
selles et cù satisfaisant sû curiosité an mitieu de tou.
Ed
32 | MÉMOIRES.
les hasards et de tous les Foi Diveres exüia - el,
desertas querere terras.
. Pour apprécier avec justice les immenses Lasate de
Palisot de Beauvois ; il faudrait en quelque surte vous
lire en entier son éloge ; si une critique sévère peut.
trouver quelques longueurs et de l’uniformité.. dans le
ton de cet ouvrage, en l’examinant dans son ensemble,
ou y trouve un style régulier qui n'est aucunement
embarrassé par des expressions particulières à l'étude des
sciences naturelles. Nulle part, on ne verra la prétention
de mettre de l'esprit, dans ce que dit l’auteur, ou d'en
singer au moins la physionomie; il a banni l'afféterie
recherchée des termes et le ridicule, si souvent étrange,
ges acceptions dans lesquelles en les emploie. ‘pour
paraître neuf. Son ouvrage est une narration: élégante
et. Beurje, où l’histoire naturelle tient la première placé,
Quand M." de Fontanes prononça l'éloge de Wasingthon,
il cru ne pas devoir recourir au prestige de l'éloquence,
et se contenta, pour louer dignement ce grand homme,
de raconter, dans un beau ee les services qu ‘il avait
rendus à son pays.
L'auteur de l'éloge historique de Palisot de Beauvois
ous a paru avoir suivi un. plan à peu près semblable;
il a semblé dire à Ja dignité de:l’éloquence de s'éloigner,
comme incompatible avec les détails auxquels il devait
ve: livrer, pour faire PUISE toas les travaux du
NAN Palisot.
CI =
PARDERSS À 'Ans SUJET. a LL
-Camme la ppésie est Lun des plus nobles | délassemens
A l'homme après qu’ l a consacré ses travaux à l'utilité
publique, comme elle - est interprète de da gloire et
| qu’elle
M É MOIRES. 33
qu'elle fait vivre dans la postérité ceux qui ont mérité
Fadmiration et la reconnaissance de leurs concitoyens ,
vous avez voulu, Messieurs, payer ce tribut à la
mémoire du héros et de ses dignes soldats, qui ont jadis
préservé la patrie d’aue invasion, et vous avez proposé
le sujet éminemment patriotique d'une Ode sur la
bataille de Lens...
Sept coucurrens se sont présentés dans la lice, mais
il n’est pas facile de chanter dignement le grand Condé ;
à
et tout en rendant justice à leurs sentimens et à leur
zè'e, vous avez à Lu de ne pouvoir couronner
Jeurs eForts. .....
Avant de vous faire connaître ceux qui ont le plus
approché du but, nous allons vous rappeller très-succinc-
* tement les observations auxquelles ont donné lieu fcs
différens ouvrages soumis à votre jugement. _ !
; De tous les, poëmes, peut-être le poëme lyrique est
celui dont il est le plus difficile d'atteindre la perfection;
resserré dans un -cercle étroit, dicté par l’enthousiasme,
rapide, majestueux, suhlime; plus ses beautés doivent
être hardies, plus ses défauts en sont voisins. |
Nous exigeons du poëte que, malgré les entraves qui
l'enchaînent, malgré les abimes ouverts sous ses pas,
il marche intrépide et fier et s'élève dans les cieux. Que
d'écueils l’environnent !.. |
: Îl veut employer le langage d’une noble philosophie,
et il devient raisonneur; il aime la simplicité, et ïl ne
s’apperçoit pas qu'il descend jusqu’à la bassesse, A côté
du sublime, il rencontre Venflure et tombe dans le
ridicule. Il doit être éclatant d'images, et il entre dans
le domaine de la poésie descriptive, enfin il doit exploiter
une mine nouvelle, et pour chanter sur un ton inconnu
Tom. IV 1." Lin, _3
=
Re
34 = MÉMOIRES.
des héros et les combats tant de fois célébrés, que
incroyable fécondité ne lui faudrait-ïl pas!
* Nous avons cru,’ Messieurs, devoir rappeller ces prin-
cipaux écueils, parce que c’est contr'eux qu'ont échoués,
d'après vos décisions uuanimes, les auteurs des différem
vuvrages qai vous ont été présentés. Nous allons en
signaler les beautés et les défauts, en suivatit l'ordre
de lear réception.
er
Le n° 1“, a pour ne
Pour lui, voir l'ennemi, c'était lavoir dompté.
THOMAS ..... PÉTRÉIDE.
Get ouvrage se recommande par la chaleur, l'harmonie
vt la rapidité du style, on y desirerait peut-être un peu
moins de ces vers communs qui ordinairement hérissent ‘
les récits de bataille; du reste, si cette Ode n’atteirt
pas à une très-grande hauteur, elle est néanmoins
généralement bien éorite, elle annonce de la maturité,
et l'on y trouve moins que dans les autres cette inégalité
de touche assez ordinaire aux jeunes gens.
Le n.° 2, porte pour épigraphe:
» Sunt quos curricuo pulverem. olympioum
« collepisse juvat. » Honace,
- L'auteur de cette Ode, qui paraît posséder assez de
talent pour la poésie, s'est westreint dans an cefcle
beaucoup trop étroit, et n'a pas même exisi le ton
d'inspiration qui doit régner dane le poëme lyrique. Seæ
strophes sont plutôt des stances élégamment versifiées, et
Jes détails qu’il donne sur la bataîlle de Lens, vont telle.
ment communs, qu'on pourrait les appliquer à toute
autre, Nous croyons aussi devoir Lai faire observer ;
Le
MÉMOIRES: . 39.
qu’une journée aussi décisive pour le salut de la France,
demandait quelque préambule, et que, même dans l’Ode,
il n’est pas permis de jeter son lecteur au. milieu d'un
champ de bataille, sans l’instraire de la graude LD |
qui va s'y décider sous ses yeux.
Reed
Le n.° 3, ayant pour épigraphe :
« Littora tantum. » sn
Réunit quelques-unes des qualités du genre, on. _
trouve de la verve, des réflexions philosophiques assez
bien fondues dans lé sujet, de belles pensées et des
images nobles; mais il a aussi ses défauts: son rythme
peu favorable, dont les cadences coupées ét contenant
de petits vers, détruit les efféts de l’harmonie, un débit
trop grave et les deux dernières strophes, entièrement
inutiles; en outre quelques néghigences de style, décëlent
le travail d'un jeuae homme.
Le n.° 4, ne porte aucune oo:
L'auteur manie fort agréablement le pinceau descriptif
dns les huit premières: strophes,, miais il ne s'est pas
apperçu qu'if était au-dessous de son sujet, if fait en
vain plasieurs efforts pour se. relever, et après plusieurs
passages où l’on trouve de la chaleur, il tombe sensi-
blement et touche même quelquefois au ridicule par la
hizarrerie des images Cette Ode n’a pas été dictée par
un goût pur et bien formé.
L Le n.° 5, a pour épigraplie ces deux vers de Boileau:
‘s Condé. dont le seul nom fait tomber les muraiiles
- « Force les escadrons et gagne les batailles. »
Get bursagr, généralement faible, nous à, paru péni-
3%
‘1
56 MÉMOIRES.
blement versifié: il présente néanmoins quelques éclairs,
qui font regretter que le talent de l’auteur ne se
soutienne pas. On y voit des choses bien pensées, et
je crois qu'il serait difhcile de trouver un plus beau
sentiment plus délicatement exprimé que celui que
renferme la strophe suivante. L'auteur y fait allusion à
l'arbre qui fut planté dans la plaine de Lens en mémoire
de cette glorieuse journée , la voici:
Dans ces beaux champs où de la France
Le prince immortalisa les drapeaux,
Planté par la reconnaissarice ,
Un arbre étendait ses rameaux,
Symbole heureux de la victoire
=. Des Condés retraçant la gloire.
Il croissait. . . .. +... regrets superflus!
La tige à leur sort attachée
Languit aujourd’hui desséchée
Leur noblé sang n'existe plus.
{ -
Le n° 6, a pour épigraphe:'» Le voyez-vous eomme
j «il vole où à la victoire où à la mort. »
‘ Comme morceau de poésie, cette production tiendrait
un des premiers rangs, comme Ode, elle est froide et
faible et sort entièrement du genre ; c’est une belle Élégie.
Les récits dans la bouche d’un interlocuteur nous ont
paru ne pas convenir au poëme lyrique, ils entraînent
trop de longueur, une marche ‘trop. méthodique et
bannissent le feu qui doit vivifier l’Ode. D'ailleurs, quoique
ce soit une idée fort heureuse de la part de l’auteur
c’ayoir amené un vieux guerrier sous l'arbre au pied
duquel le s'en Condé se reposa, on est. forcé de ‘con-
Mémoires. 2%
venir que Îles paroles qu’il prohonce sont peu naturelles
dans sa bouche, ce n'est pas lui, c’est le poëte qui
parle.
Le n.° 7 est rempli de nombreux défauts qui ne sont
rachetés par aucune beauté ; l’auteur ne parait même
pas familiarisé avec les règles de la versification française ,
il a besoin de lire J. B.'° Rousseau et Lebrun ; comme
cet. ouvrage est sans doute l’essat d'un auteur bien
jeune encore, nous pouvons espérer que plus tard st
talent, en se développant, nous permettra de rendre
de seç poésies un compte plus avantageux.
| Telles sont, Messieurs, les différentes questions que
- vous avez proposées pour le concours de cette année, et
dont je viens de vous présenter une bien faible analyse.
Je termine maintenant en vous rappellant ceux de ces
. Ouvrages qui ont fixé vos regards d’une manière toute
particulière, et que vous allez couronner ou mention
ner honorablement. Sa ri
INDUSTRIE. Re CE.
* ‘Le ‘mémoire sur- le meilleur. nibde à: suivre poor
perfectionner : la: fabrication des: dentellés' d'Arras , ne
réunissant pas les conditions exigées, sous le rapport
des moyens. à employer, nous n’avons pas pensé devoir
lui décerner le prix; mais, malgré sou imperfection,
vous avez cru qu'il méritait une mention : bonoralle ,
pour .quelques détails utiles qu'il contient et du à
da confection actuelle des dentelle. -.,.;: ,1 4:
ÉLOGE HISTORIQUE: ‘
L'éloge historique de Palisot de Beauvois réunissant
toutes les conditions exigées, vous avez unénimement
décidé qu'il metal Je prix proposé.
}
/
38 MÉMOFRES.
| POÉSIE
i , ns e ; ‘ fs . : ‘
“Si vous avez jugé que plusieurs défauts assez mar-
quans se faisaient remarquer dans toutes les Odes qui
"vous ont été adressées sur la bataille de Lens, et que
‘par ‘suite le prix proposé par vous ne pouvait être
décerné cette année, sépenrant vous avez distingué
parmi ées Odes, celle n° LS ayant pour épigrapbe:
ie Pour lui voir l'ennemi, c'était l'avoir dompté. »
"Et vous avez décidé qu’elle méritait, à titre d'encou-
Tagement , ‘une médaille d'argent.
Vous avez aussi décidé que lOde n°3 > qui # pour
‘épigraphe : ‘ Litiora tantum , méritait une preinière men-
tion honorable, ‘
.Œnfin, vous ‘avez aussi aceordé une seconde mention
Mousrble à l'auteur da poëme n° 6, ayant pour épi-
graphe : Le voyez-vous comme il ss où à la victoire
où à la mort. ‘° cu 0
Vous allez entendre, Messieurs, uhe nouvetle lecture
des mémoires et morckaux de poëñe que vous venez de
.mouronnet ou ‘.mentiouner henorablement, et cette
féance sera terminée par la Léo aus les 2esn de
ét auteurs. Fe
_ Nota. Le Maimdire sur des dentelles, est de M; !Benge
aïer fs, d'Ârias, Élève: en droit. DE.
L'Étoge historique de M Palisot ‘de Beauvois, est de
“7 À, Thiébaud de Berneaud , io FRANS
de la Société royale d'Arras.
L'Ode, n° 5° , est de M.°. P. &. Disdbens de la
Rochelle.
Celle n° 3, est dé M." H. Corne , étudiant en droit,
Et enfin celle n° 6, est de M. Charles de S'. Maurice
de Paris. h oo :
MÉMOIRES 39
VV EUR ALU VEUVE VE LUL VVLUVE LULU UV LUVUIA VUE eV
:. ODE
SUR LA BATAILLE DE LENS;
Par M. P. G. BDROUINEAU de la Rochelle x
Couronnée dans la Séance publique du 37 apit 1821.
tn
Poyg lui, vois l'envemi c'était Vavoir dompté.
| . Thomas, PÉTRÉIDE.
aan manner
PT ces hordes guerrières,
Ces innombrables soldats, |
Et ces armes meurtrières,
Qui vomissent le trépas?
Les guerriers de l'Ibérie,
Viennent-ils, ô ma patrie,
Te braver, te conquérir?
Vain orgueil! folle espérance!
Les nobles fils de la France
Sauront lés vaincre ou mourir.
Fiers défenseurs de l'Espagne,
Vos ‘superbes pavillons
Couvrent au loin la campagne,
Et fatiguent nos sillons.
Déjà votre aveugle rage,
Médite un affreux . carnage
Et croit nous avoir surpris.
Le soleil vous voit encore;
Demain la naissante aurore
. Ne verra que goes débris
40
MÉMOIRES.
Mais déjà la charge sonne;
Je vois les drapeaux flottans;
La terre tremble et résonne
Sous les pas des comhattans.
Docile au frein qui le guide
Le coursier, de gloire avide,
Vole au-devant du trépas; ‘”
L'airain tonne, l’air s’embrase,
Le bronze à grand bruit écrase
Et disperse les soldats.
Enfin l'Espagnol s’avance
Couvert d'insolens lauriers.
Une multitude immense
Presse, accable nos guerriers.
Grammont en vain les rallie;
C'en est fait, le Français plie,
Tout redouble son effroi,
Condé paraît, plus d’alarmes:
« Marchez, dit-il, frères d'armes,
Souvenez-vous de Rocroi. »
Tel qu'on voit l'aigle intrépide,
Parmi les feux, les éclairs,
Sur l'autour, d'un vol rapide,
_ S'élancer du haut des airs.
Tel et plus terrible encore
Des Espagnols qu'il abhorre
Condé disperse Îles rangs,
Et tout fumant de carnage
Se trace un noble passage
. Sur leurs cadavres sanglans.
MÉMoIRezs.
‘Sur une terre enflammée
Le sang ruisselle à grands ‘flots.
Dans notre invincible armée
Tout Français meurt en héros
Si j'osais, nobles victimes,
Célébrer vos faits sublimes
Et les peindre à l’anivers,
Poëte heureux de la gloire,
_En chantant votre victoire,
J'éterniserais mes vérs.
L’'Fspagnol perd son audace ;
Et fuit jusqu’en ses remparts;
Son front n’a plus de: menace; .
Ses yeux n’ont plus de regards .
Léopold en: vain l’excite, "A
Et trois fois le précipite. .
Parmi la flamme et les traits;
Trois fois Condé. .dans la plaine, , :
Le fer à la main, ramène,
La victoire et les Français.
U s De RE "ER ÿ td # -
Ta meurs à la fleur'dé (l'âge,
Beck, espoir de tes guerfiers,
Victime de ton courage, |
Tu tombés sur tes' lauriers. : ‘: *
Ta mort vaut une victoire; i
Les’ souvenirs de ta gloire ‘ ‘ ‘+ :
Attendrissent tous les cœurs.
CN 210.
O destin digne d'envie! " ? .
Tu vois, en quittant la vie, :
Condé te donner des -pleurs. .
A Si
L LE
4
De noirs tprrens de fumée, …
. Les dérobent à nos GOUPR.. , ..! :
Les poursuivent en coupraux. _
MÉMOIRES
Tout s'enfuit ; et dans la plane,
Foulant aux pieds les MOWANA, .]
Cette armée immense entraine. .;
Ses plus braves, çombattans, +,
Une poussière enflammée » Ce
Sur leurs tranes gémigsantes | a
Nos cohortes frémissantes
en + 4 re nent] nu "
La victoire, à ma patrie,
Couronñe “enfin tes: guerriers;
Reverdir tous les lauiers
| Vois de:ta gloire flétrie ‘: RS
Vois ces soldats. gü'on ppanen F
Ces bronzes muets qu'eri tratne 0
Ces vastes ref parts Géterts, oo
Que l’active renommée, : ie M
D'une voix. iccoutüumée se DRE 5)
ER"üétruise Yénivers # HE Le PRE
LR 3 1.
es. ei ) me? "2 à À LE
. Sur mes “ebantss France chérie ;
Daigne abpiqur.tan regards à... ,
Un couped'æil de La patrie 7
Anime ,, enfantg des.arts : Mot
À ta voix MAUR. SAmG NES cs
Un noble feu me consume, : ,, , :
Mon luth frémit spus:mes, doigls; r
E
D'un Diey je. .suis l'interprète, .:..
Tout Français: devient poële , 1 .»
En célébrant Les exploits. .
‘ ; ! . Q ue 4
.‘ re fève-r | une, MEN
MÉMOIRES. 43
L'ILLUSION POÉËÉTIQUE.
IDYLLE, due à la Séange publique du 33 août 1821:
Le doux printemps à fui; le chantre des bocages,
De sa brillante voix sous les rians ombrages
Ne charme déjà plus notre oreille et nos sens:
La fleur ne reçoit plus les zéphire caressans :
Et des feux du midi sous l'ardeur indiscrète
L’ornement da vallon, la tendre violette,
À cessé d’exbaler ses parfums enechanteurs.
L'été revient orné de riantes couleurs,
Et la ferre étalant sa plus riche parure
Offre à l'homme ravi, les dons de la eulture;
Le luxe. des moissons brille de toutes parts,
Et la contrée en&n déroule à mes regards
Un site. romantique, un paysage immense.
Je m'arrête, f'admire, et contemple en silence
Ces lieax si variés, qui présentent sans enoix, |
Des monts lointaine, des champs, des hameaux et ai bois,
Un troupesu eependant se déploie à ma vue, <
1 blanehit da colline, ainsi l’ent voit la nue, :
Se répandre en flocons et parsemer les eleux:
De sa flûte un berger tire des sons joyeux ;
Plus. ioin le laboureur d’un docile attelage
Presse Îles pas tardifs, termine son ouvrage,
Æt dans un champ voisin, la féconde Cérès, .
Sous sa faux bienfaisante applanit les guérets;
La gerbe g'amoncelle; à source de richesse,
Des fragiles humains tu combles l’allégressel
Mais an léger repes suceëde À ses iravaux,
44 .MÉMOTRES
‘Le moissonneur suspend sa fatigue et ses mat,
À de folâtres yeux un pur instinct le guide;
“Une jeune bergère a d’une voix timide,
Chanté de quelqu’amant. le tragique destins
La troupe a répété le rustique refrain.
Simple bonheur ‘des chämps, plaisirs de la retraite,
Votre aspect me ravit; que ne suis-je, poëte !
Je pourrais sous ma plume animer ce tableau,
Et du ton. pastoral enfler mon chalumeau! ‘
Ce penser me sourit: une douce magie, -
A réveillé ma Muse, échauffé mon génie:
Ce berger. que je vois, est le beau Lycidas,
Auprès de lui Glycère a dirigé ses pas,
Son maintien est modeste, elle est tendre, elle est belle:
. Son jeune amant lui jure une amour: éternelle,
Cent fois çe doux serment est par lui répété,
_ Le cœur de La bergère a cent fois palpité : .,
D'une vive rougeur son beau front se colore,
» Je t'aime, a-t-elle dit. » Elle rougit encore.
Le plus vif entretien succède à ces aveux,
D'an bymen desiré, d'un avenir heureux.
… Hs parlent sans contrainte; et l'astre du mystère.
Les eut trouvés encor sans pouvoir les distraire,
Lorsque survint Cléon, ce vieillard inspiré,
L'oracle d’on hameau, ce barde révéré:
Des anciens jours, il sajt la merveilleuse histoire,
Aime. à conter, il aime à montrer sa mémoire;
D'on pas, grave il s’avance, et près d'eux s’est assis;
+ De les trouver ensemble à sourire il:s'est pris.
Mes amis, leur dit-il, un songe prophétique
Cette nuit m'a bercé d’un charme fantastique.
Je vis pn jeune enfant dessous mes arbrisseaux ; ;
__ MÉMOIRES 45.
Qui d'une main légère abaissant Jeurs rameaux ,
Cueïllait tantôt la pomme et la grappe Fermes
De sa rare beauté j'admire la merveille,
Et le pouipre et le lait se mélaient sur son teint,
Je m'élance vers lui, mais quel Dieu l’eût atteint!
Le folâtre m'échappe, et dans sa course agile,
Se coule entre les fleurs, rend ma peine inutile.
Tel, l'oiseau disparaît, dans les plaines de l’air.
Ah! pourquoi suis-je, hélas! blanchi par maint biver!
Fatigué je m'arrête, et d’une voix affable,
» Duquel de nos voisins es-tu l'enfant aimable, »
Lui dis-je,.et sans répondre un souris délicat,
A de ses traits chartnans relevé l’incarnat.
Il s'approche, et me jette uue rose effeuillée:
D'un. désordre inconnu. mon ame est travaillée,
Ce simple mouvement a ramolli mon cœur.
» Je te pardonne, .ami, viens à moï sans frayeur,
» De 'mes fleurs, de mes fruits, viens disposer en maître,
» Pourvu:que d’un baiser... » Dais-je te le permettre,
. Me dit-il avec grâce, et du ton Je plus doux,
» Ah!.de te refuser je ne suis point jaloux,
.» Et jamais je ne fus de caresses avare.
» Mais qui peut t'inspirer ce caprice bizarre?
. » Crains ‘plutôt ce. baiser comme un mortel poison,
> L'amour n'est pas un fruit de chacune saison, ‘’
» Et de me suivre, en vain tu concçois l'espérance.
» Je ne suis point enfant si j'en ai l’apparence,
»' J'ai fait naître le monde, et je.brave le temps:
».Je te connus toi-même à la fleur de tes ans,
» Quand servant sous mes lois une femme adorée,
» Tu brülais d'un beau feu pour la blonde Nérée,
» Lorsque dans ce marais conduisant ton troupeau, -
» Tu soupirais tes vers, assis sur cet ormeau: ‘
46 MÉMOIRES.
» Je Vinspiraîs, sans cesse à ton culte sensible :
» Ton athante à tes vœux ne ft point inflexible,
» Tu l'obtins, et ta vois tes rejettons nombreux
» Sous ton ombre fleurir, tu vas revivre en eux ;
» Je protège tes champs, ton verger, ta cabane,
» Tu me dois tous ces biens; à ton desir profane
» Je ne veut point céder; et par l’âge glacé
» Cesse de nradresser un mmage insensé. ”
s L'encens de la jeunesse à seul droit de me plaire ;
» Je gouverne en ce jour Lycidas et Glycère,
» Ces aimables bergers méritent ce bienfæt. »
I dit, et dans les uirs aussitôt disparait.
Tel on voit de l'éclair le brillant métécre,
. Sillonner l'horizon. Je n'éveille et l'aurore
De. ce songe flatteur me troave encor sarpris.
Mais il. eontient pour vous un excellent avis:
O voss que le bel âge entoure de ses roses ;.
. Chaque instant les flétrit; les fleurs à peine écloses,
. Périssent sous l'effort du fougueux aquilon;,
Et dans son cours, le temps aïnsi qu’un tourbillon,
Disperse nos beaux jours, et dévore sa proié; -
Goûtez dans la jeunesse, et l'amour et la joie,
Tout retard est perdu pour la fécilité. |
. Qu’avec plaisir, Cléon, nous Vavons écouté
Loi répond Lycidas, j'accepte ton augure: |
Du ruisseau qui bondit, lagréable murmure,
Le broit plaintif des vents à travers la forêt,
Les ébents de Philomèle, ont pour moi moins d’attrait.
. Par M. Han SAVILLE, Membre résident.
N. B. Ua Épisode du roman grec de Longus, ( Daphnis
et Chioë ), m'a fourai Fidée première du songe de Cléon ;
ais je me suis donné ane telle liberté en traitant ce sujet,
que cette partie do mon laylle 3 est à pGne une imitation.
*
MÉMOIRES. y
EE EE EE ET TN eau
LE date ET 1 LIERRE
Su sc
LL hRARLE, |
Lue à la Séance pubtique 4 de 7 août Bar,
. Elèves des arts, #ü sd de mémoire ‘
‘Se phaignient, tassemblés autour de leur patron,
De n'avoir recueilli, dans ke sacré vallon,
Qu'un pea de vent qu'on nomme glbire,
=» Mes amis, teur dit Apollon,
» Voyez, dans da fotêt prochaine,
» Cet arbuste grimpant, soutenu pat un chêne,
» Dont il pare aujourd'hui, le front majestueux ;
» Ne vous souvient-il pas de l'avoir vu naguère,
» Faible, rampant , traînant ses rameaux tortueux,
» Au pied de l'arbre officieux,
» Qui, l’aidant à quitter la terre,
» Lui fraya la route des cieux?
s Un jour; il l’aborda d'un air respectueux:
—» Toi, qui prêtes aux fleurs ton ombre hospitalière,
| » Et qui, dans les feux de l'été,
» Conserves aux gazons leur fraîcheur printanière,
» Et leur verdoyante beauté,
» Âcoorde-moi l'appui de ton bras tutélaire.
» Je puis braver les vents avec toi dans les airs,
» Et, libre du poids qui m'atterre,
» Suivre ta téte au séjour du tonnerre,
» Et tes pieds au fond des enfers.
» Ce chêne n'était pas de la race orgueilleuse
» Du chêne, qui, jadis, insultait au roseau;
\
48 MÉMOIRES.
‘» Et le discours de larbrisseau
». Toucha son ame généreuse :
—» Prends ce bras, lui dit-il, il sera ton appui.
—» Notre arbuste, à ces mots, trésaille d’allégresse,
L Saïsit son bienfaiteur, le presse, le caresse,
» Et s'élève avec lui. |
> Soit amour ou reconnaissance,
» Tous deux sont demeurés unis depuis ce jour:
_….» Le lierre est satisfait; et. le chêne à son tour
» S’applaudit de sa bienfaisance ».
C’est ainsi que parla le disert Apollon.
Chacun se reconnut soû%s l'image du lierre;
Mais, pour mettre à profit cette sage leçon,
Où chercher, où trouver le chêne tutélaire.
Par J. N. SAUVAGE, Membre résident.
ELocx
+
«e
»
\
MÉMOIRES. 49
CV VEUVE VU UVE LULU UUUE VUS VUE VUS VAL VU L'UVUVLEEVRUNM
ÉLOGE HISTORIQUE
DE À. M.J.F. PALISOT pe BEAU VOIS,
MEMBRE DE L'INSTITUT DE FRANCE. (*)
DLL VUE VUVUUE VEUVE VU MU UE VUS LUV
S'il est mort à la vie, il existe à fa gloire!
La tombe rend son nom et ses travaux plus chers,
(LEGOUVÉ.)
AVS VUS LASASA VUS VU LAS LAS VUS LUS LAS AA VUALAIANS
| A PRÈS que tous les corps savans, auxquels ses travaux
TJ'avaient associés, ont payé un juste tribut d’éloges à
un homme, dont les sciences en deuil déploreront long-
_tems la perte, me sera-t-il permis de faire entendre ma
faible voix, d'élever à sa mémoire un monument sans
faste , mélant aux larmes, dont sa tombe est mouillée,
.des guirlandes de ces mêmes fleurs qu'il prit tant de
soins à étudier, à bien décrire à naturaliser parmi nous ?
L'amitié m'en impose le devoir : elle sera mon excuse,
si, en Jouant un savant qui fut estimé de tous ses
concitoyens, vénéré des doctes, dont il fut l’émule et
‘le confrère, chéri de tous ceux qui le connurent, je
_reste au-dessous de mon sujet. J’aurai à le montrer tel
qu'il fut, observateur fidèle, voyageur infatigable, homme
_juste, ami sincère, patriote zélé; je le suivrai dans le
. monde civilisé et au milieu des peuplades sauvages , dans
_Jes déserts et au sein de sa famille, dans l'agitation
* Par M. Thiébaut de Bernéaud, Membre correspondant de la
Sosiété royale d’Artas ; ouvrage qu’elle a couronné dans sa
"séance publiqüe du 27 août 1821.
Tom, IV." 2% Lis, PMU
- So Mésornss
- perpétuelle des vovages et dans le silence studieux da
cabinet; je le considérerai comblé des dons de la fortune
æt accablé par le malheur ; eu tout tems et en tous lieux,
occupé de la g'oire de son pays, des progrès de la science:
Je simple exposé de ses travaux, de ses opinions , de ses
doctrines est le plus beau trophée que je puisse élever
à sa gloire.
PALISOT DE Brauvois ( Ambroise -— Marie - François-
Joseph ) naquit à Arras le 27 juillet 1752. Issu d’une
très-ancienne famille, célèbre dans la magistrature, il
comptait parmi ses ayeux trois premiers présidens an
conseil supérieur de l’Artois : son père était receveur-général
des domair.es de cette province et de la Flandre. Ce fut au
collége foudé à Paris, en 1280, par Raoult d'Harcourt,
qu’il fit ses études. Doué d’une âme ardeute, d’une imagi-
nalionu facile à céder à l'enthousiasme et d’une mémoire
prodigieuse , il se signala par des succès qui étaient autant
le fruit de l'étude qu’une suite des heureuses dispositions
qu'il avait recues de la nature.
Au moment où les passions viennent s'emparer de
toutes les facultés de l'âme, et quelquefois décider à
pos du malheur de la vie, si le génie tutélaire d'un
bon père n’est point là pour enchainer la fouge et leur
donner une direction utile, le jeune de Beauvois se
sentit tout à coup dévoré par une fervente dévotion ;
la vie coutemplalive des premiers solitaires chrétiens
sourit à son imagination vive et fougueuse; il voulut
s’enfermer pour jamais dans un cloître de lordre dés
Chartreux, qui lui parut le plus austère, fut l'objet
de son choix. Sa famille combattit cette résolution', fruit
de lectures, peu en rapport avec son âge, et d'insinua-
tions dangereuses. Quoiqu'il se montrât déjà inflexible ,
\
MÉMOIRES. 5r
ne pliant ni devant les hommes, ni devant les circons-
tances , l'extrême mobilité de son esprit et de ses projets,
ne lui laissa pas la force de lutter long-tems contre les
remontrances des auteurs de ses jours, contre les sollis
citations de toute une famille, dont il était tendrement
chéri, et qu'il chérissait lui-même au-delà de toute.
expression. L'idée de la solitude une fois sortie. de. sa’
tèle, ïl se jetta dans une. autre route, également
extrême; il entra dans les mousquetaires, mais il n’y:
resta que fort peu de tems.
Semblable à ces noires tempêtes .qui soulèvent les
flots, plongent le marin dans un affreux désespoir et.
portent la dévastation sur les plages cultivées, mais
qui s’appaisent bientôt pour amener une longue suite
de beaux jours , son caractère bouillant, changeant de
direction ; il rentra dans le sentier des études pour s’y.
livrer toujours.
Les vues du jeune de Beauvois se portèrent dès-lors
vers la carrière du barreau; il fit son droit, et en 1772,
il fut reçu avocat au parlement de Paris. La même année,
il perdit son père d’une attaque de paralysie. Deux ans
après, il contracta un mariage de convenance ; il venait
d’être pourvu de la charge de receveur-géréral des do-
- maines, vacante par la mort de son frère aîné. La finance
n’était pas de son goût, il ne céda qu’à de fortes con-
sidérations de famille, prévoyant en quelque sorte que
sa nouvelle charge serait supprimée, comme elle le fut
effectivement, en 1777, lorsque Necker, de Genève,
fut appelé au ministère. :
De Beauvois se coûsola facilement de la perte qu'il |
éprouvait, Depuis quelque tems l’histoire naturelle occu-
paîit toutes ses pensées, fixait ses goûts et lui procurait :
4*
ë2 MÉMOIRES.
d'utiles plaisirs; il vit dans la liberté qu'il acquerrait
un moyen -de s’y livrer tout entier. Il était déjà parvenu
à des connaissances peu communes, lorsqu'il se sentit
entraîné comme par enchantement vers la botanique:
il. se lia très-intimement avec le docteur J. B.. Lesti-
boudois qui, depuis. 1770, professait cétte science à
Lille, et s'était fait un nom cher aux amis de la nature,
en révélant, dès 1737, les ‘propriétés de la pomme de
terre, et en devinant Îles grandes ressources que Parmen-
lier devait plus tard découvrir dans ce tubercule ,: auquel
lMignorance venait d'attribuer les effets d’une épidémie
désastreuse. | |
: Alors ;-une révolution mémorable avait arraché la
botanique. à l'instabilité d’une nomenclature vague, aux
tristes livrées que lui avaient imposées le XVI° siècle,
Linné‘dictait les lois qui devaient la -régir, lui frayait.
une route nouvelle dont ïl sut rendre l’accès agréable
et facile; autour du genre créé par Tournefort, il ran-
geait des groupes de plantes qui lui révélaient elles-mêmes
leurs aimables analogies dans le mystère de leurs amours,
dans Fe mode de leur reproduction: sublime dans son
entreprise, et cédant à son imagination brillante, pleine .
de feu , il donnait aux confidens de Flore, pour s’en-
tendre entr'eux, un langage technique, simple -et. d’une .
énergique précision, que d’indiscrets disciples détruisent
de nos jours, pour lui substituer la barbarie. et ‘écraser
la plus aimable de toutes les sciences, sous un déluge
de mots inutiles, de détails :sans critique, sans goût et
sans nécessité. Une ardeur extraordinaire s'était -emparé .
de tous les botanistes; l’Europe ne suffisait plus à leurs
recherches ; ils veulent constater sous toutes les latitudes
le phénomène si curieux, si piquant de la vie végétale:
MÉMOIRES. - | 59
‘is veulent, par des travaux remarquables, par des con-
quêtes utiles à l'humanité, par le rapprochement de
toutes les plantes, confirmer ce que-J. J. Rousseau à
dit de la botanique et les apperçus ingéuieux du philosophe
d'Upsal: Pallas explore les steppes les plus élevées et les
plus vastes de l’ancien continent, depuis l'embouchure
de l’'Oby, aux rives toujours glacées, jusques à la Mer
caspienne, dont. les eaux ne connaissent ni le flux ni
le reflux; Solander et Banks, les deux Forsters et
Sparmann ‘visitent les côtes du grand Océan, et toutes
les îles qui le peuplent, et présentent: par-tout les restes
d’une nation puissante, dont l'existence remonte :au-
delà des cippes de l’histoire ; Sonnerat et Koenig étudient
les grandes Indes; André. Michaux, la Perse; Bruce, les
bords de la Mer rouge, la Nubie et l’Abissinie; Sonnini,
PEgypte et la Grèce; Martin Wahl, netre savant ami
Desfontaines et Poiret, l’Atlas et les terres sur lesquelles
pèse le joug bumiliant des Barbaresques; Ruiz, le res-
pectable Pavon et Dombey, le Pérou; Commerson, les
terres Magellaniques. et le Brésil; Richard, la Guyane,
Saint-Thomas et la Guadeloupe; Schwarts, la Jamaique
et les îles voisines. De toutes les extrémités de l'un et
l’autre hémisphère, l'Europe s'enrichit de plantes nou-
velles; leurs tribus éparses se rassemblent sous les yeux
de :Linné pour recevoir leur nom, publier la gloire du
grand homme, et marier un jour tous les climats,
confondre tous les:pays, et réunir dans un seul toutes
les productions de la terre.
: Comment ne pas aimer la botanique, quand on jette
un : regard ’attentif-suyr : le globe, quand on voit cette
multitude : de plantes qui lui forment une. parure
infiniment variée, gracieuse et touùjoûrs renaïissante, qui
54 MÉMOIRES.
fournissent à tous nos besoins, qui nous procurent de
si douces jouissances? Une science de qui l’agricullure,
Ja médecine, Îles arts reçoivent de si puissans secours,
üne science qui inspire les plus grands sacrifices, une
science qui ne laisse jamais la curiosité tranquille, parce.
qu'elle ne cesse jamais de l’intéresser, ne pouvait que
séduire , qu’entraîner l’âme active de Palisot de Beauvois.
Il s’y livra en effet sans réserve, parcourut, avec son
véuérable maître, la Flandre, le Brabant et le nord de
la Fra ice, embrassant tous les prodiges de la création.
Chaque phénomène déroulait à ses yeux de grandes vérités,
et à chaque pas qu'il faisait dans le domaine de la
science, le tableau de l'univers devenait plus vaste,
plus sablime. Les routes frayées n’ont bientôt plus rien
à lui offrir, 11 revient, examina, approfondit, et c'est
lorsqu'il s’apperçoit qu’il existe dans la chaîne systéma-
tique des végétaux une classe dont la manière d’être,
de végeter et de se reproduire est encore problématique,
qu'il la choisit pour l’objet de ses travaux. Il veut
découvrir la verité, il se livre à sa recherche avec un
zèle au-dessus e tous les éloges; rien ne le rebute,
ni la difficii raturelle à l’objet qui l'occupe, ni la
complication le l’appareïl reproducteur, ui le peu d'intérêt
que l’on donne aux cryptogames, ni l’autorilé des savans
qui l'ont precédé dans cette carrière épineuse. Trois
années d’études suivies, d'expériences délicates, d’obser-
vatious microscopiques ne peuvent fatiguer sa patience.
Il faut, par des faits irrésistibtes, combattre la théorie
généralement adoptée, et, comme ces novateurs dangereux
qui déshonorent la science, ne pas couvrir la nature
d’un voile obstur en s’arrêtant à une simple hypothèse,
en multipliant des distinctions inutiles, en subordonnant
MÉMOIRES. 55.
les Jois éternelles des choses existantes aux lois bizarres .
d’un système mal fondé. La vérité luit enfin à ses yeux,
son cœur palpite, il court à Paris, se présente à
l'Académie des sciences et fort de ses découvertes, il
déclare hautement que les cryptogames, sur-tout les
champignouns, regardés par Necker, de Manheim, comme
une nouvelle réunion du tissu cellulaire des autres
végétaux, sont absolument des plantes organisées comme
toutes les autres, ayant des fibres, des vaisseaux, des
racines, une fleuraison, des attributs mâles et femelles,
des semences, sans le concours desquelles elles ne peu-
vent essentiellement se reproduire; qu’elles offrent, en un
mot, un premier développement, uu accroissement et
un dépérissement , qui ne s'effectue d'ordinaire dans tous
les corps organisés, qu'après avoir laissé, en mourant,
des êtres semblables à eux et qui éprouveront les mêmes
révolutions. |
A l'appui de cette découverte, il met sous les yeux
de l’Académie un herbier naturel portatif contenant plus
de 700 sujets, et un cahier de ces mêmes plantes dessi-
nées par lui-même, avec le détail des phénomènes qu HE
a observés. Le tout est examiné en détail par Duhamel-
Dumonceau, l’un des hommes Les plus extraordinaires
du XVII!L* siècle ; par Guettare, qui décrivit, avec une
exactitude scrupuleuse, les petits corps vésiculeux qui
couvrent diverses parties des plantes, et cette sorte de
filets, plus ou moins déliés, qui les protègent contre
l'intempérie des saisons, et auxquels on a donné les
noms de glandes et de poils ; par Fougeroux de Bondaroy,
dont l'esprit observateur embrassa, éclaira, vivifia toutes
les branches de l’histoire naturelle , et par. M. de Jussien,
qui venait de créer une méthode nouvelle, dont les
, *
56 | MÉMOIRES.
bases reposent sur l'absence, la présence et le nombre
des lobes séminaux ou cotylédons, corps charnus, d’une
forme particulière, ne ressemblant en rien aux feuilles
proprement dites, quoïqu’on leur en donne parfois le
nom, et qui sont le point de départ de la végétalion.
Ce; savans reconnaissent, constatent la découverte,
volent res encouragemens au jeune botaniste, et l’Aca-
démie le nomme, dès 1781, son correspondant. |
Jaloux de justifier de plus en plus l’honorable suffrage
du premier corps savant de l’Europe, Palisot de Beau-
vois soumit à un semblable examen toutes Îles crypto-
games, et fit voir les erreurs commises par Dillen et
par Linné, relativement aux organes de la reproduction
dans les mousses, les lycopodes, les hépatiques, les
algues et les lichens. Il combattit avec forre le système
proposé par Hedwig, qui tend à priver de sexes les cham-
pignons,.et à les assimiler aux polypes et à certains
autres animaux qui se reproduisent par bulbes, ou par.
de simples bourgeons. Enfin, il n’a cessé de continuer
ses premiers essais, de les eurichir de nouvelles et nom-
breuses. observations pendant 30 années, comme nous
aurons l’occasion de le dire plus bas. |
Il s’occupa également de plusieurs autres questions
très-difficiles de la physiologie végétale, sur lesquelles
nous reviendrons, en parlant de l’époque où il leur
donna les plus amples développemens. Nous citerons
seulement.ici un mémoire qu'il lut à l’Académie des
sciences , en février 1786, sur les moyens d'améliorer
les bois et d'en retirer un plus g'and profit. L'objet”
qu'il s'y propose a trait à la manière de les exploiter.
"Al avait observé dans le nord de la France que les
arbres se dégradaient insensiblement , parce qu’on n’avait
MÉMOIRES. | 57
pas soin d’élaguer les baliveaux. Un préjugé s'opposait à
cette opération sur le chêne et sur quelques arbres verds ‘
résiueux : il voulut le combattre par des conseils, par
sa propre expérience, par l'autorité de l’Académie des
sciences. Il se montra dans cette circonstance bon phy-
siologiste, cultivateur éclairé et ami de son pays, il ne
fallait pas tant de titres pour recueillir le suffrage des
savans.
Déjà les végétaux indigènes, et ceux que la culture
soigne avec tant de frais dans nos jardins, ne pouvaient
plus suffire à l’ardeur que notre jeune académicien avait
de s’instruire; les herbiers de plantes étrangères qu’il
visitait, celui formé par Tournefort dans ses voyages
au Levant, ceux qu'expédiaient, au jardin des plantes
de Paris, les botanistes français qui parcouraïient diverses
contrées de l'Asie, de l'Afrique et des deux Amériques,
enflammaient son imagination , ef lui inspiraient le desir
de fournir aussi à son tour à la science de nouvelles :
richesses. La lecture du voyage de Niébubr l’avait sur-tout
intéressé; et tout en déplorant la perte de l’infortuné
Forskaël, qui, après avoir été pris et impitoyablement
dépouillé par les Arabes, mourut jeune encore dévoré
par la peste; il conçut le projet hardi de terminer l’en-
treprise périlleuse de son voyage, mais le ministre,
auquel il'soumit cette idée, ne lui permit pas de le
réaliser. Il'allait se charger d’un voyage autour du moude,
quoiqu'il sut Lien qu'ils sont réellement manqués par
l’histoire naturelle et particulièrement pour la botanique ;
il allait courir la chance malheureuse de Lapeyrouse,
quand une occasiün imprévue Le ses regards sur Ja
côte de Guinée.
‘Use trouvait alors (en 1785) à Paris, sous le nom :
58 | MÉMOIRES.
dé fils du Roi d'Oware, un nègre chargé par son gou-.
vernemeut d'obtenir de celui de France une redevance
annuelle par la cession d’un vaste terrain, destiné à
former un établissement francais à l'embouchure de la
rivière Formose. l'alisot de Beauvois fait eonuaissance
avec ke prétendu priuce Bondakan, se lie avec le capi-
laine du vaisseau qui, devait le conduire sur la côte de
Guinée , el, comnie aueuu naturaliste m'avait encore
exploré les états d'Ouare et de Beuin, if sollicite et
obtient la permission d'êi:e du. voyage. En s'imposant
wn exil volontaire, eu sacrifiaut ainsi sa vie dans la vue
de coutribuer par ses recherches et son. dévouement aux
progrès des sciences naturelles, il pouvait, il devait
espérer que le gouvernement céderait aux iustances. de
PAcadémie des sciences, et qu'it se chargerait des frais
de cette entreprise hardie; mais il en fut tout autre
ment , et ce qu'il put obtenir d’un ministère inepte et
spéculateur, ce fut l’avance de quatre années d’arrérages
d’une rente qu'il avait sur l’élat, et qui lui produisit
environ 32 mille francs.
Sourd et insensible à toute idée de fatigues, de crain-
tes et de dangers, il se sépare de son épouse, à qui
il donne les pouvoirs les plus étendus. pour gérer ses
biens; le 5 juillet 1786, il quitte Paris, et le 17, il
s’'embarque à Rochefort sur la flûte le Pérou, comman-
dée par le capitaine Landolphe, montée par 300 hommes
et percée de 56 pièces de canon. | |
De ce moment date pour lui une nouvelle existence; .
son activilé redouble, et dans ce qu'il observe il cher-
che à déméler ce qui a pu échapper aux savans. Toutes
ses heures sont pleines, il ne perd aucun instant. I
profila d’une relâche d'un mois pour visiter Lisbonne,
LS
/
MÉMOIRES. 59
étudier Îes rives pittoresques du Tage, dont les eaux
troubles inondent et fertilisent régulièremeut chaque
année les vertes plaines de Santaren et de Villafranca,
recucillir une foule de plantes et d'insectes curieux dans
les Lizirias ou îles cultivées, dans les landes tristes et
dépouillées de l’Alemntejo , sur les rochers à pic de Cabo
da Roca, dans les montagnes très-escarpées d’Arrabida.
Ces récoltes précieuses expédiées en France, le vaisseau
mit à la voile. | |
Notre voyageur apperçoit d'abord l'ile de Madère, où
la végétation a tous les caractères européens; l’Archipel
des Canaries, ancien théâtre de la nation Guanche et
premiere palrie du mouton-mérinos; le pic de Thénériffe,
dont la couleur blanche a long-tems fait croire que la
neige y était perpétuelle, tandis qu'elle est due aux
pierres ponces qui recouvrent le câne de ce vieux volcan,
et qui réflétant d’abord une couleur rougeâtre aux pre-
miers rayons du soleil, passe ensuite, par gradation
rapide, au blanc le plus éclatant.
Entré dans les mers du Tropique, il s’est assuré que
le goëmon flottant ou raisin du Tropijue, a;rellé par
les botanistes, fucus natans, et dont les ramifications
‘ nombreuses offrent dans leurs entrelacemens de petites
îles flottantes qui disparaissent , soit qu’elles deviennent
Ja proié des poissons, ou que la putréfaction les dé-
truise. Ce fucus est muni d’une sorte de tige rameuse,
de feuilles lancéolées, alterues, dentées, en forme de
scie, et de petits tubercules axillaiies, contenant dans
l'intérieur des filamens soyeux, que des botanistes ont
pris pour un des organes de leur régénération, mais ces
globules ne font que des vessies aériformes, à l'aide
desquelles la plante se soutient au-dessus des eaux. La
Co MÉMOIRES. |
fructification du fucus natans, consisle dans des amas
de tubercules rangés autour d’un corps tout différent, et
qui renférment plusieurs capsules dont les petits grains,
sont ou doivent être les organes de la repro:luction ;
quant à ceux de la fécondation, analogues aux étami-
nes, Palisot ne put les découvrir.
A la hauteur du Cap -Verd, où Adanson fit de sr
amples récoltes, et où Golberry mesura le tronc d’un
baohahb, le géant des solitudes, dont l’âge épouvante
l'imagination , quand elle calcule les siècles par le long
accroissement qu’exige sa grosseur: monstrueuse ; Palisot
de Beauvois vit pour la première fois le requin marteau,
squalus zygœna, lespèce la plus audacieuse et la plus
vorace, et le poisson-scie, squalus priotis, l'ennemi le .
plus ackiarné de la baleine et qui périt en même tems
que sa victime.
‘ Le phénomène de la phosphorescence de Ia mer, si
parfaitement décrit par Marchand, dû, selon les uns,
aux méduses ou bien au frai des poissons; aux insectes.
lumineux, aux mollusques et aux zoophytes mous, selon
les autres; au frottement et à l’électrieité des courans
marins, suivant ceux-ci, et enfin à des substances
animales et végétales en putréfaction, suivant ceux-là,
fixa son attention, et, comme la question était difficile
et demeurée indécise, il voulut en pénétrer‘le mystère.
Fut-il plus heureux que les autres? Je l’ignore, mais
il estime que toutes les causes alléguées jusqu'ici agissent
toutes, tantôt isolément, tantôt ensembleet concurremment,
et que, à raison des localités, de l’état atmosphérique
et des circonstances du moment, elles contribuent plus
ou moins à produire ce spectacle. magnifique et imposank
En effet, si nous analysons ce phénomène, nous voyons
»
; MÉMOIRES. Gt:
À une lueur pâle, continue et pour aïnsi dire perlée,
succéder une lumière vive, scintillante, semblable à un
nuage d'argent; elle suit le sillage du navire ou des poissons
qui nagent avec rapidité ,-et est accompagnée de points.
jaunes très-multipliés, les uns isolés, les autres mêlés,
confondus dans la masse brillante. Nous sommes dès
lors autorisés à croire que des substances animales et
végétales en putréfaction , produisent cette sorte de nappe
argentée ce tourlillon phosphorique, et que les petits
points saillans sont ou doivent : être des anuimalcules de
la famille des scolopendres et des polypes vivans, d'une
mobilité étonnante, très-lumineux, et le devenant encore
plus par l'agitation et le frottement.
La traversée fut presque habituellement contrariée
par de mauvais tems, par des calmes, par de violens
orages; le vaisseau souffrit tellement qu’on fut obligé
à plusieurs relâches, à l'embouchure de la rivière Me-
zurado, dans le pays de Foulahs, qui font un grand
commerce de poivre; à Sestre-crou, sur la côte des graines;
au. Cap-Lahov, sur la côte d'Ivoire; à Hapan, à Chama,
improprement appelé Sama, et à Kéto ou Kéta, sur,
Ja. côte d'Or. Dans ces différentes stations, uotre intré-
pide voyageur enrichit ses cartons d’un grand nombre
de: végétaux et d'insectes, dé graines et de ‘coquillages,
de minéraux et de fossiles curieux; il fit des remarques :
intéressantes de divers genres sur les mœurs et les
habitudes des tommes, sur les nie les productions ‘et
les. ressources du pays. à
-À Sestre-crou, la tribu des _. qu'il observa est
d'une haute et belle stature, d’un noir d’ébène très-
prononcé, ayant les cheveux longs et plats, le nez aquilin
et.les lèyres moins saillantes que les autres tribus de la
62 MÉMOIRES.
Nigritre et de la. Guinée. Cette race, en tout semblable
à celle que l’on trouve dans les îles du grand Océan
équatorial, pourrait bien ètre, selon nous, les restes
d’une antique nation dispersée par les révolutions reli-
gieuses et politiques, qui précédèrent ou suivirent les
expéditions des premiers Malais dans l’un et laatre
bémisphère, ou celle des vieux Éthiopiens sur toute
l'Afrique.
À Chama, il trouva très-abondamment le magnifique
coléoptère, connu sous le nom de capricorne odorant ,
cerambix moschatus ; son odeur de rose est -encore plus
prononcée que dans les espèces européennes qui vivent:
sur le saule blanc, salix alba. On croit communément
que ce parfum suave est puisé par -l'insecte sur l’arbre
_ qu'il affectionne de préférence, cependant il n’y a pas’
de saules sur la côte de Guinée, et les autres insectes
que nous voyons sur nos saules indigènes, tels que les
alises, les chrysomèles, les galeruques, les taupins,
etc., ne sentent pas la rose. Cette odeur est donc propre
au capricorne. Deax de ces insectes, renfermés dans une
bouteille, donnent au tabac un goût très-agréable et sans
aucun inconvénient , au dire des amateurs de cette poudre
nénséabonde.
En visitant la mine d'où les. ue extraient la
poudre d'or, il a remarqué que pour la peser on se
sert des graines du balisier d'Inde, canna indica, qui .
sont d’une grosseur et d’un poids assez uniformes.
Près da fleuve Volta et de la petite ville de Hapan, :
ainsi qu'à Kôto, il vit des bandes considérables de sin-
ges de l'espèce appelée macaque, cynus cynomalgus, des
petites perruches à tête rouge glacée de bleu, et sur-tout
beaucoup és’ vautours -et- dé grosses fourmis. Il est ex-
MÉMOIRES. 63
pressément défendu de tuer ces derniers animaux, parce
qu'ils détruisent les rats, les souris, les araignées ét
une foule d'insectes malfaisans, qui pullulent dans ces
contrées essentiellement insalubres.
Enfin, après de longs efforts, le vaisseau jeta l'ancre
à l’emhouchure du fleuve Formose, le 17 novembre
1786. Palisot passa la première nuit sur les terres d'Oware
dans une cahane entourée de ketmies, hibiscus cancel-
datus, aux fleurs purpurines nouvellement épanouies,
et dès le lendemain, ïl prit en quelque sorte possession
des plages intéressantes qui n’avaient encore SLA ‘vues
ni visitées par aucun observateur.
Le pays de Jakeris, connu vulgairement sous le nom
d'Oware, occupe, sur la côte occidentale de l’Afrique
équatoriale, une vaste étendue de terrain entre les V.° et
VII: degrés latitude nord, bornée au septentrion par
les états de Benin, au sud par celui de Gulbar, ä l’est
par les brülaus déserts où l’on cherche les sources du
Niger, à l’onest par l'Océan atlantique. Le sol est bas,
coupé en différens sens par des bras de rivières, et sub-
mergé. presque sur tous les points par lés hautes marées
qui laissent après elles un limon fangeux et pestientiel,
repaire des crocodiles et d’une jafinité- de serpens mons-
trueux. Cette terre, où la chaleur est excessive, où
tout contribue à la rendre le lieu le plus malsain
qu on counaisse', est habitée par des hommes Lons,
doux et hospitaliers, gais , vifs, ‘spirituels et généreux,
ayant horreur’ des sacrifices et de l’effusion du sang
bumain, ! usage affreux qu’on trouve chez les Africains
“dès la plus baute antiquilé. Quoique soumis à un Roi,
“Jeurs jours et leurs propriétés n'ont rien à redouter de
ses _Saprices; ; lès lois veillent sur eux; ; elles ne sont pas
64 _ MÉMOIRES.
écrites, mais pour cela elles n'en’sont pas moins reli-
gieusement observées , jamais on n’y porte la plus légère
atteinte. Dans aucune circonstance, le chef de l'état ne
peut se trouver juge et partie. L'assassin à la tête
tranchée et son corps, privé de sépulture, est jeté dans
Jes forêts pour y servir de pâture aux fourmis et aux
bêtes féroces. Le voleur, atteint et convaincu, devient
la propriété de celui qu’il voulait dépouiller. De pareilles
dispositions font regretter l’usage où ce peuple est de
vendre les jeunes gens les plus robustes, les femmes
Les mieux faites et les malheureux réduits à l’esclavage
par le sort ou par le besoin. Ce commerce barbare,
faverisé par un horrible système, contre lequel l’Europe
se prononce enfin après l'avoir établi, a rendu les peuples
‘de l'Afrique étrangers à l’agriculture, le premier de tous
les biens, aux sciences et aux arts qui tempèrent ce
que les climats ont de fâcheux ; ils ne savent tirer aucun
parti du sol et de\ses productions naturelles. .
. Les Jakéris admettent deux êtres suprêmes, l'un, noir
et bon, auquel ils ne rendent aucun culte, parce qu ”il
sait ce qui leur convient et n’a pas. la pensée de leur
faire qu mal; l’autre, blanc et essentiellement méchant,
ils linvoquent sans cesse, pour l’engager à ne pas leur
nuire, Entre ce-second Dieu et les hommes , le fanatisme
sou la politique. a établi un être intermédiaire qui peut
être un arbre, un. oiseau de proie, un lézard, un
monticule, un champ cultivé, etc. Ils ont conservé
quelques traces du christianisme que les Portusais 1 ten-
4èrent d'introduire parmi-eux au XVHI° siècle; ils vénèrent
une grande croix de.bois placée dans un carrefour de
Ja ville d'Oware, et ne passent jamais devant elle sans
faire le signe, des . chrétiens avec une petite callebasse
creuse
=
MÉMOIRES 65
creuse qu'ils portent suspendue à leur col et. qu ‘ils
remplissent de bourdon ou vin de palmier, d'eau-de- -vie +.
de terre et de. sang de cabri ou de poulets.
Une coutume hideuse., repoussaute, qui offense la nature
et ne trouve même pas d’excuse dans le délire de la ‘supers-
titioa, c'est. d'enlever l'enfant qui vient de mourir, de
l'envelopper dans une natte de jonc ou de palme ; de le
porter eñ courant sur le bord de la rivière, de le déposer
sur une grosse pierre; . et A, de réduire à coups ‘de bâton,
ses chaïrs et ses os à l'état de pâte que l’on enterre alors
soigneusement. À tout autre âge, les sépultures ge font
avec respect au milieu des cris. et des pleurs.
Les fêtes religieuses consistent à se réunir le matin
dans des huttes situées au milieu des bois, où. (les
étrangers ne peuvent être admis; après les prières, on
joue et fon danse. Au mois de décembre, les Owares
ont. un carnaval assez semblable à celui des Européens,
et qui peut-être leur vient des Portugais: ces saturnales
durent trois jours, pendant lesquels ses jeunes gens se
déguisent avec des étoffes et des feuilles de palmier, avec
des peaux d'animaux et des herbages diversement tressés.
Ils ont plusieurs genres d'industrie remarquables ; mais
dont les secrets nous sont inconnus. Avec certains fruits,
ils préparent un savon liquide, noirâtre et supérieur
au nôtre; ils fabriquent de très-jolies pagries ; espèce
de toile de coton, dont les dessins sont tracés : avec des
fils blancs, et d’autres teints en bleu ou en rouge, ils
extraient la fécule d’une ‘espèce d'indigotier, indigo fera
endecaphilla, qui croit naturellement dans le pays,
mais n’y est cultivé en. aucune manière, et de la pulpe
de l’'avoira, eais pente, une huile bonne : à _maïger,
et qui ne demanderait qu ‘uné manutentioii mieux en-
Tom. 1% 2 me Liv. ; : 5 Fr +
66 MÉMOIRES:
tendue four: rivaliser avec nos meilleures huiles d’ofives.
Quant à la couleur rouge, comme on ne trouve point
de roucou, ‘bixa orellana, dans toute la contrée, il
est À présumer qu'ils se servent d’une terre trés-rouge,
espèce d’ocre dont le peu de solidité de la teinte rend
la süpposition assez vraisemblable. Ils ont l’art de bâtir
des maisons assez commodes , de creuser des pirogues
avec le feu, de façonner des pägaiés, sorte de rames
fort légères, de séparer les ‘fibres de plusieurs plantes
de la famille des cypéracées, de les unir et d’en faire
des ficelles très-bonnes et de longue durée. Un joli
coquillage nommé cauris, connu en Europe sous le
nom de pucelage, leur tient lieu de numéraire; c'est
en échange qu’ils donnent non seulement leurs esclaves,
mais encore du morphile, de l'or, des ignames, etc.
Sitôt son arrivée à Oware, Palisot de Beauvois fut
présenté au souverain du pays; il en fut bien accueilli;
ñ le trouva agenouillé aux pieds d'un grand vase de
terre glaise, cuite au soleil, sans goût et rempli de
bourdon , qu’il avait adopté pour son fétiche, Ce souve-
rain passe sa vie occupé de plaisirs, plongé dans la
mollesse, au milieu des nombreuses femmes de son
sérail et entouré d'environ cinq à six mille esclaves,
Notre voyageur qui, pendant ses rapports à Paris avec
Boudakan, et pendant la traversée, s'était initié dans
la langue du pays et familiarisé avec les sons forts que
les Owares tirent du -gosier, instruisit le Roi de son
projet de visiter l’intérieur des ferres et lui demanda
&es güides pour l'accompagner. Sa demande lui fut accor-
dée, et pour lui montrer tout l'intérêt qu'il lui portait,
le Roi ordonna au principal officier de ses gardes d'in-
CRE
MÉMOIRES. 67
commande le silence à toute la cour, frappe la terre
à plusieurs reprises âvec une pefite baguette dé mimose
sacrée , et peu d'iñstans après parut une grosse couleuvre
du genre boa ; il lui jétte quelques morceaux de bana-
nés, d'ignames et de chair d’hippopotame. Pehdant que
le serpent miangeait fort paisiblement, Okoro avait les
yeux fixés contre terre, les bras croisés sur la poitrine
et marmottait dè longues prières pour préserver l’Oibo
de tous dangers. Le repas fini, le teptile leva la tête
._en signe de contentemient et regagna sa retraite inconnue.
Tout le tems que dura cette cérémonie, lé Roi tenait
sou fétiche particulier embrassé et paraissait prier à
voix basse. On se fit ensuite mutuellement divers pré-
sens Six nègres et l’un des fils da Roi furent désignés
pour servir d'escorte à notre voyageur.
. Dans l'enthousiasme du bonheur, Palisot dé Beauvois
parcourt le pays en fous sens depuis Îes terres du
Gaibar, où les nègres mettent à mort leurs prisonniers
et en vendent les tristes débris dans les marchés publics,
jusques à Buonopozzo , un des derniers établissement :
_ du royaume d'Oware , s’enfonçant dans les bois, remon-
tant les rivières, se frayant un chemin à travérs un
désert immense peuplé de lions, de panthères , de léo-
pards, dé hyènes tigrées qui s’entredéchirent, de chakals
et de serpents géants, les plus redoutés de ces animaux
féroces. Tout semblait répondre à son avidité de con-
naître; le succès lui faisait oublier les fatiguès et les
dangers; il souriait aux victoires qu'il remportait sur :
une nature toute vierge. Mais, à fatale destinée! ses
vœux ne devaient point s’accomplir entiérement. Tout
à coup il est arrêté dans sa marche. Les nègres refusent
de le suivré plus loin; des difficultés en tous genres
5e
\
a T
68: | MÉMOIRES.
et sans cesse renaissantes les découragent , et pour comble
de disgrâce, la présence des jos, les remplit tellement
de frayeur que le fils du Roi et un nègre, voyant que
Palisot persistait à pénétrer plus avant, se jetèrent dans
le fleuve voisin et disparurent sur la rive fangeuse,
s’exposant ainsi à un danger réel, la rencontre d’un
crocodile ou d’un serpent-géant , pour en éviter un
imaginaire. Pendant deux jours entiers, il fit de vains
efforts pour. vaincre la résistance qu’on lui opposait.
Les menaces, ni les promesses ne peuvent plus décider
personue à obéir, et après être arrivé à plus de 150
\myriamèlres ou 300 lieues de la côte, dans des lieux
où jamais Européen n'avait pénétré avant lui, il voit
ses projets déçus. Il frémit, il se trouble, et semblable
au. nocher qui lutte inulilement contre la tempête
mugissante, il cède à la vague qui le couvre, qui l’en-
traine. Le désespoir dans l’âme, il porte un long et
dernier regard sur. ce désert brûlant qu'il comptait
traverser, s'irrite de son malheur et revient tristement
sur ses. pas. chercher des hommes mieux disposés : il ne
put en trouver. Ceux qui ne nourrissent pas de grandes
pensées, qui sont incapables de grands sacrifices, d'un
dévouement sans bornes pour le bien public se feront
difficilement une idée du chagrin dont l’âme est oppressée
dans une circonstance aussi fâcheuse; il faut l'avoir
éprouvé soi-même pour en. concevoir toute l’amertime,
pour en apprécier toute l’étendue, pour en sonder la
profondeur. Ce contre-tems affecta vivement notre savant
naturaliste, et pour ne pas succomber au découragement |
prêt à s'emparer de toutes ses feu Mes il part pour les
états de Benin.
1 arriva dans la Capital en. mai. 1787» , et fut pré- |
4
MÉMOIRES. 69
senté au Roi le jour même où l'on célébrait la grande :
fête annuelle des ignames. ‘Ôn sait que cette plante,
Je dioscorea sativa de Linné, est pour Îes Beniniens et
pour tous les Africains des tropiques, ce qu'est pour
fes nations de l'Europe la graminée qui les nourrit. Le
bat de Ja cérémonie est de réveiller l'indolence et l’apath'e
naturelles aux nègres , de les exciter à cultiver la plante
précieuse; ent conséquence le souverain parait en pablic,
entouré des grands ou fidors et de ses femmes, il plante
‘un igname de ses propres mains; le vase qui le con-
tient'est salué par des danses, par des chants. La racine
pousse aussitôt, et grâces aux substitutions faites
‘habilement, l'arbre atteint bientôt une hauteur remar-
quable , et donne des signes non équivoques de fécondation.
Plus ces signes sont ‘extraordinaires plus it y a de
‘certitude que la prochaine récolte sera abondante. Le
peuple admire cette sorte de miracles, il se livre à fa
joie et ne-doute pas de la puissance légitime de son
souverain, qui a commerce avec Île ciel, qui peut vivre
sans boire ni manger, qui est sujet à mourir, mais
destiné, au bout d’un certain tems, à reparaître sur
terre pour y régner de nouveau.
Autant les Owares ont horreur’ du sang , autant ceux
du Benin ont de plaisir à le répandre. Jls ne célèbrent
aucune fête politique ou religieuse, ils ne témoignent
leur joie ou leur tristesse qu’en immolant auprès de
leurs fétiches des victimes humaines et des animaux
mâles. Soit égard pour un sexe faible, destiné unique
ment à les servir et à satisfaire leurs plaisirs, soit pour
ne point interrompre les lois de la génération, ils ne
sacrifient jamais de femmes ni auchne femelle d'animaux.
A la fête des ignames, on tue trois hommes, dont
70 Mémoires.
les têtes restent exposés sur l'autel; la chair des animaux
immolés en même tems est distribuée au peuple. A la
fête des cpraux, la seconde | fête nationale de l’année
où le. Roi se montre hors de son palais, on immole
15 hommes, 15 boucs, 15 beliers et 15 coqs, et l’on
plonge dans leur sang les colliers de corail qui doivent
orner, en plus ou moins grand norgbre, la poitrine du
Roi, celle des femmes et des grands du pays.
Les femmes sont jolies, très-bien faites ; leur couleur
varie depuis le noir luisant jusqu'à !a nuance qui
approche le plus du cuivré. Elles se couvrent ordinai-
rement depuis les hanches jusqu'aux genoux de différentes
étoffes placées les unes sur les autres avec beaucoup
d'art. Autour du sein, ondulent des tresses de corail,
d’agates et de verroteries bleues, et dans leurs cheveux
bouclés, elles placent des lames de corail, des plumes
de héron blanc, ardea alba, et celles à reflet métallique
de la queue de l’emberize, communément appelée veuve,
embsrisa vidua.
Quoique le ::euple de Benin soit avide, vindicatif et
d'une superstilion excessive, il est essentiellement hos-
pitalier. Il ne se fait aucun scrupule de chercher à à dérober
pendant la nuit ce qu'il a vendu durant le jour. Jamais
il ne levera la main sur un blanc, mais il l’'empoisonnera
pour le voler ou pour se venger de lui. Tout étranger,
mort dans le pays, est privé de la sépulture et son
| corps; traîné sur les chemins, est jeté au milieu deg
forêts pour y devenir la proie des bêtes féroces, Sur la
route d’Agathon à Benin, dans un espace de six my-
riamètres ou 14 lieues, planté d'arbres très-hauts et
d'une grosseur extraodinaire, on a élevé des cabanes
isolées pour servir d'abri aux voyageurs et où ils trouvent
pour leur usage des fruits et du vin de palme,
MÉMOIRES. | 71
Les maisons sont basses : couvertes de feuilles de
latanier , tenues avec une grande propreté et ‘la plupart
ombragées de kolas, sterculia acuminata , arbre de
moyenne grandeur, dont les fruits assez semblables aux
châtaignes, ;sont mangés par les nègres avec une sorte
de délice avant leurs repas, non point à cause de leur
bon goût, puisqu ‘ils laissent dans la bouche une sorte
d'apreté acide, mais en raison de Ja propriété singulière
qu'ils ont de faire trouver bon tout ce que Von ! mauge
après en avoir mâché, et d'imprimer particulièrement
_à l'eau une saveur des plus agréables. Les rues sont
_ larges, mais les marchés font reculer un Européen : or
y êtale de la chair de chien et de zèbre que les naturels
aiment beaucoup, de hideux maudrilles tout rôtis, dé
grandes chauve-souris, des rats, des lézards , etc,
En sorlant de la ville de Benia, on voit le vaste
palais du Roi, fermé de murailles, orné de jolis appar-
temens et de longues galeries soutenues par des piliers
de bois; non loin de là, le puits profond et toujours
ouvert qui sert de sépulture aux souverains, et dans
lequel, lorsque le Roi défunt y a été descendu, on voit
ge lancer volontairement ses serviteurs ; sé favoris, ef
durant. trois jours y précipiter par force tous ceux que
, Jes affidés du nouveau Roi rencontrent et peuvent
attraper.
Palisot de Eéauvois ne cessent d’admirer les productions
des contrées qu'il explorait avec un zèle immodéré, de
rassembler tout ce qui pouvait enrichir la science de
données nouvelles, de poursuivre ses recherches, tantôt,
sous l’ombrage impénétrable et bienfaisant du rotang,
calamus secundiflorus, pour y observer les édifices des
thermes , et une foule de petils animaux qui y trouvent
f
Pa. | MÉMOIRES.
un cb assuré contre leur$ nombreux euneinis ; tantôt,
dans lès” savanes où les touffes gigantesques de l'herbe
de Guinée, , panicum altissimum, ‘présentent à l'œil l'image
des forêts, c’est là que le nègre allume ces larges torreñs
de feu, que le Carthaginoïis Hannon apperçut en visitant
Ja côte d'Afrique.
Bientôt des chaleurs excessives “embrasent Pair, et
donnent une nouvelle intensité ‘aux miasmes délétères
qui s'élèvent des marais; leur fatale influence accablé
d'infirmités les naturels, elfe frappe de mort une grande
partie de l’équipage, et ne tarde pas à envelopper notre
voyageur ‘lui-même. Le scorbut le plonge dans une
prostration de force complete ; il gagne la fièvre jaune,
mai grâces à sa robuste constitution , à sa présence
d. esprit , et à cette force d'âme : qui. ne l’abandonna jamais;
et semblait au contraire grandir avec les circonstances -
Jes plus fâcheuses ; il échappe à ‘deux reprises à ce fléau
qui moissonne avec la plus grande rapidité les Européens
de tout âge et de toutes soites de tempérament. Trois
fois, il essuye des maladies graves, auxquelles il: échappe
par miracle. ‘ ependant le mal augmente, le scorbut
ne le quitte plus, il mine les dernières ressources. de
ses’ forces délabrées, et comme sa sensibilité s’affecte
. profondément de la perte récente d’un beau-frère et du
domestique fidèle qui s'étaient attachés à ses destinées,
le capitaine de la Flûte l'oblige , par ses pressantes' solli-
citations. à se refugier sur un vaisseau négrier qui
‘faisait .voile pour Saint-Domingue, aujourd'hui äppelé
raiti.. Palisot n’a pas la forcé de résister, il réuferme
* däns plusieur caisses les précieuses récoltes qu'il avait
fvites sur le continent de l'Afrique, en garde quelques-
unes ; confie les autres à l'Établissement ffänçais qui
\
MÉMOIRES. 75
se formait à l'embouchure de a Formose, et se sépare
(le 22 janvier 1788 ) pour toujours d’un pays qu'il :
voulait énuquérir à la science, et du vaisseau qui Lu
amené sur ces plages lointaines.
Depuis quinze jours il avait quitté cette terre de
désolation , quand un vent de sud-ouest s'élève impétueux ,
eouvre l’horizon'de nuages épais, agite les flots et pousse
le vaisseau au fond du golfe de Guinée, et l’oblige à
jeter l'ancre à l’île du Prince, située en face du pays
des Calbongas. Cette île, très-précieuse par sa position
et le parti qu'on pourrait en tirer, est très agréable ;
l'air : y est pur, l'eau excellente; elle est couverte: d'o
rangers, de citronniers, de figuiers, d’ignames et dé
palmiers, dont la quantité est si: considérable qu'elle
devrait faire donner au piyÿs te nom d'éle aux cocotiers:
Une végétation aussi brillante, unie à des oïseaux ‘superbes
et à des fontaines limpides , en fait un lieu de délices.
Là, Paliéot recouvra en partie la ‘santé, et profita de cet
heureux éhangement’ pour étudier Île pays et enrichir ses
collections. Aprés une relâche d’an mois, il fit voité
sur Saint-Domingue , où:il débarqua, dans la rade du
Cap-Français; le 21 juin 1788. La traversée dura trois
mois et denii; elle fut très-funeste aux nègres qni
faisaient partie du transport, et sur-tout à notre voyageur:
_‘ Je ne le montrerai point transporté à terre dans l'état
le plus affligeant , n'offrant au chirurgien qui le recueille
‘aucun espoir, tt cependant rendu à toute la vigueur
de sa bonne constitution après deux mois de soins
genérenx; je fe le suivrai point dans les courses nom
breuses qu'il fit à pied dans toutes les parties de: cette
fle, la ptus belle, la plus fertile et la plus riche de.
toutes les Antilles, colligeant des plantes, des animaux
LE MÉMOIRES: |
et jusqu'à des instrumens et des fétiches des Earaihes,
ss plus anciens habitans.. Admis successivement au
nombre, des membres de la Société des sciences et des
arts du Cap-français, de l’Assemblée provinciale du nord
et de la deuxième Assemblée coloniale, enfin élu censeiller
au Conseil supérieur du ap, il se fit également distin-
guer par ses.travaux, par son imtégrité, par.son patriotisme
comme savant et comme administrateur. Les secousses
politiques dont la Colonie a été le théâtre du moment
que..la Révolution française y fut connue, mirent de
grands obstacles aux. études favorites de Palisot. Obligé
de. prendre part à la guerre terrible des blancs et des
aaira, il se prononça contre l’affranchissement de ceux-
Gil publia même, en »790, un éerit dans lequel,
tout.en s’élevant contre la traite que repoussent égale-
meut la raison, la prudence, La justice éternelle el même
la politique, il improuve sou abolition eomme intempertive.
_ H en accuse les anglais qui, voyaut avec peine Je haut
degré de splendeur et de prospérité des Colonies, veulent
arracher à la France, à l'Espagne et au Portugal les
moyens de les conserver , s'emparer du monopole genéral
de leurs denrées et s'établir en maîtres sur les côtes da
PAfrique comme ils l’ont fait sur les plages de l'Inde, Il
‘en accuse Wilberforce qui, le premier, en 3188, se
aopstitua l'appui des noirs; il en acouse ceux qui,
oubliant les plus chers intérêts. de. la patrie, eousentent
aux plans des anglais, ses plus cruels. ennemis, et ne
voyent pas qu'ils. abusent des principes sacréa de la
pbilanthropie, non pas pour défendre les droits de l’opprimé,,
mais, pour. détruire. les_revenus de la Françe, Il, consent.
kien, à ce que la. traite goit prohibées. mais il. vept
- qu’elle le soit partiellement et. graduellement, em balan--
MÉMOrRES. Fo
gant, en cenciliant les diverses convenances sociales,
les intérêts des Colons, et eeux de l’Africain lui-même,
que l'abolition subite exposeraît à des maux incalcalables.
Plus ‘familiarisé avec les mystères de l’histoire naturelle
qu'avec ‘les lois d’une haute philosophie , Palisot de
Beauvois s'est laissé entraîner dâus une erreur grave;
elle fat platôt un écart de son esprit que celui de son
cœur ‘essentiellement bon, essentidliement généreux .et
ami de fa liberté. Il ne caleula point les suites que
pouvait voir et qu'amena malheureusement la résistance
des Cojons à une doi de la mère patrie. Une ‘collettion .
d'individus dont la difection', dont les intérêts, dont les
passions varient sans cesse, ne peut ni.ne doit jamais
s'oppbsér” à %a volonté générale, dont la puissance: est
perpétuelle et régulière, dont Fénergie est incommensü-
rable.: Lé spectacle hideux: de Pesclavage sur la côte
occidentüle d'Afrique avait: donné à Palisot de faussas
idées sut lés nègres. On né peut: pas- jugèr -saimement
d'un:être ‘abrüti par le plis dur sérvage; ses: facultés
engonrdies le ravaleht au” rang des -animaux les plus
stupides dont le sort est moins cruel. Délivrez-le du joug
qui le dégrade sans .césse y qu’il connaisse la propriété,
qu'il acquerre :lés droits d'époux'b de père, -qu'il. vive
en ‘u#imèt pour lui, pour les siens, -et voue le verrez
porter avec honneur da dignité de l’homme. Maiïsj paree
que le-nègra est ‘victime du: déspotisme le plus atwotn
sous la: zone ‘torride de là Nigritie:et du Congo, parce
qu'un: trafic infime sacrifie une population nombreuse .k
Yintérêt-d'uné ou deux castes k privilèges, eroit-on être
en dréït dxiger que.les infortunés, arrachés'aux plages
qui les-ont ve: maître, S'estiment henreax de: passer: souis
un autré êiél ponr y culfiver la terre eù eéclaues, pour
76 MÉMOIRES.
Y être- condamnés à-servir..les caprices d’un blanc perdu
dans :la mollesse ? Et paree que l'abandon de la traite
pourrait généraliser chez iles Afrieains Fhorrible pratique
d'immoler en holocauste les esclaves et les prisonniers,
faut-il sur cètte conjecture, les .conduire aux Aatilles
‘pour .y. subir un autre joug? Calculer ainsi, s'est ou
trager à-la fois. et la raison. et les septimens. naturels.
Si Palisot eut eu :le .tems de réfléchir,.il peut. pas
publié cet écrit; mais A,fht entraîné par. les évènemens
‘qui se pressaient, par les fonctions publiques.qu'il avait
spett-être ineonsidérément acceptées .£t par quelques
æbnisidérations qu’il lui. ll ia ns tout :autre
de: mépriéer. °° RY re
4.: Envoyé à Philadelphie s le: 6 icbiée en. , qualité
de Commissaire. de l’Assémbléé coloniale, pour! implorer
contre! les Noirs. les secours des États de l'union 4 il rem-
:plit sa mission, qui n’edt',pas le succès qu'attendaient
ses cnmettans ,.eb reparut.à St Domingue; le 20 juin
:2793, pour être -témoin du Lens ‘des:.-blances., . de
Tincendie de leurs habitations .de Ja: porte -irréparable de
-ses coHections, de ses manusarits, et du délire. des noirs
-quise livraient à .des axcès inonis. ::2. : sai
Arrêté, trainé en prison;;‘f) ad Je. ns ses
amis, torsqu'une ,mnlâtresser en faveur de : laguglle. il
‘avait précédemment’ rohpu:les' fer -de. l'esclayage , parle
:pout:luistdemande-eteblisnt, oomme.upe grâce:spéciale,
qu'il soit déporté suxiÉtats Unis.;, Ainsi au,;moment où
he:glaive allait trancher ses. jours. la reeanuajissançe, le
-soütient -dang- l'infortane . et protège :apn départ ;. qui
#'effectna. le 49 .juillet :suiuamt. : En tous-téms:, pu.itous
“heux:les fenimes sont: dos. phis' chers. appuis; laur.:cou-
rage brave tout pour, nous,.et. lorsque tout espoir nous
MÉMOIRES. 2
échappe : elles trouvent encore dans teur Âme bienfaisante
de nouvelles ressources pour nous attacher à la vie,
‘De retour à-Philadelphie, le 4 août 1793, n'ayant’.
pour’ tout bien que quelques effets et cinq gourdes ( où
25 francs) dans sa poche, Palisot de Beauvois- voulut
faire voile sur la France; mais,. d coup de foudre! les :
portés de la patrie ne peuvent s'ouvrir pour lui ; son
nom est inscrit sur la liste des émigrés, tous sés biens
sont sous le séquestre ; en vain il. s'adresse à sa famille
et aux agens auxquels il remit eù partant ses intérêts
financiers, tout le monde l’abandoune. Trop fier pour
accepter les secours que la République américaine offrait
au malheur: trop juste, trop religieux envers l'amitié
pour tomber à la charge dé ceux qui l'avaient connus
dans l’aisance, il supporte l'infortune ‘avec ce ‘noble .
courage qui ne laisse pas appercevoir_les privations et .
se crée des ressources en tirant parti de sés talens. On :
le vit donner le jour des leçons de :lanigue latine et de
langue française, et le soir, rendu au théâtre, se mêler, :
pour un modique salaire, parmi les artistes de la. masi- :
que , tantôt embouchant le cor, tantôt jouant du basson,
instraumens qu’il maniait dans la plus rare perfection:
Les instans de loisir que ce genre d’occupations lui
Jaïssait parfois, il les employait à faire des petits her- .
biers et des tableaux d'insectes. Pendant deux années,
il pourvat de Îa sorte à ses besoins; ses moyens
pécuniaires s’accrarent du momient qu'il se vit chargé :
de disposer, de soigner et d'enrichir le Musée de M. Péal,
amateur distingué des productions de la nature. Bientôt.
il se trouva ‘en état de donner suite à ses doctes recher-.
chés, et de fairé à âes frais, un voyage dans li intérieur
des États-Unis. | |
LE
1
Là
#.
7m. MÉMOIRES
. À cette époque, M. Adet, Chimiste distingné , déban
quait à Philadelphie avec le titre de Ministre de France.
A peiné instruit de l’entreprise de Palisot , il. vourt chez
lui, l’encourage et veut y associer la patrie, en lui offrant,
en on nom, les moyens d'éteudre ses recherches. Les .
homnkes qui cultivent Les sciences s'entendent aisément;
au premier abord, une bienveillance réciproque les unit,
et, pour être amis , ils n’ont pas besoin des épreuves
du tems.
il- parcoutt à pied les États de l'union y du mord au
sud, depuis l'embouchure de la rrvière d'Hudson, jusqu'à
Sävannah, où l'hiver est regardé comme : la saison. la .
plus agréable de l’année , et de l’est'à l’ouest ; depuis Les -
bords de la mer jusqu’à l’Obio, derrière cette double
chaine de montagnes que l'en suppose être une conti-
nyation des Andès, et que l’on appelle les monts Ape-
laches, Alléghanys et. Montagnes bleues. Des richesses.
_ de tous les genres lui présentent à chaque pas un vaste :
champ d'observations ; æs yeux lui suflsent à peine. Ici |
des animaut partieners au sol, des minéraux de toutes
les sarles et des plantes d’une végétation extraordinaire;
à, des cascades gigantesques , des cours d'eau dont le
volunie étaune l'imagination , des ponts naturels, des
précipices et des ravines, où sont entassés des débris
fossiles d'animaux marins et des coquillages de toute
espèse j par-tout des traces non équivoques des vieilles
révolätions que le globe a subies, des ruines antiques
superpodées sut des débris plus anciens , et cachées elles-
mêmes sons dés ruiñes d’un âge plus récent, qui ne
tarderont pis: à servir de, It aux menumens - ls nier
et de l’art que nous admirons.
Arsr ps met en route, #, silent trois Te :
| Mémorrers. _' #à
Près de Philadelphie et de Wilmington, entré Port-
Growe et Reading ( État de Pensylvanie }, il recontut
sur le bord des eaux courantes et même dans l’édu, uné
plante nouvelle appartenant au’genre heterandra , de Ruiz
et Pavon; il la nommée heterandra reniformis, et s’est
assuré que les bestiaux la recherchent et la mangent
avec sensualité. Cette plante est rampante, munie de
feuilles en cœur et très-voisine du pontadera. ie
Dans l’État de New-Yorck, il remarqua le doùbles
. dent , pus americanus, espèce de lapin à oreilles coartes,
qui ne se creuse point de terrier, et vit indistinctemerit
dans les plaines et dans les bois. Sa chair est blanche
comme celle du lapin, généralement assez tendre, mais
peu savoureuse. La femelle met bas deux petits ‘à chaque
portée ; la première a lieu en janvier, la seconde en
juin ou juillet. Cette espèce, que des naturalistes réu-
nissent au pika tapeti du Brésil, en est bien distincte;
par l'examen de la tête des lapins’ et des lièvres, les
différences ostéologiques , qui existent principalement dans
l'élévation et l'épaisseur de l'apophyse : orbitaire, fa place
du double-dent d'Amérique, est intermédiaire entre les
deux espèces.
Dané le comté de New-Kent, en Virginie, où it &
découvert beaucoup de débris de cétacées et de poissons
il s’est assuré que lé renard gris dé la Virginie, canis
virginianus, comme Pappéle Linné, et canis cCinereo-argen-
tens de gmeliri, n’est pas ane variété da renard d'Europe,
quoiqu'il ait avec lui des ressemblances de taille et de
forme, maïs Bien. utie ‘espêce très-distincte, Il vit. daus
fe treux des arbres et quelquéfois dans des térriers.
Aux environs de Salisbury, dans fa Caroline du tord,
non foin de fa rivière Catavi bag * il éxamine fe premier
8a Mémoires.
et décrit avec exactitude une agrégation régulière et
symétrique de roches basaltiques, ou du moins qui en
offrent toutes les apparences. Les Indigènes lui donnent
le nom de mur naturel (natural wall ); il est placé
dans un monticule de quartz et de sable, au pied
duquel un ruisseau promène ses ondes paisibles. Sa
longueur est de cent mètres, et son élévation hors de
terre, où il s'enfonce, est de quatre mètres. Toutes
ses parties sont réunies par une espèce de ciment, qui
donne, aux roches quadrangulaires dont il est formé ,
Y'aspect réel d'une muraille, Ce monument des âges,
perdus dans la nuit des tems, est d'autant plus extraor-
dinaire qu’il est isolé, et qu’on ne trouve aucune sorte
de basalte, aucun vestige de volcan dans toute l'Amérique
septentrionale.
Les marécages voisins de la ville de Wilmington , ,
même état, lui ont facilité les moyens de faire quelques
tation curieuses sur l’extrême irritabilité de l’altrape-
mouche, dionæa muscipula,; dont les feuilles radicales
un peu charnues, bordées de longs cils épineux, se
contractent, se plient, se serrent de manière à servir
de tombeau à l'insecte imprudent venu dans son sein,
pour y recueillir la liqueur sucrée qu'elle distille. Cette
plante abonde tellement auprès de Wilmington qu'elle
y parait exclusive, et si l’on en rencontre parfois dans
les endroits bourbeux et inondés de la Géorgie, de la
Caroline du sud et de la Virginie, elle y est toujours
fare et comme importée. L'irritabilité de la dionée devenant
nulle ; lorsque la fructification est entièrement terminée,
notre voyageur en conclut qu’elle. est due à une force
interne qui n ’est point connue, et qui se lie étroitement
au mouvément de la sève et à l'entretien de la vie végétale.
Le Auprès
MÉMOIRES 81
- Aüptès de Charleston, dans la Caroline du sud, il a
reconnu, sur les bords de la Santé, des os et des dents
de l'éléphant que l’on ne trouve plus qu'aux Indes
orientales; ils gisaient au-dessus d’un banc de coquillages
fossiles, parmi lesquels se rencontrent des huîtres très-
épaisses, circulaires et de 18 à 21 centimètres de diamètre.
Ils avaient été mis à découvert par le débordement
extraordinaire du mois de janvier 1796, qui éleva tout
à coup les eaux de la rivière à dix fnètres au-dessus de
leur niveau accoutumé.
Sur les hauteurs bien boisées du district de Pendleton,
(même état) et au milieu des hydraugées, des palmistes,,
des tulipiers, des pavies et de bignones toujours vertes,
la recueilli deux.espèces nouvelles de lobélies, le Zobelis
dppendiculata aux fleurs d'un :bleu pâle, et le lobelia
tenuis qui est fort joli; le solenandria cordifolia, très-
belle bruyère. aux petites fleurs d’un blanc pur, qui se
plaît sur Les points les plus élevés; le pleurogonis,
arbrisseau à racine odorante et à drupe pyriforme dont
l'amaude fournit une huile bonne à manger, et le
trichospermum qu’on a, depuis les rectifications d’Ortega
et de Canavilles, rendu au genre parthénie dont Palisot
l'avait détaché d’après des caractères faussement attribués
au parthenium hysterophorum. |
Dans les lieux inondés des deux Carolines , , il a
déceuvert, sous les troncs d'arbres abattus, une nouvelle
espèce de sirène qu’il nomme operculée'; mais, depuis
qu’elle a été trouvée également dans les lacs du Mexique,
et rapprochée de la grande salamandre des monts
Alléghanys, il parait certain que cet animal intermédiaire
n'est que l'axvlotl ou larve d’une grosse espèce de
salamandre. | L ;
Tom. IV.®° 2° Liv, 6
82 MÉMOIRES.
Parvenu dans les marais salins du Kentucky, à très-
peu de profondeur en terre, sur l’une et- l’autre rive
de l'Ohio, il a ramassé plusieurs grosses dents molaires
très-bien conservées , et deux mâchoires inférieures de ce
éolossé animal, que l’on nomme vulgairement mammouth,
et que les naturalistes appellent avec M. Cuvier le
grand mastodoute ou mastodon giganteum. En examinant
ces dernières, il s’est assuré qu'elles n'ont pas été
exactement décrites. En effet, au lieu de 4 et même 6
. dents molaires de chaque côté de la mâchoire, eomine
on Île suppose, la mâchoire inférieure n’en porte que
deux de chaque côté, savoir: la plus intérieure à &
pointes mousses, et la plus extérieure à six seulement.
Élle est privée d’incisives, mais une observation impor-
* tante, échappée jusqu’à lui à tous'les voyageurs, c'est
que, vers l'extrémité antériéure des branches des os
maxillaires, se trouve de chaque côté, à quelque distance
des motaires, une cavité très-petite et peu profonde qui
parait avoir été occupée par unè très-petite dent canines
Ce fait.achève de détruire l'opinion de Pennant, quai
regardait le mammouth comme un éléphant, plus grand
que ceux connus de nos jours. Une autre remarque non
inoivs étonnante, c’est que parmi les mächoires ramassées
jusqu'ici, il ne s’en est pas encore trouvé une seule
supérieure. Cet animal, habitant des terrains mous et
marécageux, portait des défenses courbes, pointues et
longues de 32 décimètres, et se nourrissait à peu près
éommelhippopotame et le sanglier, de racines et autres
parties charnues des végétaux.
Traversant ensuite le comté de Green-Brier , situé à
l’ouest de là Virginie, Palisot de Beauvois vouiut visiter
les grandes cavernes nitreuses, et réunir à sa belle: cdi
|
-
MÉMOIRES. 93.
lection de fossiles, des ossemens de l'animal trois fois
plus gros que les plus forts lions de l'Afrique, que,
quelque temps auparavant, l’illustre Jefferson y avait
découverts , auquel il avait donné le nom de megalonyx ;
et qu’il estimait avoir été i’ennemi du mammouth, comme
le lion l’est de l'éléphant. Il réussit à découvrir un petit
os du poignet et une dent à racine non branchue,
terminée par une couronne creusée à la manière des
incisives du cheval. Cette dent qu’il soupçonue être une
melaire , est déprimée sur les deux faces; elle prouve que
Je mégalonyx n'appartient pas aux animaux carnassiers,
et qu’il se rapproche beaucoup, comme lestiime M.°
Cuvier, du genre paresseux ou bradipus, qu'il était
herbivore , et voisin du megatberium, dont les griffes assez
semblables à celles des lions, des panthères, étaient
enveloppées dans une gaîne osseuse et très-saillante.
Toutes ces observations annoncent le soin que notre
voyageur mettait à bien voir; mais les plus capitales
sont celles qui ont rapport aux serpens. Elles ont jeté
un grand jour sur leurs mœurs, l'espèce de nourriture
qui leur est propre, et sur la place qu'ils doivent occuper
dans nos classifications. L'Amérique du nord en présente
un très-grand nombre; c’est sur-tout dans le New- Jersey
qu’abonde le boïquira ou serpent à sonnettes ( crotalus
horridus ); c’est là que Palisot prit à la main, en février
1797, les trois individys que nous avons vu vivans at
Muséum d'histoire naturelle de Paris. Ce reptile, si
redoutable, s’engourdit, se pelotonne et demeure sans
mouvement pendant l'hiver ; aux approches du printems,
il s’étend au soleil, fait resonner les grelots de sa queue
et remplit l'air de ses sifflemens prolonygés. Il rampe
très-lentement ; jamais il n’attaque les animaux dont
G*
64 MÉMOIRES.
il ne se repaît pas. habituellement ; son caractère est
doux et pacifique; on ne le voit se servir de sa force
que pour se défendre et pourvoir à ses besoins. Sa
morsure n’est mortelle que pendant les grandes chaleurs.
Le boiquira recherche les lieux voisins dés eaux de
source, et lorsque les fortes gelées arrivent, il se réfugie
de préférence sous les gazons arrondis et très-épais de
la sphaigne des marais (sphagnum palustre) espèce de
mousse, dont les tiges portent de 28 à 32 centimètres
d’élévation, et où le froid pénètre très-difficilement. Au
moindre danger, la femelle du boïquira recèle‘ dans "sa
bouche ses petits, dont le nombre varie d’un à cinq,
ce qui l'avait fait accuser de les dévorer. Ce dernier fait
est d'autant plus étonnant qu’il paraît en opposition
avec les principes de la physiologie animale, sur ‘la
respiration , et avec les mœurs des serpens qui tous aban-
donnent leur progéniture au moment même de la naïssance.
Cependant on ne peut en douter jusqu’à ce que des
observations nouvelles viennent détruire celle d’un savant
qui le premier a parfaitement parlé des boïiquiras, qui
Jes a distingués et reconnus être, comme les vipères,
.ovovivipares.
Outre ces détails curieux, Palisot a fait distinguer, aux
naturalistes de l’un et de l’autre hémisphère, une nouvelle
_ espèce de serpent à sonnettes, jusqu'alors confondue
avec le hoïquira, le crotale à losanges (crotalus rhombeus),
qui se nourrit de lapins, d'écuréuils, de rats, de petits
oiseaux ; sa tête est courte, son corps d’un gris jau-
nâtre en dessus, avec deux raies en zig-zag, d’un brun
rougeâtre, le long da dos, formant par leurs angles
une suite de losanges: sa morsure est très-dangereuse
en juillet, août et septembre.
MÉMOIRES. 85
I avait proposé de séparer da genre des couleuvres
le nez- plat qui à la tête triangulaire et la mâchoire
supérieure armée de deux dents plus longues que les
autres, et auquel il avait imposé le nom de heterbdon
platirhinos; mais les naturalistes n’ont par cra devoir
regarder ces caractères comme assez importans pour
créer un nouveau genre. Cette couleuvre est appelée
cannelée ; elle se trouve auprès de Philadelphie et dans
les deux Carolines.
En examivant les serpens, il a. été naturellement
amené à s'occuper de ce qu’on appele la fascination.
Cette sorte de phénomène lui paraît due, non seulement
À l'impression de frayeur dont tout animal est saisi à
l'aspect imprévu d’un hideux reptile, et que son immo-
bilité, la constante fixité de ses veux, ses sifflemens et
sa gueule béante, rendent encore plus cruelle, ‘plus
profonde; maïs il faut aussi l’attribuer à l’odeur forte
et nauséabonde qui s'échappe du corps du reptile. Cette
atmosphère plus ou moins ammoniaco-putride, est connue
des nègres; et leur facilite les moyens d'éviter le danger.
Elle l’est sans doute aussi des oiseaux, des lapins et
autres victimes des serpens: mais une fois épouvantés
par la vue de leur ennemi, asphyxiés pour ainsi dire
par l'atmosphère pénétrante qu’il répand, ils ne peuvent
plus fuir, ils finissent par + Phrocaer et par devenir
victimes d’un malheur attaché à leur existence,
Par-tout dans les différens états de l'Amérique septen-
trionale, Palisot de Beauvois reçut l’accueil le plus cordial,
L'Académie de Philadelphie voulut le compter parmi ses
membres ; tous les savans recherchaient son amitié,
mettaient à profit ses connaissances étendues dans les
deux règnes organisés de Îa nature; ils prenaient
+
85 | TÉMOIRES.
plaisir à l’écouter, à suivre ses observations, à adopter
_ses opinions. Dans ‘es lieux écartés des bords de la mer,
où Îles hôtelleries ne se rencontrent plus, des colonels,
des officiers de tout grade de la milire natiouale, tous
avant servi g'orieusement dans la guerre de l'indépen-
dance lui ouvraient leurs habitations, lui accordaient
l'hospitalité la plus franche et l’aidaient dans ses utiles
recherches. Par-tout il était fêté, par-tout son inquiète -
euriosité interrogeait, sollicitait la nature dont il voulait
démiéier les lois éternelles, dont il travaillait sans cesse
à soulever le voile: rien n’échapyait à ses investigations
hardies. Ses courses, ses travaux furent souvent accom-
gnés de fatigues et de dangers, waïis il en fut amplement
dédommagé par les nombreux et intéressans sujets
d'observations qu'il rencontrait à chaque pas.
Après avoir visité les nations civilisées, il descendit
chez les peuplades encore sauvages qui habitent les
rives de l’Alalaua, du Tombechy, de l’Oconnée et de
FOakumgée, à l’est du Missisipi. El denieura plusieurs
mois de suite chez les Creeks et les Tcherlokys où
Cherokees; 1l véeut avec eux dans l'intimité; aussi ses”
tablettes sont-elles chargées de notes intéressantes qu'il
est bon de recueillir. |
. Ces nations sont rangées sous le gouvernement d’un
chef suprême, élu entre les vieillards les plus distingués
par leur expérience, leur sagesse et les services rendus;
son . autorité est nulle sans le concours des autres .
vieillards qui régissent les familles et ont sous leurs
ordres, comme chefs militaires, des jeunes gens braves
et qui ont fait preuve de talens. Tous les crimes sont
punis par la peine du talion. Le maïs est leur principale
nourriture; ils en font du pain qu'ils ont l'art de varier :
MÉMOIRES. 87
en y mélant des haricots ou du giraumont, des pistaches
de terre, des patates dauces ou des châtaignes. Ils font
aussi, avec les grains du maïs, une boisson aiïgre et très-
désagréable. Les moyens qu'ils emploient pour la culture
et l'usage de cette plante précieuse offrent des détails
curieux, puisqu'ils se rattachent aux mœurs.
à l’époque des semailles .et des récoltes, tontes les
femmes d'un canton se réunissent chez le chef qui les
æonduit successivement sur les différens terrains que
chaque famille a choisis. et préparés, et dont l'étendue
est toujours proportionnée: an nombre de personnes qui
la’ composent. Indépendamment des terrains, ainsi cul-
tivés en oommun, il est libre à chaque famille d’avoir
d'autres champs ou jardins particuliers, mais ils ne sont
point placés sous la sauve-garde publique. Les terres
en commun ne sont jamais pillées; les autres le sont
au contraire, présque toujours. ”
Les travaux de culture sont non seulement’ tous À
la charge des femmes, elles sont encore obligées chaque
jour d’écraser à plusieurs reprises et pendant des heures
entières, la quantité de mais. nécessaire à Ja consomma-
tion de la famille. Cette opération .se fait dans un
mortier de bois. à l'aide d'un bâton terminé par une
espèce de masse. La farine se passe dans des paniers
qu servent de tamis ,. et lorsque le pain est cuit, celles
qui j'ont préparé n’ont pas même la galisfaction de le
manger en compagnie des hommes qu’elles sont obligées
de servir, Pendant qu'elles s’exténuent de la sorte, Îles
hommes sont toute la journée nonchalamment couchés
sur une patte ou sur une peau de cerf ou d'ours,
occupés à dormir, à fumer du tabac mêlé avec des
feuilles de sumac-lentisque ( rAus copallimum ), légè-
68 MÉMOIRES.
rement grillées, ou bien à souffler dans une ffüte, pendant
des heures entières, un air de Hniipenente de ces
‘six notes : : |
‘
:
“7 « +. :
+ CA , ° _. 2 # + LES . $ A
< 4
Durant l'hiver, ils font la chasse et lorsqu'ils reviennent
‘chargé sde butin, ils 'le jettent sans mot dire aux pieds
‘des ferarhes qui doivent dépécer les animaux, cüire les
viandes, extraire les graisses, sur-tout celle d'ours, et
étendre les peaux pour les faire sécher. |
Les Crecks et les Cherokees font usage de ‘la racine
de spirée à feuilles ternées ( spèræa trifoliata'), contre
toutes les maladies; ce remède est: violent, il est en
mérie temps vomitif et purgatif, se prend après un bain
de rivière et une forte décoction de verge d'or à odeur
de fenouil ( solidago odoræ ), queltés que soient les
. époques ou la violence du mal: Contre la mersure des
serpens. ou autres bêtes vénimeuses, ainsi que contre
l’hydrophobie , d’ailleurs assez ‘rare, ils ont recours à
© J'écorce du tuligier, à la racine très-laiteuse de. la
prénaute blanche, ‘et aux feuilles de toutes les euphorbes.
Là, comme par-tout ailleurs, "la coquetterie est un
besoin pour les femmes ; elles portent un nombre indé-
terminé de petites agrafes en argent avec lesquelles elles
relévent leur chemise de mille mañières, et entrelacent
dans 5és plis de longues tresses de leurs cheveux noirs.
‘Elles garnissent le bord extérieur de leurs oreilles de 7 à 9
petite anneaux ; quelquefois, mais plus rarement .que
des homnies, elles'en mettent aux narines et aux lèvres;
enfin, elles masquent lenr figure assez régulière avee
du. vermillon et du noir. C’est:par ces. agrémens em
{
MÉMOIRES. 89
prantés qu’elles cherchent à plaire, et lorsqu'elles sont
malheureuses en amour, ou victimes d’une faiblesse,
‘elles se délivrent de la vie en mangeant des racines. de
spirée-barbe de bouc, (spiræa aruneus).
De retour à Philadelphie, Palisot de Beauvois mettait
ordre à ses nombreuses collections de plantes, d'insectes,
d'animaux , de fossiles ; il se disposait à traverser le
pays des Miamis et des Illinois, pour entrer dans le ter-
-ntoire du Missouri et, de là, pénétrer chez les tribus
guerrières dés Osages et des Arkansas, quand il apprit
sa radiation. de la liste. des émigrés et reçut de France
‘des passe ports pour ÿ rentrer. La voix dé la patrie fut
sacrée pour son cœur essentiellement français; dans &a
joie, il oublie ses projets ‘et Je.17 juillet 1798, il
_s'embarque, laissant en Amérique des souvenirs honorables
de sa: présence. La traversée dura 35 jours, enfin, après
plus de-douse:ans d’une abéence volontaire, il entre,à
Bordeaux . ét. salue par ses. larmes Je sol auguste .de . la
-patrie, après lequel il soupira, si long-temps. —
Hélas! de nouveaux chagrins,. plus cuisans. que ceux
qu'il avait éprouvés: jusqu'alors, l'y attendajent. Sa
fortune dilapidée par des agens infidèles, par . les
.évènemens politiques, par :les emprunts qu'il avait faits
“en pays étrangers, le jeta dans un dédale d'affaires qui
troablèrent son repos. et lui ôtèrent tout espoir de. con-
solation. Un malheur plus grand encore fut la nécessité
-où il crut se trouver de provoquer la dissolution de son
mariage, et les arrangemens de famille, qui naissent d’une
telle démarche,. le contraiguirent à vendre la partie de
ses biens qui avait jusques là échappé, comme par miracle,
aux mains, des déprédateurs. Il se réfugia ensuite dans
Jes bras de l'étude, qui les rendit bientôt à la paix, et
:g9 “MÉMOIRES.
‘k son caractère. Le bonbeur qu'il avait su. se créer an
«sein imême de l’isolement, s’'accrat plus tard par une
seconde union, dans la :compagnie ae femme non
moins aimable que vertueuse. ns N
Quand ÿ revint en France, Palisot trouva que la
"botanique avait fait de grandes acquisitions, qu'elle s’était
enrichie de flores nouvelles, de monographies intéressantes,
“d'ouvrages nombreux; les plantes placées sur les limites
‘du règne végétel et animal qui fixèrent ses premières -
| études, avaient attiré l'attention des botanistes; les uns
‘profifaient de ses découvertes sans lui en rendre hommage,
‘les autres adoptaient Fopinion: d'Hedwid, ou suivaient
‘kes erreurs de Médicus, de Manheim, qui estime les
‘champignons être le résultat. d’une décomposition de la
moëlle et du swc des plantes, changés de nature au
‘#noyen d’une certaine quantité d'eau et de chaleur, en
"d’autres termes, uné simple cristallisation végétale. D’un
‘autre côté, Gœrtner avait imaginé son systême-eomplet
de carpologie, à l’aide daquel les plahtes sont rangées
d’après leurs fruits; Link et Reichel, Rudolph, Sprengel,
Bilderdyek, s’occupaient de ta physiologie qui naît qu
développement des organes de leurs fonctions respectives;
da Petit-Thouars publiait de nouvelles théories sur les
‘bourgeons, Richard sommettait les fraits à ane analyse
rigoureuse. Palisot ne pouvait ni ne: devait demeerer
étranger à cette marche triomphale de la science, il
‘reprit ses travaux sur les ‘cryptogames, et comme pour
‘se’ délasser de cette étüde microscopique, il entreprit
de ‘publier sous Îe titre de flore d'Owware et-sous celui
‘d'insectes recueillis en Afrique et en Amérique, les
‘plantes et les insectes qu’if avait observés à Oware, à
Benin, à Haïti et dans les Etats de:PUnion.- - - - :
MÉMOIRES. gt
Quoique je. sois loin d'appronyer ces ouvrages, où
par un luxe de gravure et de typographie, l'an porte
atteinte à la science à cause du prix excessif qu’on est:
obligé d'y mettre et du peu de profit que les professeurs
et les. adeptes..en tirent, je dois donner des éloges à la
fore d’Oware et de Benin. Elle contient une deseription
et une ‘figure exactes de tous les genres nouveaux et de
touies des. espèces nouvelles recueillies sur les plages
. Africaines, unies à des réflexions et discussions impor
tantes relatives à l’organisation particulière, anx usages
que l'on fait'de la plante et aux moyens: à suivte. pour.
Facclimater en Europe, surtout:dans notre patrie, quand
_ elle peut être: utile à l’homme ou bien aux animaux associés
à ses cultures. Sous le rapport dé la science, cet.ouvragé
fournit, par les découvertes qu'il renferme , des données
nouvelles pour compléter les familles établies ; pour imposer
aux genufes .des .caractères:ceztains , des daractères fixes
et pour remplir les lacunes existantes dans les affinités.
Les insectes ,'qui font une auite nécessaire de la flore,
ne méritent pas moins d'intérêt «par les détails qu’ils.
fournissent aux entomologistes sur.les mœurs, les habi-
tudes et les organes de ces pétits ahimaux , sur l'utilité ou
la malfaisance des uns; sur la beauté, la vivacité et la
variété de couleurs dont la nature a paré toutes les parties
des autres, et sur. les étonnantes, les singulières méta-
morphoses que tous’ subissent. dans le court espace qui
s'écoule de leur naïssance à leur mort.
C'est ici le moment de rappeler une méthode de clas-
sification pour les insectes que Palisot soumit, en 1789;
à la Sociétés des sciences et arts du Cap-français. Quoi-
qu’elle n'ait pas obtenu l'assentiment de: la’ généralité
des naturalistes, je la crois bonne, simple et très-naturelle,
+
TN
x MÉMOIRES. |
du moins pour les caractères généraux des ordres qui
. tendent-à rapprocher les änalogues de leurs types. Les
entomologistes ont adopté ke genre aträctosère qu'il a
proposé ; en 1B8or, d'établir: dans l’ordre des, aoléaptères.
Ce genre est voisin des lymexylons, distinct: des. nycé-
dales:'et se ‘rapproche beavcoup des staphylins :
‘Le souvenir de ses#neiens. travaux, présentés à PAca-
‘éémie des sciences de Paris-et à celle de Philadelphie,
la connaissance positive de ses recherches. lointaines,
‘érouvées par ses envois fréquens au Muséum. d’histoire
taturelle et les observations en tous.gehres, insérées
“dans sa, correspondance avec plusieurs. membres de -l’Ins-
#tuüt,. lui avaient valu. pendant son: absence’, et dès
Fannée. 1#95, le titre d’âssocié corresporidant. à ee corps
#lustre. Aussi dès son retour.et après le -nétablissement
‘de ses affaires particulières, Palisot.s’empressa-t-il d'assister
äux séances, d'y bre des mémoires .et de montrer à ses.
nouveaux collégues kes richesses. nembreuses qu'il avait
rapportées. Cette collection “embrassait les trois. règnes
de: la nature, sur-tout le règne is qui -& toujours.
mérité sa prédilection. . |
Ses observations sur les animaux lui- susrchrent l’idée-
d’une distribution méthodique des quadrupèdes ;'il en divise
Jes masses , d’après la, forme des: doigts et des. ongles, en
digités ; en ungulés et en palmipèdes, et il en range les.
‘individus par des caractère particuliers, puisés dans le-
nombre et la forme des dents, la forme des ongles , ete.
H exposa le plan de cette méihode dans: un-icours de
zoologie qu'il ouvrit, en be ARR ce lnseres
# Paris. Mar à Chen
‘ Mais ‘plus me esent entrainé vers l'étude. des
végétaux , il revint aux plantes qué Linné, a,:pour
_.
MÉMOIRES. 93
æinsi dire, condamnées à former la dernière classe de
son charmant système sexuel. Déjà , dès le mois d'avril
1803, il avait entretenu l'Institut de la nécessité de
‘changer le mot cryptogarnie en celui d'æthéogamie , comme :
plus convenable et applicable à toutes les familles et à
tous ‘les genres; et de diviser les æthéogamres en sept
grandes farnilles ; savoir: les’algues, les champignons,
les lichens, les hépatiques, les mousses, les. lycopades
et les fougères. Dans ce travail long et difficile, fruit
dé 30 années d’études et d'observations, on trouve là
confirmation , ‘et des essais-nouveaux à l'appui du plan
général que Palisot s'était fait; en. 1780, d'examiner. les
cryptogames sous le rapport de leur organisation par
familles naturelles et sôus-celui. de leurs : caractères
‘apparens ‘et extérieurs, pour les äistribuer en genres
‘constans et invartables. | ; :
. Comme Ray, Morandi et Adanson, notre auteur ice:
des algues en tête, comme Île terme de l'échelle végétale,
ou si l’on veut, en sens inverse, le premier degré de
a végétation, le point-où, si l’on pent s'exprimer ainsi,
la matière tend à s'organiser. En effet, les algues sont
‘aux autres végétaux, ce que Îles polypes amorphes de
M. de Lamarck, sont aux autres animaux; elles sort
dépourvues de racines proprement dites, de tige, de
‘feuilles , de fibres ou tubes et de trachées qui composent
en grande partie l’organisation des plantes phanéroga-
mes. Réaumur, mon savant correspondant M. Stackhouse
et Roth; Dillen, Muller, Dillevin, Draparnand, Girod-
Chantrans et Vaucher, ont remarqué, les trois premiers
dans le plus grand nombre des fucus, et les autres dans
‘les conferves, des parties distinctes de la substance et
qu'ils regardent comme’étañt leurs organes réproducteurs.
GA MÉMOIRES:
Palisot étudie les algues sous un autre point de vue;
ü s'occupe de l’organisation intérieure de toutes les
parties, et particulièrement de la contexture de leur
substance; et, marchant toujours du simple au composé,
il divise cette famille eu trois sections bien distinctes,
les ikodées, qui. naïssent toujours ou au bord, -ou. au
fond des eaux stagnantes sur la vase, et dont toutes les
parties sont enveloppées par une matière molle, muqueu-
8e; les érichomates, dont la substance, toute filamenteuse,
herbacée, commence à prendre la forme arborescente
que la nature ne doit plus abandonner, et les scutoides,
à substance membraneuse et coriace, dont les organes
xeprodacteurs sont presque toujours contenus dans des
tubercules extérieurs, plus ou moins apparens..
Les champignons occupent la seconde. place et sont
analogues aux polypes à rayons. Il est bon de se rap-
peler ici que. Palisot de Beaavois a° le premier. en
France préparé les progrès qu'on a faits dans cette
partie de la botanique, et que ses recherches sont
antérieures en publication à celles de Paulet et de
‘Bulliard. E distingue les champignons parasites de ceux
qui ne le sont pas; il compare à certain animaux inver-
tébrés les premiers qu'il a remarqué tant sur la plumule
‘des. plantes annuelles, que sur les jeunes pousses des
‘plantes pérennes et sur les bourgeons des arbres, sous
forme de petits grains, tantôt jaunes, tantôt bruns, et
tellenient fixés que l'immersion et l'agitation dans l’eau
-nme peuvent les détacher. Les Champignons parasites ne
” s'iutroduisent point par les racines avec les sucs nourriciers
des végétaux sur lesquels ils vivent ; ils ne circulent
. point dans l’intérieur: des vaisseaux à l'instar des vers
inteslins, ainsi que le pense un botaniste célèbre ( M.
MéMorres. 99.
| de Candolle ), mais ils s’attachent. à l’épiderme qu'ils.
traversent pour se loger dessous, ou bien, comme la
roestelie, tombés sur les jeunes bourgeons, ils se fixent
aux jeunes feuilles, et sont ainsi portés au haut de ces:
végétaux. qui s'élèvent, en entraînant avec eux leurs.
ennemis. Les champiguons non parasites, qui se déve-
loppent d’une manière à peu près uniforme, mais plus
ou moins sensible, ne sont, dans l’origine que des
filamens très-minces et très-déliés, vulgairement appelés
_ blancde champignon , qui, en prenant de l’accroissement ,
deviennent racines, poussent des tiges, portent des fleurs.
et des fruits; ils se perpétuent par des graines dont le
nombre, la situation, l'insertion, la dimensda, la forme.
la couleur, aic., varient ainsi que dans tous Jes autres
végétaux. Ces graines. que Gœrtner regarde comme des
espèces de gemmes, transportées par les vents, s’attachent
à différens corps au moyen du gluten dont leur surface
est impréguée, et,.si des circonstances favorables secon-
dent leur développement, de vastes surfaces sont bientôt
couvertes de champignons. Des corps où la. graine se
fixe, Palisot en déduit trois classes, savoir: 1° les
champignons qui croissent sur la terre, et parmi les
débris de végétaux, sans s’y fixer immédiatement; 2,° les
champignons -faux-parasites, dent le nombre est très=
petits, et que l’on trouve sur ‘des arbres encore vivans,
3.° et les champigness qui naissent sur des boïs morta
et sut des feuilles tombées, Ces derniers sont de deux
sortes, les annuels et les vivaces. les uns sont mous
"eu fugaces , secs mais fugaces., solides et durent long
tems; les autres, en: très-pelit sombre , fournissent cette.
sobstance d'un. usage si commun que lon nomme amadoue.
.… Les. lichexis, dont les scutelles sont organisées intéris
96 MÉMOIRES |
_urement comme les pézizes, tiennent le troisième rang
dans l’æthéogamie ; le quatrième est occupé par les
hépatiques chez lesquels on commence À trouver les:
indices d'une fructification mieax prononcée et plus
analogue à celle des autres végétaux que nous nommons
parfaits. Palisot leur reconnait, avec Linné, pour organes
fécondans les urnes portées sur un pédicule que Hedwig.
et ses partisans déclarent être les organes femelles.
‘ La cinquième classe comprend les monsses Elles
offrent de vraies racines, une tige, des feuilles , et des.
organes particuliers et distincts, qui paraissent être:
ceux à l’aide desqnels elles se régénèrent, La fleur,
essentiellement la même dans tous les genres et dans
toutés les espèces, ne diffère extérieurement que par
Fe nombre et la forme des organes accessoires aux organes
immédiats” de la génération. Micheli et Linné ont
considéré l’urrme comme la partie mâle, et les rosettes
éomme la partie femelle; Tournefort et Hedwig pensent
que l’urne est au contraire une fleur femelle, et regar-
dent les rosettes comme l'organe ‘mâle. Palisot, dont les
travaux ont démontré qu'il s’est occupé des mousses
d'une: manière toute particulière, à qui des analyses ,
suivies d'expériences nombreuses, ont donné le droit de
faire autorité dans une matière pareille , assure que les
deux organes se trouvent réunis dans les mousses. Ce
qui confirme cette opinion, c'est que l’urne existe dans
tous les individus de cette famille intéressante, tandis
än’il est plusieurs genres auxquels on, n’a pas encore
découvert de rosettes. La division méthodique des mous-
ses est la plus exacte et la plus naturelle qui ait été
proposée jusqu'ici. Bridel lui a fait de larges emprunts
sans en nommer l’auteur. Palisot, en rendant compte
du
MÉMOIRES _ 97
du Species muscorum a été plus juste, plus homme de
_ bien, puisqu'il le proclame digne sous tous les rapports
de l'élève de l’ami du célèbre Hedwig : » l'exactitude
» des descriptions, dit-il, l'attention que M. Bridela
» eue de décrire jusqu’aux plus petites parties qui peu- :
» vent servir à distinguer des espèces très-voisines, et
» qu'il serait aisé de prendre pour des variétés, rendent
» cette nouvelle production précieuse pour les botanistes. »
Les lycopodes, perdus jusqu'ici comme genre, tantôt
parmi les mousses, tantôt parmi les fougères, prennent
dans l’æthéogamie le pénultième rang, et deviennent
intermédiaires entre les cinq et septième familles natu-
relles des plantes à noces insolites. Les lycopodes
croissent de la même manière que les mousses, dont
ils ont à quelques égards le port et le facies, mais ils
s’en éloiguent par la forme tout-à-fait différente des .
fleurs ; ils ont plus de rapports à cet égard avec les fou-
gères, mais ils s’en éloignent par la manièré de croître
et par l'anneau élastique qui accompagne toujours la .
fructification. Cette famille contient sept genres bien
distincts, quant à la disposition des fleurs mâles.
Les fougères forment lé septième et dernier échelon
_des familles æthéogames. Comme toutes les plantes de
cette classe, elles sont munies de sexes et ne se régénèrent
point par des gemmes ou des propagules, ainsi que l’ont
démontré MM. Lindsay, de Mirbel et Thouin.
Le prodome d'æthéogamie est le travail le plus
important qui ait été entrepris sur une classe nombreuse
de -plantes difficiles à étudier, très-peu connues, et avec
lesquels la plupart des botanistes les plus célèbres ne
sont pas eux-mêmes très-familiers; c’est donc un service
rendu à la science, et en même temps le plus beau titre
Zom. IV 3.°° Liv, | 7
98 : : MÉMOIRES.
de gloire de Palisot. La table qui l'accompagne, et dans
Jaquelle il décrit les espèces nouvelles, indique le nom
que chaque auteur a donné à tel ou tel genre, et à telle
ou telle espèce, offre la synonymie la plus complète, et
an modèle à imiter pour arracher enfin la botanique
à ce dédale de noms qui font le désespoir des maitres,
et dégoütent l’élève de l'étude la plus aimable. Fe
En 1806; Palisot de Beauvois publia quelques notions
générales eur la famille des palmiers, dont le port
imposant et majestueux, dont les formes agréables et
les fruite délicienx les placeraient seuls au nombre des
premiers bienfaits accordés à l’homme par la nature, si
d’autres qualités non moins précieuses ne les rendaient
essentiellement utiles aux usages et à la vie des peuples
qui habitent les climats chauds. Ce mémoire n’est que
l’'ébauche d’une monographie détaillée, dont Fourcroy
l'avait engagé à s'occuper, et pour laquelle il se livra
à des recherches Jongues et pénibles, mais qui sont
loin d’être. complètes. Il a sollicité tous les savans pour
qu'ils lui fournissent les moyens de fixer irrévocablement
_ la place que les palmiers doivent occuper dans un
système artificiel, et de faire cesser la grande confusion,
le vague, l'incertitude qui règnent dans les caractères
donnés jusqu'ici aux genres et aux espèces. :
Au mois d'août de la même année, se trouvant alors
à Douai, il eut l’occasion de remarquer une production:
peu commune de la famille des champignons, apparte-
gant au genre merulius ; il rapporte à ce sujet une
anecdote fort piquante, nouvelle preuve de l’égarement
des esprits qu’enchaînent la superstition et une dévotion
irréfléchie. Peu de temps après, le 17 novembre 1806,
ÿ fut appelé à l’Institut comme membre résident. En
MÉMOIRES, 99
s'asseyant dans le fauteuil académique, que tant d’autres
regardent comme le siège d’un éternel repos, il sentit toute
Vobligation que lui imposait un ti aussi honorable,
et on le vit doubler encore de zèle.
Toujours ‘et pour ainsi dire uniquement occupé à
déterminer positivement si les mousses et les lycopodes se
régénèrent comme les autres végétaux staminifères, et
quelle est la nature des organes que l’on croit être ceux de
Ja fructification de ces sortes de plantes, Palisot à offert,
en 1811, sur ce problème important une solution qui
ne doit plus laisser prise aux préjugés, aux préventions
et à l'esprit de système. H répondit à toutes les objeo-
tions qui lui avaieut été faites dans l'intérêt réel de la
science, et démontra avec évidence, 1.° que, sous tous
les rapports, la poussière des mousses et des lyÿcopodes,
quant à la nature de ses substances, et quant à ses
formes, réunit tous les caractères que les botanistes ont
reconnus dans le pollen; 2.° que l’autre organe est en
tout semblable à un fruit parfait composé d’un péricarpe
et de semences, dans lesquels on reconnait les deux
enveloppes qui les caractérissents 3.° enfin qu'outre
ces deux organes qui sont les analogues des deux sexes,
les mousses et les ‘Iycopodes sont munis d’un troisième
organe, semblable à celui que l'on observe sur la dentaire,
Ja bistorte, le lis, quelques graminées et certaines espèces
du genre allism.
Dans la même année, il a donné connaissance à
YInstitut de ses recherches sur la physiologie végétale,
Elles embrassent plusieurs questions du plus haut intérêt,
Celles relatives à la marche de la sève el à la forma-
tion du bois lui ont fourni les moyens de combattre
+
/
100 MÉMOIRES.
avantageusement l'opinion des savans qui supposent
émaner de l’aubier ancien l’humeur glaireuse ou came
bium , que l’on vcŸtranssuder horizontalement du tronc,
et qu’on dit contribuer à la formation du liber. Il s’est
assuré qu’en enlevant une portion d'écorce à un arbre,
qu’en en frottant bien la plaie, de manière à n'y laisser
ni liber ni cambium, jamais l'aubier ni le bois ne
reproduisaient rien, mais que les bords de la solution
de continuité faite à l'écorce, s’étendaient , recouvraient
le bois resté à nu, et produisait alors du liber et de
Y'aubier incontestablement émanés de l'écorce. Cette
expérience, opposée à l'opinion de M. de Mirbel, qui
veut que ke liber se transforme en hois, et à celle de
M. Kinght, qui considère le cambium comme formant
une couche, origine première du bois et de l'écorce,
prouve la communication générale de toutes les parties
du végétal, et comment elles peuvent se suppléer mutuel-
lement dans leurs fonctions.
Passant ensuite à l’examen de la moëlle des végétaux,
suiet perpétuel de controverse entre les physiologistes,
il établit en principe qu'elle exerce, pendant l'existence .
des plantes, des fonctions, sinon d’une nécessité abso-
+ lue pour leur cônservation, du moins très-importantes
pour leurs progrès et le développement de leurs branches,
de leurs feuilles, et surtout des organes reproducteurs.
Ce qui le démontre d’une manière irrésistible, c’est la
forme de létui médüllaire qui est en rapport toujours
uniforme avec l’arrangement et la disposition des branches,
ou des feuilles sur ces mêmes branches. En effet, dans
les plantes à rameaux et à feuilles verticillées, comme
le sapin et les autrés arbres congénères, l'aire de la coupe
horizontale de l’étui médullaire montre autant d’angles
à
MÉMOIRES. ot
qu’il y. a de rameaux à chaque étage et à chaque ver-
ticille; dans les plantes où les feuilles sont opposées
deux à deux, comme dans le frêne, l'aire de l’étui est
oblongue ; dans celles où les feuilles naissent trois à
trois à la même hauteur autour de la tige, comme
dans. le lauxier rose, la. verveine odorante, eéc., l'aire
est triangulaire; dans celles où. les feuilles sont alternes
et en hélice, de façon qu’il faut cinq feuilles. pour faire
le tour complet de la tige, comme dans le chêne, l'aire
est pentagone; enfin, lorsque les feuilles sont en
spirale, le nombre des. angles de l'étui médullaire est
égal à celui des feuilles dont se composent les spirales.
Grew avait observé des. formes très-variées dans l’étui
médullaire, sur-tout dans celui des racines pivotantes
des plantes potagères; mais il n'a point saisi. les rapports
de ces formes avec les dispositions des rameaux et des
feuilles. De son côté, Bonnet s'était attaché à distinguer
les végétaux à feuilles opposées, verticillées, alternes, en
spirales, mais il n’a point fait le rapprochement de ces
. dispositions avec la forme de l'étui médullaire. La dé-
couverte appartient donc toute entière à Palisot de
Beauvois; elle montre le soin qu’il mettait à ses expériences,
et l’étude approfondie qu'il avait faite de la nature.
_ En jetant les yeux sur les graminées, qui sont tout
à la fois la base de l’aisance pour le propriétaire, et
J’'élément de la vraie richesse pour les états, il voit avec
peine la confusion , je dirai même le désordre dans lequel
se trouve leur famille botanique; il consulte les nom-
breux ouvrages publiés sur cette matière depuis les plus
anciens jusques aux plus modernes; ik assure que plusieurs
auteurs ont donné lieu à quelques beureux changemens,
mais qu'ils n’ont pas contribué dans la même proportion
10% MÉMOfRES.
à étendre les limites de la scienee, sous Île rapport de
Ja partie dogmatique ; il conçoit alors l’idée d'établir un
corps de doctrines, il y travaille pendant plusieurs années,
et en 1812 il le livre à l'impression, Son but est de
donner à la phylosophie botanique une méthode nouvelle ,
fondée sur l’étude approfondie des organes de la fructi-
fication, sur des caractères constans déduits de l’organi-
sation de chacuue des parties de ces mêmes organes. Ses
bases tiennent principalement à la séparation ou à la
réunion des sexes, à la composition de la fleur, et au
riombre de ses enveloppés. Îl divise les. graminées en
_
213 genres, dont 195, parfaitement distincts, ont été:
étudiés sur la nature même. On y compte 62 genres
nouveaux ; les autres sont ou peu connus, ou douteux,
ou bien avaient été mal caractérisés par leurs auteuts.
L'ordre àdopté tient à la fois à celui de Linné et à celui
de Jussien. Comme Palisot s'y était attendu, son essai
sür l’agrostographie a rencontré des critiques, les unes
portent sur l’admission et l'adoption de quelques termes;
d'autres sur la’ multiplicité des genres ; très-peu ou
plutôt aucune ne s’est élevée sur la théorie ni sur la
méthode, si l’on excepte la nouvelle distribution pro-
posée par Robert Brown dans ses savantes remarques
sur la botanique des terres-austraies. Yen a profité pour
chauger, pour réduire ses genres, pour compléter et
perfeclionner de plus en plus une méthode qu’on doit
regarder comme très-heureuse, simple ; naturelle et facile
pour létude des plantes qui intéressent le plus l'humanité.
En 1813, le phénomène si connu de la chute des
féuilles en automne, lui offiit un sujet nouveau de médi-
tation. La chute des feuilles a lieu de deux manières
sûr certains arbres ; il eu est qui se dépouillent par le
/
MÉMOIRES. 103.
haut de leur’cime, d’autres par le bas. D’où provient
cette différence ? Palisot nous l’apprend; les espèces où
la pousse automnale consiste en de simples prolonga-
tions des. extrémités des rameaux , se dépouillent d’abord
par le bas ,. tandis que celles dont la pousse se fait
par des. petits rameaux latéraux, commencent à se
dépouiller par le haut; en d’autres termes, les feuilles
venues les dernières ‘sont aussi les dernières à tomber.
Mais se demandera-t-on avec Duhamel, comment 5e
fait-il que le froid et les. gelées. respectent davantage
des feuilles tendres , toutes nouvelles, tandis que d’autres
plus anciennes ne peuvent leur résister ? C’est que, dans
ce cas, comme dans celui qui, malgré la douceur de
la température, voit tomber les feuilles de nos chênes
transportés au Cap de Bonne-Espérance , la saison des
frimas n’est pas la cause essentielle de la mort des feuile
les ; leur chute est un résultat nécessaire et co-ordonné
à la marche de toute la végétation; soit que la cause
provienne du développement des bourgeons, ou de
Le
l'endurcissement de lécorce, soit par la formation du
bois ou l’altération intérieur lentement préparée par la
nature, la feuille rougit ( comme dans le sumac, la
vigne ), bruüit ( comme dans le noyer ), bleuit (comme
dans le chèvre-feuille ) ou jaunit ( comme dans l’orme;,
le chêne , le peuplier ), le pétiole se détache , et le tissu
se dissout.
- Un botaniste allemand, M." Schkuhr, ayant , en 1814,
le premier observé dans le genre des laïches ou carex qu'il
existait des espèces à deux et trois stygmales, et que
le nombre de ces organes était constamment le même
que celui des angles da fruit, cette découverte fixa
l'attention de Palisot et fut pour lui l’objet d'un travail
‘104 MÉMOIRES.
nouveau autant que difficile. Il étendit l'observation à
toute la famille des cypéracées. Le nombre des'stygmates
Jui fournit aussitôt des caractères génériques , au moyen
‘desquels il se promettait de débrouiller facilement cer- .
tains genres de eette famille qui sont très-nombreux en
espèces et ont fait jusqu'ici le désespoir des classifica-
teurs. Il fut à ce sujet quelques observations ingénieuses
. à l'Institut ; le temps ne lui a pas permis de les co-or-
donner et de les terminer.
De nouvelles idées ne pouvaient fe détourner de ses
premières affections, elles ajoutaient au contraire à
Vactivité de son esprit, à son infatigable patience, et
doublaient le prix des conquêtes qu'il faisait chaque
année sur le domaine mystérieux de la nature. D'ailleurs
les difficultés qu'il éprouvait relativement à soù système
de la fructification des mousses, l’excitaient à ne rien
‘négliger pour ramener, par des faits, les agamistes dans
le cercle étroit de Ja vérité où il avait su pénétrer
par sa ténacite et l'excellence de ses observations. Il
communiqua, le 27 juin 1814, à l’Institut des réflexions
ultérieures sur les organes sexuels des mousses, desquelles
il résulte les faits suivans qui confirment pleinement
ceux qu'il avait observés trente-quatre ans auparavant,
SAVOIR :
1.” Les urnes sont incontestablement des fleurs ber-
NApRroIes - |
2.° La poussière verte que les urnes contiennent
le pollen ;
3.° Dans une extrême jeunesse, le pollen n’est qu’une
masse compacte, informe, semblable à de la cire ou
de la pâte molle, à l'instar du pollen renfermé dans
les antbères des autres végétaux;
MÉMOIRES. 105
4° Dans Îles mousses, comme dans les autres plantes,
cette pâte prend successivement de la consistance; elle
se divise petit à petit et finit par se convertir en poussière;
5° Les grains qui la constituent sont verts, anguleux,
anis les uns aux autres par de petits filamens très-courts
et formés chacun de deux et le plus ordinairement de
trois loges transparentes, remplies d’une humeur com-
parable à l'aura seminalis du pollen ordinaire ;
6° La véritable semence est contenue dans un petit
corps central que les botanistes appelent la columelle
de l’urne; |
7. Cette columelle, qui varie de forme d’an genre à
l'autre, est constamment à peu de chose près la même
dans les espèces du mème genre; elle s’ouvre pour laisser
échapper les semences qu’on observe dans son intérieur;
8° Dans plusieurs mousses il se trouve un troisième
organe, assez semblable par sa forme et sa contexture,
au petit corps central de l’urne, qui, comme lui,
renferme des petits grains opaques et est percé à son
sommet pour faciliter leur sortie ;
9. Enfin que ce dernier organe paraît n'être en
maturité et ne s'ouvrir que lorsque la poussière s’é-
chappe de l’urne.
Ces faits que Palisot m’a rendus palpables, qu'il a
exposés avec précision et avec calme, détruisent entiè-
rement le système d'Hedwig qu'il a combattu dès 1780;
ils ne sont pas opposés aux idées de Dillen et de Linné,
et ils prouvent que tôt ou tard la nature sait révéler
ses secrets à ceux qui l'interrogent sans PÉSIEREORS :
sans esprit de parti. |
Une victoire aussi belle fut an triomphe signalé pour
le savant botaniste, mais, semblable à ces généraux
206 MÉMOIRES.
austères des-anciennes. républiques qui, pour faire oublier
Ja grande autorité qu'ils avaient exercée pendant les.
dangers, venaient déposer leurs. lauriers sur l'autel de
la patrie, Palisot voulut la. consacrer par un. bienfait
envers les hommes. Il en trouva l’idée dans. la. famille
des æthéogames, l’aînée de ses favorites.
Dans la vue de prévenir, sur-toùût à la. campagne ;
Jes accidens qui chaque année, se renouvellent d’une
manière si fâcheuse par l’usage inconsidéré des cham-
pignons , il rédigea, en 1815, sous le titre de Manuel
& l'usage des amateurs de champignons, une instruction
familière propre à éclairer les citoyens de toutes les classes:
et à la portée de tous. Cet opuscule demeuré inédit ;
contient quelques observations nouvelles qui n’échappe-
ront pas aux botanistes; mais ce qui n’est pas moins
important, il est écrit avec simplicité, clair dans les.
. descriptions qu’il offre des champignons bons à manger,
donne des conseils sages pour les cas d'imprudence et
d’entètement, car il ne faut pas se le dissimuler, les
meilleurs champignons causent des accidens très-graves
Jorsqu’on en mange trop ou même lorsque, sans en
avoir fait excès, l'estomac est hors d’état de les digérer,
Le plus prudent serait de n’en manger d'ancune sorte;
mais comment vaincre l'espèce de dépravation qui fait
hasarder sa vie pour satisfaire à la sensualité d’un moment?
On trouve très-communément dans les lieux maréeageux
des herbes extrémement petites, flottantes à la surface
de l’onde et destinées à en retarder la putréfaction et
à absorber l'air malfaisant ; elles sont appelées lenticules
et par les bolauistes Zemna. Jusqu'en 18:15, le genre
de ces plantes était mal connu; Micheli, Ehrbardt et
Wolf n’avaient fait qu’en effleurer l'histoire, Palisot d4
MÉMOIRE=Ss. For
Beauvois en à le premier recueilli les graines mûres,
il les à faites germer, en a suivi très-attentivement les
diverses périodes de végétation, et a reconnu que la fleur
est hermaphrodite, à enveloppe d’une seule pièce, à
deux étamines qui se développent successivement , à
style unique, à ovaire supère devenant une capsule
uniloculair@, se déchirant circulairement à sa base, et
contenant de une à quatre semences striées. La fructi-
ficalion est située dans le point de réunion des feuilles,
Ea lentille bossue , (lemna gibba), est l'espèce qui lui a
servi à faire ses observations. |
Sans cesse occupé à résoudre les questions les plus
ardues, à tenter des recherches délicates, je l’ai vu pro-
fiter de l’humidité extraordinaire et des pluies si désas=
treuses de 1816, pour se livrer à l'étude approfondie
des plantes parasites. L'année fatale en avait tant déve
loppé, qu'il s’en est trouvé dans le nombre plusieurs
échappées jusqu'alors aux botanistes les plus beureux
dans ces sortes d'investigation. Il fit counaître une variété
de sclerotium qui diminua de près des deux tiers la
récolte des haricots non ramés, sur lesquels elle s'était
propagée ; une nouvelle espèce de sphæria qui a détruit
prodigieusement d’ognons ; une nouvelle espèce d’uredo,
qui leur a été plus pernicieuse encore, et un nouveau
genre de plantes microscopiques qui croît sur une autre
parasite, l’orobanche qui fait tant de tort au chanvre :
c'est une espèce de tubercule qui se fixe au-dessus de
4 racine de l’orobanche, et nuit considérablement au
végétal condamné à leur servir de pâture. Ce tubercule
présente des caractères qui le rapprochent beaucoup des
truffes et des sclérotium ; cependant il s’en éloigne par
des différences très-notables.
LD
108 MÉMOIRES.
, Ces découvertes lui avaient fait naître l'idée d'envisager
l'existence des plantes parasites et des insectes, sous Île
point de vue de leurs rapports avec les autres plantes,
et d’en déduire quelques observations neuves pour la
pathologie végétale, sur laquelle on a. que des rensei-
gnemens vagues, malgré les travaux de Duhamel, de
Plevek , Philippe RÉ, etc. Déjà il avait rassemblé plus de
six mille objets tant exotiques qu'indigènes,. sur, ces
diverses productions qu’il nommait pAytopolites. Un mé-
moire rédigé depuis long-temps et accompagné d’un grand.
nombre de figures qu'il m'avait lu, mais que je n'ai.
point retrouvé dans ses. papiers, contenait. des choses
entièrement nouvelles et dont on ne se formait pas même
l'idée. ’ | |
. Etranger aux jouissances de la vie qu’une sobriété.
philosophique et raisonnée lui. rendait inutiles, que la
simplicité de ses mœurs ne lui permettait d'envier à
personne, Palisot de Beauvois. ne se plaisait que dans
son cabinet , où la nature était sans cesse interrogée , les
affections de famille sans cesse écoutées, et la bonne amitié
toujours accueille. Là, l'étude soulagée sa tête toujours
active et consolait son cœur des Jongs désastres de la
_ patrie; il se levait de très-grand matin, travaillait tout
le jour, souvent aux heures des repas, et même assez
avant dans la nuit. À la ville, à la campagne, dans
les salles du Muséum d'histoire naturelle, sous les
bosquets verdoyans du jardin des plantes, partout il
se livrait à des observations ; ce n’était qu’au spectacle,
où il allait rarement, qu’on pouvait l’entretenir de ses
affaires personnelles. Il assistait religieusersent aux séances
de l'Institut, de la Société centrale d'agriculture , de.
Ja Société philomatique, et presque toujours il.y venait
chargé de pee nouveaux. |
{4
Mémorres. To
Üne vie aussi pleine, un travail aussi assidu, devait
nécessairement user les ressorts secrets de” l'existence
et porter atteinte à sa constitution vigoureuse. Il le
reconnut à ce besoin qui le dévorait de presser ses
recherches si'délicates, si fatigantes, de laisser en héri-
tage aux savans ses découvertes et son exemple, et
de consigner sur le papier ces lumières si difficilement
acquises et qui s’éteignent avec le souffle de la vie,
Son préssentiment ne fut que trop justifié. Dans les
premiers jours de janvier 1820, il fut atteint d’une
fluxion de poitrine. Il dissimula ses souffrances pour
prévenir les inquiétudes d’une épouse chérie, pour ne
point tourmenter ses amis, pour imposer à son courage
une dernière épreuve ; mais il fallut succomber, et le
21, âgé de 67 ans et demi, il paya sa dette à la nature,
il s’endormit du sommeil du juste. Le lendemain ses
restes inanimés furent déposés par ses collègues, ses
amis, ses élèves au cimetière de l’est. Au nom de l’Ins-
titut, M. de Jussien, qui fut son plus constant ami,
son correspondant, le dépositaire de ses collections en
son absence , le témoin de ses travaux avant ses voya-
ges et depuis son retour, a jeté des fleurs sur la tombe
qui pour jamais, le séparaït de nous , et rappellé à tous
ceux qui le connaissaient , les titres qu il s’est F AequIs .
limmortalité.
Palisot de Beauvois portait sur sa figure, dans tout
l'ensemble de son être les belles qualités de son Ame,
Né bon, le malheur développa davantage encore les
nobles qualités de son cœur. Personne n’a _été plus
ferme dans ses affections, plus aimable, plus gai, plus
spirituel dans sés épanchemens, et lorsqu'il pouvait
obliger, c’est alors que son amitié révélait les plus beaux
10 ‘MÉMOIRES.
élans d'une âme généreuse. Dans le monde, c'était Île
meilleur des hommes; dans son intérieur , la profondeur
de ses études ne l’empéchait pas d'être le plus tendre
des époux, de trouver le temps d'initier dans le secret
des sciences les petits fils de son maître, de son ami
Lestiboudois, de donner des conseils aux jeunes gens qui,
par goût et par sentiment, se livraient aux recherches
utiles. En tout temps, en tous lieux, son commerce
fut sûr et agréable, ses manières nobles sans orgueil,
polies sans bassesse et sa naiveté d’une franchise peu
commune. Les disgraces de ses amis l’affectaient plus
vivement que les siennes propres; c’est alors qu'il était
singulièrement irritable à l’injure, qu’il aurait tout bravé
pour venger, pour sauver ceux dont son cœur avait
fait choix. Passé cette circonstance , une semblable suscep-
tibilité ne. l’atteignait que légèrement, dans aucun cas
elle n’avait le pouvoir d’aigrir son caractère. Tolérant,
mais sans indulgence pour le vice, passionné pour la
gloire, quoique sans ambition, l’amour des sciences
élevait sans cesse sa pensée, exaltait san courage et le
reudait infatigable. Quand il s'agissait de la botanique,
nen ne lui coùtait ; fallait-il s'assurer d’un fait délicat?
jl s’y livrait tout entier, il cherchait la vérité pour
glle-même et m'était jamais troublé par la penste des
applaudissemens ou des critiques. Fallait-il combattre
une erreur? il le faisait de bonne foi, avec une cops-
tance remarquable, il employait tour à tour la force
du raisonnement, l’arme si puissante de l'expérience et
même celle du ridicule qui n’est pas toujours innocente.
Mais s'agissait-il des intérêts de sa patrie, son âme
grandissait avec celte cause sublime, cette cause des
cœurs vertueux. Pen d'hommes ont poussé ce senti
MÉéMoines | TITI
ment aussi loin; s’il n’a point versé son sang peur
son pays, il lui a sacrifié sa fortune, sa santé, ses
jouissances les plus chères ; il a bravé l’intempérie des
climats pour exploiter le domaine des sciences. Au seul
nom de Îa patrie, je l'ai vu verser des larmes à l'idée
de voir ses destinées tombées en des mains avides de
sang et de désordres. La pensée de nos calamités pro<
fondes le plongeait dans une tristesse que sa physionomie
trahissait souvent ; le poids de cette affection douloureuse
a causé ça fin prématurée.
Palisot était doué d’une très-bonne vue et d’une adresse
vraiment remarquable, aussi en faisant usage du mi
eroscope avait-il tous les moyens de se garantir des
silusions de cet instrument et de s'assurer de l'exactitude
de ses deseriptions. Il dessinait avec soin et sa mémoire
prodigieuse lui fournissait tous les termes de a ns)
dont il pouvait avoir besoin.
Les belles-lettres étaient le sen! délassement qu'il se
procurât. La lecture de nos meilleurs écrivains et le
culte des Muses fesaient ses délices. Son. goût exquis
embrassait tout ce qui est aimable, s’attachait à tout
ce qui est beau. Il ne possédait pas seulement le grec
et le latin, l’anglais et l'espagnol, mais il était familier
avec la littérature de ces diverses’ langues. Il a laissé
des plaidoyers qui auraient pu lui faire un nom au
barreau. Il a fait plusieurs pièces de théâtre; une
entr'autres, sous le titre du Raïlleur, qui ne serait pas
indigne de la représentation; c'est une comédie à carac-
tère, en cinq actes et en vers, où son sujet est traité
d’une manière large et avec une parfaite entente des
passions et du jeu de la scène. Son éloge de Fourcroy
est écrit d’abondance et l'expression d’une âme sensible;
& L
ï12 MÉMOIRES.
en faisant celui de Rollin, il a, me disaïit-it, payé une
dette du cœur: tous ceux qui jouissent des lumières de
: Pinstruction doivent un tribut à celui qui employa sa
Ÿ
vie entière à poser des bases solides à la meilleure
éducation de la jeunesse. |
On trouve de lui quelques articles de lotnique et
de physiologie végétale dans le nouveau Dictionnaire
d'histoire naturelle, dans le Journal de botanique , dans
la Revue encyclopédique, etc. Parmi ses manuscrits
achevés, j'ai remarqué celui de son voyage sur la côte
occidentale de l'Afrique, plusieurs mémoires curieux, qui
devraient être rendus publics. C’est un devoir que son
épouse a à remplir et qu’elle die sans aucun
doute avec empressement. ui |
Un botaniste estimable, M. de Mirbel, avait établi,
sous le nom de bebisia, un genre de plantes ayant le
port des pteris et celui des polypodes; mais les différentes
espèces qui le composaient étant rentrées dans les genres .
lomaria et asplenium, déjà existans, M. Desvaux, qui
fut aussi l'ami de notre savant académicien, a proposé
de donner le nom de Palisot de Beauvois à la plante
que l’infatigable voyageur avait recueillie à Oware, et,
en opposition avec les lois prescrites par Linné, consa-
crée à ce colasse politique qui, du sommet de la gloire,
fut précipité dans une île perdue au milieu. du . vaste
‘ Océan, pour avoir renversé Îles autels de la patrie, et
foulé aux. pieds les droits imprescriptibles de l’homme.
La belvisia cœærulea est. remarquable par la beauté, et
la singularité de ses fleurs bleues: c’est un ordre nouveau,
et intermédiaire entre les passiflores et les cucurbitacées,
Pons ren
NOTES.
MÉMoïRes. 119
AAA EEE Ut VVVUVEVULANT BAR VE
NOTES. :
(r) Ce joli recueil a été offert par Palisot de Beauvois
à M. de Jussieu comme un souvenir de 30 années d’üne
amitié toujours égale, et comme un gage de reconnaissance.
(2) Palisot m'a donné le cahier qu'il avait déposé à
V'Académie des sciences, en 1786. Il eët revêta, ne
varietur , de la signature de Condorcet.
(3) Mémoire sur l’organisation des champignons et
re mousses, lu à l’Académie des sciences le 8 février
1783. — Mémoire sar. les semences des champignons,
lu le 7 de juillet 1784. L'Académie ordonnä l’impres-
sion de tous deux dans les mémoires des savans étrangers.
; (4) Ce mémoire obtint l'approbation de l’Académie
qui arrêta le 18 février 1786, sur le rapport de Fougeroux
de Bondaroy et de A. E. de Jussieu, qu Le serait pose
dans le recueil des savans étrangers.
(5) L'arbre dont on retire cette liqueur vineuse est le
palmier-raphia.Voy.la flore d’Oware etde Benin, t.®°1, p.77à
(6) Ce nom est celui que les nègres donnent aux blancs.
(7) Hordes de bandits qui vivent dans l’intérieur ‘de
‘la Guinée, et sont constamment es pour faire
des prisonniers.
® (8) Tout cè que je rapporte d'Oware'et de Benin est
extrait des manuscrits de Palisot.
(d) En octobre 1814, il renouvella les mêmes idées
dans sa réfütation d’un écrit intitulé: Résumé du témoi-
ênage.….. touchant La traite des nègres, in-8.° Patis, 1814.
(10) Tom:IV. pag. 173 et suiv. des transactions of
the Américäan philosophical society of Philadelphia.
(11) Mémoire inédit lu à l’Institut le 16 plaviôse an
VHI, ou 5 février 1800.
‘174 MÉMOIRES.
* (12) Mémi inédit lu à l'Institut à la même époque:
"2 ‘le Bulletin de la société PROAERES de so j
n. 43, fructidor an VIII.
(13) Imprimé dans les mémoires de PInstiut (Académie
des sciences ) tom. de 1818, pag. 109 et suiv., et descrip-
tion des Etats-Unis , par Warden, tom. 1, pag. 80 à 80.
(14) Notes inédites recueillies dans le jee de ses
voyages en Amérique. ‘
(15) Mémoire inédit lu à l'Institut le G frimaire an
VIN, ( 27 novembre 1790. }
(16) Zd.-lu le 16 frimaire an VII, (6 décembre - Fe
- (17) Elle est décrite dans le jardin de la Malmaison
Fe Ventenat, pag. 6q._
* (18) Mémoire inédit lu à l’Institut le 26 no: an
VII, ( 4 février 1799. ) :
(19) Voyez tom. IV, p. 277 à 279; des ‘actes de
l'Académie de Philadelphie.
: (20) Mém. inédit lu à l’Institut le 6 frimaire an VIIT,
( 27 novembre 1799 ); cité par M. Cuvier, animaux
fossiles, tom. ‘2, art. Mastodoute. |
(21) Mém. inséré dans les actes de l'Académie de
Philadelphie, tom. IV, pag. 362 à 385. |
(22) Voy. le même vol. pag. 377.
* (23) Mém. sur les serpens, lu à l’Institut le 12 décembre
1798 , inséré dans ’histoire naturelle des reptiles, tom. 3,
pag. 63 à 52, publiée par Sonnini et Latreille, pour faire
suite au Buffonin-18, imprimé à Paris en l'an X.
(24) Palisot avait combattu cet auteur dans une
lettre écrite de S' Domingue, le 2 juillet 1789, et insérée
dans le journal de physique de février 1790, tome
XXXVI, pag. 81-05.
(25) Mém. inédit lu à l’Institut le 16 thermidor an*
IX, ( 4 août 1801. ) |
#
MÉMOIRES LES
(26) Mém: inséré dans le tom. IT, pag. 202 à 213,
des transactions philosophiques de la société de Philadelphie.
(27) Son herbier est passé à sa mort entre les mains
de M. Delessert, Banquier à Paris.
(28) Ce mot, "dérivé des mots grecs a'yôu' e,insolitæ, et
Yapos, nuptiæ, indique la présence des sexes, mais dont
le mystère ‘n'est pas encore parfaitement connu.
: (29) Le travail sur les algues, lu à l’Institut les 30
mars et 13 avril 1807, est encore inédit; il doit être
accompagné de dix ls dont je ani un exemplaire
gravé. à
(30) Le - travail: sur les hnois est demeuré
incomplet.
(31) Mém. lu à l'Académie des sciences en 1780, et
inséré dans la partie botanique de ?’Encyclopedie mé-
thodique, art.: champignon. — Mém.. inséré dans les
annales de Museum, tom. VIII, pag. 334 à 346.
: (82) Mém. lu à l’Institut le à novembre 1806, inséré
dans le journal de botanique | tom. 2, pag. 147 à 1065.
(33) Je. n’ai rien trouvé dans les papiers de Palisot
de Beauvois qui eut trait à ces deux familles. |
(34) Prodrome d'æthéogamie , in-8.° Paris, 1805.
(35) Comptes rendus à l’Institut le 6 juin 1808 et
le 15 août 1813. Ils sont l’un et l’autre insérés dans
le journal de botanique, tom. 1, pag. 49, et tom. IV,
( le 2° de la nouvelle série ) pag. 153: |
(36) Le travail sur les fougères est demeuré incomplet.
. (37) Mém. lu à linstitut le 26 septembre 1806,
inséré dans le journal de botanique , tom. 2, pag. 74 à 87.
,» (38) Notice insérée. dans le 1.” cahier, juillet 1816,
des ephémérides des sciences naturelles et médicales.
(39) Consultez le journal de botanique, tom. II,
( le 1. de la 2.° série ) Page 12 à 16,
8*
a16 MÉMOIRES.
(4o} H a été élu le 17 novembre 1806,
(ét) Mém. lu à l'institut le 22 avril 1811, inséré
dans le journal de physique, tom 33° — Il yen a des
exemplaires tirés à part.
(42) Mém. lus à Pinstitut le 20 avril et 6 juillet
18:12, imprimés dans Les actes de l’Académie des sciences,
année 1811, pag. 121, 160 de la 2° partie. |
- (43) Essai d’une nouvelle Agronographie, in- F et
jn-8. , avec fig. Paris, 1812.
(44) Ge travail inédit est passé entre les mains de
M. Achille Richard.
" (45) Mém. inédit lu à Pastitut Je 25 octobre 1813.
(46) Le 18 avril 18:14.
(47) Ce mém. est inséré en ‘partie dans le jogrnai de
physique, tom. 79. Le mémoire manuscrit est accom-
pagné de onze dessins, contenant 58 figures, et les
détails de tous les genres. Les planches ont été gravées,
” (48) Cette instruction, demeurée jusqu'ici inédite ; ne
tardera pas à paraître. Je me propose de la publier,
(49) Mém. inédit lu # l'Institut le 11 septembre 1812.
(50) Mém. inédit lu à l'Institut le 5 août 1816.
(51) Mém. inédit lu à l’Institut le 9 septembre 1816.
(52) Publié in-4. Paris, 18u.
(53) Je possède ce discours manuscrit que Palisot écrivits
en 1815, alers qu’il fut nommé Conseiller de l'Université.
(54) Journal de botanique, tom. VI, ( le 4" de la
vouvelle série), pag. 128 à 130.
(55) Mém. lu à PInstitut le 16 veudémiaire an XIJI,
(8 octobre 1804 }; imprimé par extrait in-f” La plante
est décrite dans la flore d’Oware eï de Benin , tord, H,
pag 29 à 92.
+ ht se —_
MÉMOIRES. 117
QUE AAA LU VAT. LAN ur VAS LASAANRRS
PHILOSOPHIE ANATO MIQUE.
Les mum
Des Monsiruosités humaines:
Ouvracz contenant une classification des Monstres ;'la
description et la comparaison des principaux genres ; une
histoire raisonnée des phénomènes de la monstruosité et
des faits primitifs qui la produisent ; des vues nouvelles
= touchant la nutrition du fœtus et d’autres circonstances
de son développement; et la détermination des diverses
parties de l'organe sexuel, pour en démontrer l'unité
de composition , non seulement chez les monstres, où
l’altération des formes rend cet organe méconnaissable,
mais dans les deux sexes, et, de plus, chez les oïseaux
et chez les mammifères: |
Par M." le Chevalier GEOFFROY - SAINT - HILAIRE ;
Membre de l’Académie Royale des Sciences; Professeur-
Administrateur du Muséum d'histoire naturelle, ax jardin
du Roi, etc., etc. |
‘Un volume in-8.°. 1822, avec figures des détails
1
anatomiques.
Analyse faite pour servir plus nérliuliement de com-
plément à l’observa'ion d’un fœtus monst'ueux, insérée,
dans le tome 3, des Mémoires de la Société royale d’Arras
page 235, par A. R. P. DUCHATEAU, Membre résidant
_ de cette Société. etc.
. Les monstruosités ont toujours fait le sujet des médi<
tations et des recherches des philosophes , des médecins
et des naturalistes. Le peuple y trouvait le sujet des
augures ; et lorsque l’homme croyoit son existence
Tom, AV." 3 Lips 8
118 . MÉMOIRES.
dirigée par des esprits invisibles, les monstruosités etoient
pour lui l’œuvre deé puissances surnaturelles. À chaque
enfant difforme qui naissoit dans Athènes ou dans Rome,
le peuple s’entassoit dans: les Temples pour y conjurer la
colère des Dieux. Du temps du bon Ambroise Paré, la
naissance d’un monstre étoit considérée comme une cala-
mité publique et faisoit présager une guerre ou une
famine. Dans la suite, le peuple détrompé sur la fausseté
de ces présages ne se bornoiït plus qu’au ‘sein de la' famille,
et cet évériement s’emparoit surtout des sentiments et de
toutes les facultés de la mère, que le spectacle de son
enfant dégradé portoit à retourner sur elle-même toute
lhumiliation que l'injustice sembloït faire peser sur le
malheureux qu'elle avoit porté dans son sein. Delk la
. ressemblance que cette mère croyoit retrouver dans les
objets plus ou moins frappants qu’elle disoit avoir vus , ou
dans les choses les plus bizares qu’un appétit déréglé lui
avoit fait désirer pendant sa grossesse. Delà la naissance
d’une infinité de préjugés que l’on rencontre écrits.
avec complaisance dans les Recueils périodiques publiés
pendant le 17."° et le 18.” siècle; les histoires de
choses extraordinaires consignées dans les éphémérides
des curieux de la nature, etc. Mais les savants natu-
ralistes qui ont vu dans ces abberrations humaines Îles
affections morbifiques que le futus éprouve dans le sein
de la mère, ont cherché par une classification philoso-
phique à les grouner et les réunir en aflinité physique
_et à en faire des classes, des espèces et des variétés.
BUFFON en forme 3 classes. La première est celle des
monstres par excès; la seconde des monstres par défaut,
et la troisième de ceux qui le sont par FÉRYCreRent ou
la fausse position des parties.
EN
\
MÉMOIRES . : 119
CRARLES BONNET établit 4 classes de monstruosités.
La prenière, vice de conformation extraordinaire de
quelques organes ; la deuxième, ceux où les membres
ont une situation irrégulière; la troisième comprend les
déviations organiques par défaut ; enfin dans la quatrième
se trouvent les monstruosités par excès.
BLUMENBACH, rapporte aussi à 4. modifications
particulières les’ déviations organiques. 1.° Les change-
ments de forme ou forme irrégulière des parties indivi-
duelles, fabrica aliena; 2.° Les changements de situation
des organes, silus mutatus ; 3° Les vices par défaut,
defectus; 4° Les vices par excès, excessus,
HUBERT , établit 9 classes de monstruosités. r.° Excès
!
des grandes parties ; 2.° Défaut d’un ou de plusieurs:
organes ; 3.° Réunion de plusieurs animaux (A); 4
Individu régulier en général; mais offrant dans un point
un organe dont la disposition appartient à une autre
espèce, par exemple des oreilles de lièvre sur une tête
humaine; 5.° Fausse position de quelque partie; 6.°
Réunion de plusieurs organes ; 7.° Conformation générale
régulière ,-avec un éxcès de quelque petite partie; par
exemple , six doits (B); 8.° Différence de proportion
entre des parties qui doivent être symétriques : ainsi, par.
exemple , la différenee de longeur entre-deux membres;
(A) Voyez dans le rapport de M " le Sécrétaire de la Société,
Particle que je lui ai communiqué sur un hèvre à huit pattes et
deux corps. |
(B) J'ai vu à l’'Hopital des enfans trouvés plusieurs exemples
de'cette meustruosité et j’ai rencontré dans ma pratique Civile
l'exemple d’un frère et d’une sœur, qui avoient à chaque main
un doigt pendu par un petit cordon, qui s’attachoit à la face
interne du doigt auriculaire, :
j
_
120 ; MÉMOIRES.
9-° Trop de grandeur ou d’exiguité dans le corps considéré
4
en général.
‘ VOIGTEL, fait 10 classe de monstruosités ; 1.° Par
défaut d’une partie; 2.° Par surabondance de parties indi-
viduelles ; 3.° Par réunion de deux fruits; 4.° Déviation
organique de parties individuelles ; 5.° Déviation du corps
entier ; 6° Transposition des parties individuelles ; 7.°
Excroissances non-naturelles ; 8.° Séparation des parties ;
9. Oblitération des ouvertures naturelles; 10.° Prolon-
gements. .
MALACARNE., divise les monstruosités én seize ordres
différens. 1° Microsomie , ou exiguité de tout le corps;
2. Micromélie, ou exiguité des membres ; 3.° Macro-
somie ; 4° Macromélie; 5.° Polyeschie, ou monstruosité
de tout le corps; 6.° Eschomélie, ou monstruosité‘ d’un
membre; 7.° Atélie ; ou défaut d’un membre; 8.° Méta-
thésie, ou transposition d’un membre ; 9.° Polysomie;
, Ou corps multiple ; 10.° Polymélie, ou membres multiples;
11. Androgynie ; 12.° Diandrie , ou double organisme
mâle ; 13.° Digynie ; 14.° Andralogomelie , ou homme
avec des membres d'animal ; 15.° Alogandromélie, ou
animal avec des membres humaïns ; 16.° Aloghermaprho-
ditie, ou hermaphrodisme animal.
Je pourrois encore rapporter plusieurs classifications
de monstruosités , telles que celles de MM. Théviranus ,
. Meckel, Chaussier, Adelon et Breschet, etc.; mais si
nous avons déjà insisté autant sur celles dont noue
avons donné l’analÿse, c’est pour que le lecteur en les
comparrant avec celle de M." JEEFFROY ST.-Hizaiïne,
puisse mieux reconnoître la supériorité de sa méthode
qui consiste à lier ces phénomènes morbifiques , à
des principes immuables de la théorie des analogues , dus
MÉMOIRES. ; 121
principe des connexions , des offinités électives des élé-
ments organiques et du balancement des organes.
M." JEOFFROY ST. - HILAIRE prend le cerveau
eomme objet de la baée de sa classification et ne regarde
les lésions des autres viscères que comme des résultats
secondaires de déformation.
Voici les noms et les caractères des genres que M.'
J£OFFROY avoit examinés lors qu’il alu à l'institut son
mémoire intulé : Essai d’une classification des Monstres
en
.” Coccycéphale. (Tête sous a forme d’un coccyx. )
_2.° Cryptocépñale. (Tête invisible extérieurement. )
ge Anencéphale. (Tète sans cerveau.)
4. Cystencéphale, ( Tète avec cerveau vesiculeux. ».
. 5.° Dérencéphale. ( Tête avec cerveau dans le cou.)
: 6. Podencéphale. (Tête avec cerveau sur tige. )
O7. * Notencéphale. (‘Tête avec cerveau sur le dos. }.
8.° Hémiencéphale, ( Tète avec moilié de ses maté-
| riaux. )
9: * Rhinencéphale. ( Tète à trompe ou à narines
| extraordinaires. }.
0. Stomencéphale. (Tète à bouche fermée. )
11.° Triencéphale. (Tête privée de trois organes des sens.)
12.° Spénencéphale.. ( Tête remarquable par une partie
de son spénoide. )
13.° | Diodoncéphale. (Téle avec une double rangée
d'os dentaires. )
. Lorsque M: Jrorrnox ST.-HILAIRE eut connois-
sance de l'observation que j’avois publiée dans ces mémoires
_et dans le journal complémentaire du dictionnaire des
sciences médicales , il désira voir le sujet, et je crus
122 MÉMOIRES.
‘servir la science en le lui envoyant. Ille disséqua avec
le célèbre anatomiste M." Serres , et cette dissection fut
le sujet d’un mémoire de 66 pages et d’une très-belle
gravure qui contient les détails de cette monstruosité.
Ce mémoire a pour titre: Description d'un monstre
humain , né en octobre 1820. Établissement à son sujet
d’un nouveau genre sous le nom d’Hypérencéphale. Nous
allons en donner l'analyse très-détzillée.
Le premier paragraphe traite des altérations de la tête,
dont la phisionomie n’est altérée que par un bec de lièvre
double. Le dessus de la tête est dans l’état le plus diffor-
me: le cerveau est enveloppé par ses membranes qui lui
tiennent lieu de bourse ;: mais elles n’ont souffert aucune
altération, ni dans leur texture ni dans leur prolongement
naturel. Les os du crâne, pour être dans l’état normal,
auroient dû être prolongés sur Île vertex pour former la
la calotte crânienne ; mais ils se sont arrêtés dans leur
développemegt et forment une espèce de coupe ou de
bassin sur lequel repose le cerveau. Les fronfeaux se
réduisent à un landeau osseux demi - annulaire, et,
malgré leur exiguité, il ne manque rien de ce qui en
peut être regardé comme Îa partie essentielle. On a pu
s'assurer qu'ils présentoient trois faces , une oculaire, une
frontale et l’autre cérébrale. Les pariétaux sont de simples
filets alongés , principalement celui de droite, plus grêle
et d’un quart plus long que son congénère. L’occipita se
présente sous la forme d’un filet arqué, et principalement
renflé sur le centre. Le sphénoïde n'est point encore
soudé dans les pièces qui le constituent. Ses grandes
aîles et les temporaux sont ramasséa et comme concen-<
trés sur eux-mêmes.
Dans le second paragraphe intitulé dx tronc, du dépia-
ES
MÉMOIRES. 123
eement e des nouvelles relctions de ses viscères, M."
JzorFroY Sr.-HILAIRE a examiné cette tumeur pyra-
midale que j'ai dit être située sur la ligne médiane, et
maintenue à l’aide d’un pédicule, renfermant les, prin-
cipaux viscères de la poitrine et du bas ventre. Nous
allons. examiner ce que l'inspection a offert de plus
particulier dans chacun de ces viscères:
1.” Le cœur, quoiqu’étant au dehors, n’en établit pas
moins par sa base ses rapports avec la circulation géné--
rale et pulmonaire. Libre, comme s’il eut été renfetmé
dans le médiastin et enveloppé par son. péricarde , il a
pu, ainsi que je l’aj observé, palpiter. pendant trois quarts
d'heure. |
2. Les poumons n’ont point changé de place. Ils sont
restés abrités par les côtes , seals des organes contenus
dans la poitrine. Îls ne se ressembloient pas: quant à
leur forme. Le droit étoit triangulaire, très-aplati et un
peu renffé à l’entrée des conduits aériens. Le poumon
gauche offroit une grande et une pelïte scissure, étoit
ramassé , conique au sommet, coupé en biseau . à
pextrémité, et terminé par une longue portion qui for-
moit la voüte, et s’étendoit en arrière pour couvrir le
rein, qui suivoit immédiatement le poumon. -
. \
3.° Le diaphragme, dans la situation des choses,
devenoit important à examiner au milieu de tant de
désordres ; mais il ne manqua pas plus qu'aucun autre
viscère. » On l’appercevoit étant divisé comme le sternum,
» descendant de celui-ci, s'étendant au-dessous du pou-
» mon et servant de coëffe.à l'appareil urinaire, Ainsi
. » toujours à la même place, toujours interposé pour
_ 3 diviser le. tronc en ses deux moitiés, la cavité de fa
Lé
124 MÉMOIRES.
» poitrine et celle de l'abdomen, il servoit de cloisors
PET organes formés et nourris par les premières .sub-
» divisions des rameaux artériels. En devant, il ne s’éten-
» doit que sur les capsules surrénales; mais en arrière
» il recouvroit le rein lui-même. »
© 4. L'estomac étoit aussi situé dans cette masse. On
a pu y suivre sans difficulté, au moyen du stilet, les
issues qui alloïient et qui venoient. Les intestins étoient
en parlie agglomérés et formoient un groupe très-concen-
tré, sans que leur capacité ne ressentissent rien de
cette circonstance. Ils étoient également distendus , ile
versoient, comme à l'ordinaire, dans les suivantes et
ils étoient plus ou moins remplis par les méconions.
Le rectum se rendoit droit à l'anus, en passant au
devant et tout le long des vertèbres lombaires.
. 5° Le pancréas étoit profondément engagé dans la
masse des viscères. Sa forme étoit celle d’un bonnet
contourné ; sa base ‘s’appuioit -sur l'estomac, son volume
étoit considérable, et sa masse d’un tissu comme charnu.
6.* Le cor ‘on ombilical étoit ramassé comme pelotonné
et formé de plusieurs replis adhérents entr'eux et avec
le placerta. Son insertion se faisoit près de la bride
principale qui unissoit la tête avec ce deruier viscère.
L'extrémité ‘œtale de ce cordon s’épanouissoit sur un
des points de la surface du foie. |
7. Les reins j00ie ont de plus d’aisances que dans un
état ordinaire : aussi’ étoient-ils parvenus à un dévelop-
pement très-considérable. Chacun surpassoit le cœur en
volume. Îls étoient surmontés de leurs capsules surrénales,
8 Les organes sexuels offroient peu de variation : le
testicule droit étoit descendu à l’anneau inguinal , le
gland de la verge présentoit une légère irrégularité.
”
ee
MÉMOIRES. 125
‘ e.° Le sternum étoit bifide et séparé en deux appa-
reils très-écartés en demi-sternum. Au milieu de l’écar- ”
tement s’est effectuée la métastase viscérale que nous
avons décrite.
Nous venons de parcourir tout le cercle des difformités
que j'avois signalées dans mon observation , et dont
l’ensemble d’exceptions ou d'anomalies constitue le carac-
tère des monstruosités dont M.° JEOFFROY ST.-HILAIRE,
fait un nouveau genre sous le nom d’Aÿperencéphale.
( Cerveau au-delà de sa boîte. )
Je crois avoir fait assez connoîtré par cette analyse
Je dérangement et l’état des parties contenues dans les
trois cavités splanchniques de la monstruosité d'Arras
J'avois aussi signalé l'adhérençe du fœtus au placenta et
de plusieurs autres brides qui le mettoient en rapport
__ avec ses enveloppes. Ces brides qui sont considérées
actuellement comme l'unique cause des monstruosités
avoient déjà été prévues par M." JEOFFROY ST.-HILAIRE :
car il nous dit , lorsqu'il s’occuppoit à la recherche de la
‘çause des monstruosités: » Ce que je venois de chercher
» péniblement par voie d'expérience , je l'avois acquis
e déjà sans le moindre effort et par voie d'observation
» directe : car ce que je souhaitois de découvrir n’étoit
» autre chose que les brides placentaires que m’avoit
» présentées l’Ayperencéphale; observation qui fut un
» trait de lumière pour mon esprit, et qui m'éclaira
» instantanément sur les conséquences d'un fait aussi
» important. »
En entreprenant cette analyse, je n'ai eu d'antre
intention que celle de compléter l’ebservation que j'avois
insérée dans Ces mémoires. J'aurois pu trouver dany
126 | «MÉMOIRES.
l'ouvrage de M." JzorrRoY ST.-HILAIRR, des sujefs
” dignes de fixer l’attentiou des naturalistes et des médecins;
mais les bornes qui m'ont été prescrites ne me permettent
point d'entreprendre un tel travail. J'engage le lecteur
à puiser dans cet ouvrage rempli de vues neuves et
d'ingénieux apperçus, des connoissauces sur Îles cas
d'organisations les plus singulières et sur les monstrua-
sités les plus horribles et les plus désordonnées.
P. S. L'état physique et moral, les occupations et
Jes impressions de la mère qui a produit un phénomène
aussi extraordinaire que l’ÆHyperencéphale méritent d’être
recueillis. Je vais donner counaissance de ce qui me
paroit le plus important par rapport à la cause mor-
bifique du sujet qui nous occupe.
Cette femme est née de parents sains, et dans l’aisance.
Elle est très-forte et d’une taïlle assez élevée. Dans sa
jeunesse elle ne fut jamais malade. Elle épousa, à l’âge
de 21 ans, un ménuisier , très-brave homme, incapable
envers elle d'aucune brutalité. Dans les dix premières
‘années de son mariage elle eut six enfants très-bien
portanis. Pendant chaque grossesse elle se faisoit saigner
au moins trois fois. Elle les allaita tous. Le septième
fut l’Ayperencéphale. Quelque tems avant cette dernière
grossesse, leur aisance diminua. ls ifurent obligés en
peu de temps de changer plusieurs fois de logement.
Lorsque je vis cette femme dans sa grossesse, je crus ne
pouvoir arriver jusqu’à elle. Sa mère me fit descendre
dans une cave, nous en traversâmes une autre au bout
de laquelle je trouvai un long corridor qui me conduisit
à un escalier en spiral. La deuxième cave et {le corridor
étoient. encombrés à droite et à gauche de morceaux de
MÉMOIRES . 127
bois. Je parvins dans une cour, après avoir gravi les
20 ou 22 degrés de l’escalier. Je traversai cette cour
. ainsi qu'un petit jardin humide, et j'arrivai enfin à
son logement qui n'étoit qu’un cabinet et qui étoit
ombragé par un énorme noyer. Elle étoit couchée dans
un grand lit. J’eus beaucoup de peine à l’appercevoir :
car une épaisse fumée remplissoit ce cabinet qui étoit
encombré de telle sorte, qu’on pouvoit à peine s'y
retourner. Le chemin que je viens de décrire étoit plu-
‘sieurs fois parcouru par elle dans la journée. Elle portoit .
presque toujours un de ses enfants, qui, en s’agittant,
lui donnoit des coups sur le ventre. De nombreuses
occupations l’empéchèrent de se faire saigner selon sa:
coutume. Je pense que la négligence de cette évacuation
sanguine, que .les fatigues qu'elle a éprouvées et les
contusions qu’elle a reçues sur le ventre, ont donné .
lieu à une inflemmation adhésive du placenta avec
le fœtus, d’où vinrent les brides que nous y avons
observées , considérées comme cause principale de -la
difformité d'Arras, |
D HOIS CES
128 Mévornes
RARARAALANARAIARAAAS ARS LAS AAPAAS LAS AUS VAR SALLAS AAA LUS AAA A/S ARS.
ANALYSE
Des recherches et observations sur le Prorieo;, faites
à FHôpital St.-Lou's, pendant les années 1819,
‘ 1820, 1021.
Par F. J. MOURONVAE, Docteur en Mid.
: ‘ VARNARA AAA AR AREAS RAA ANS
Avec cette épigraphe.
: Ars tota in observaltionibus.
ERA RAA AA PRAIRIE RAA RAPARRRRAR RARES.
Lo TEUR de ces recherches après avoit, dans un
préambule, remarqué que les nombreuses maladies ,
dont la peau est souvent le siège, n’ont pas été étu-
diées par les anciens, avec cette rare exactitude que
Von a lieu d'admirer dans toutes les autres branches
de la médecine, dit avec vérité qu'il a régné jusqu’à
ces derniers tems, la plus grande confusion dans cetté
partie importante de la pathologie, et qu'il étoit réservé .
à un médecin d’une sagacité profonde et d’une imagi-
nation brillante de déméler le cahos. En effet c’est à
M." Albert que nous devons les' connoissances que
nous avons acquises sur les maladies de la peau, et
quelques notions sur le véritable caractère du prurige.
Cette maladie ayant de l’analogie avec plusieurs autres
affections de la peau, surtout avec la gâle, M.°
Mouronval s'est particulièrement appliqué à signaler
les caractères de ces deux affections , aux moyens desquels
on ne pourra plus désormais les confondre, comme on le
fait encore assez souvent ; et toujours avec de graves
inconvéniens, pour ceux qui sont victimes de cette
erreur.
L
MÉMOIRES. 129
» Placé dit l’auteur, de manière à pouvoir observer
» le pruriso, sous toutes les différentes formes, et
» témoin des larmes etl des plaintes amères qué
» poussent à chaque instant les malheureux , qui en
» sont atteints, j'ai dû réunir tous mes efforts, pour
__» trouver quelques moyens de guérison. Toujours cir-
» conscrit dans Îles bornes étroites d'une rigoureuse
» observation, je ne me suis abandonné à aucune espèce”
» de théorie; mais j'ai cherché constamment à trouver
» des faits et à les rassembler pour en tirer des consé-
» quences certaines. » Il définit ensuite cette maladie
appelée psydracia par Frank, et qui a reçu le nom de
prarigo, par la plupart des médecins modernes , à cause
de la vive démangeaison, une éruption cutanée non
_contagieuse, caractérisée par le développement d’un plus ou
moins grand nombre de boutons, ordinairement de couleur
rougeâtre , et ne renfermant jamais ou presque jamais
de liquide ; accompagnée d’une démangeaison cuisante,
comparée à des piqûres d’aiguilles, qui a son siège plus
souvent derrière les épaules, aux lombes, à la partie
interne des cuisses, rarement eutre les doigts.
Les causes que l’auteur regarde comme pouvant donner
naissance à cette maladie sont très-nombreuses ; il signale
particulièrement les suivantes comme les plus fréquentes :
une mauvaise alimentation, des lieux bas et humides,
l'abus des liqueurs alcoholiques et des salaisans, la
malpropreté, le défaut de menstruation , sa suppression,
celle d'une hémorragie, d’une saignée habituelle | d’un
vésicatoire ; les chagrins, l’âge critique , l’application des
corps irritans sur la peau , les privations de toute nature.
Ïl rapporte ensuite huit observations très - détaillées
de prurigo dù à ces différentes causes.
,
\
130 MÉMOIRES.
Le sujet de la première est un homme de 47 ans, qui
ayant joui pendant long-tems de l'aisance, fut atteint
du prurigo après avoir été plongé dans la misère par des
revers de fortune, il fut guéri par des bains de vapeurs.
Aqueuses, pris alternativement avec les fumigations sulfu-
reuses. Dans la seconde observation, c’est une femme
de 68 ans qui est attaquée du prurigo, après avoir séjourné
Jong-tems dans des lieux bas et humides , et guérie par
l'usage extérieur d’une solution de savon blanc dans
Valcohol, des lotions sulfureuses et des bains simples.
Une femme de 46 ans qui devait sa maladie à l'extrême
misère, est aussi proptement guérie par le vin de quin-
quina, les sucs d’herbes, et les bains simples. Dans la
quatrième observation il est question d’une jeune personne
de 17 ans qui, à la suite d'un saisissement brusque,
fut atteinte du purigo : l’usage des bains sulfureux et des
fumigations sulfureuses pris alternativement firent dispa- .
roître premptement les symptômes de la maladie. L'abus
des liqueurs fermentées, après avoir éprouvé de longs cha-
grins, donna lieu au prurigo porté au plus baut degré, chez
une femme de 28 ans. L'usage des moyens décrits ci-dessus
amenèrent une prompte guérison; mais qui ne fut pas
de longue durée ; la cause qui avait donné naissance à
la maladie n’ayant pu être détruite. L'auteur a aussi
observé le prurigo joint à une maladie du. foie; l’éruption
paraissait et reparaissait périodiquement avec des déman-
geaisons intolérables, pendant l’apparition des boutons
la malade éprouvait du soulagement du côté du foie.
C'était une femme de 70 ans pour la guérison de laquelle
on a mis en usage, les délayans, les irritans à l'extérieur,
les sucs d'herbes, le petit lait aiguisé par un sel neutre,
les légers -purgatifs avec un succès presque complet;
MÉMOIRES 191
maïs elle était encore à l'hôpital St.-Louis', le 22 mai 1822,
Toutes les classes de la société peuvent être affectées
de cette maladie; les hommes de lettres les plus recom-
mandables sont souvent tourmentés par le prurigo,
à la suite des travaux excessifs du cabinet, des veilles
. immodérées, de chagrins, de tristesse, etc. Il est bien
plus commun dans la vieillesse qu’à l’âge viril ou pendant
la jeunesse; il se complique souvent avec des inflammations
chroniques des viscères. Le prurigo s’observe dans toutes
les saisons de l’année, mais surtout au commencement
de l'hiver, en été pendant les grandes chaleurs. Cette
affection est le plus souvent sporadique : elle est par fois
épidémique. Hoffman en rapporte une épidemie, qui :
eut lieu à Halle en 1776, et c’est alors surtout qu’on l’a
confondu avec la gâle ; elle est indémique dans certaines
contrées, dans l'Espagne, la Croatie , les Provinces Illyrien:
nes où j'ai eu occasion de l’observer ; elle est due à la
malpropreté, la mauvaise nourriture , la suppression de
la transpiration cutanée. La gâle épidémique dont parle
Ramazini, semblait tenir à des caudes de cette nature.
On remarque communément à St.-Domingue,des éruptions
…
prurigineuses qui attaquent ordinairement ceux qui y
séjournent, et les quittent lorsqu'ils en sortent; mais
c'est principalement sur les bords de la mer que l’on
voit le plus fréquemment se développer cette maladie où
toutes ses causes semblent se réunir. Quelquefois, elle
semble affectionner les étrangers , on dit que les
tartares qui sont en Russie, en sont fréquemment
atteints, et très-souvent les victimes. Dans certains cas le
. prurigo se développe d’une manière critique, c’est-à-dire
qu’il termine des maladies aiguës, des fièvres, etc., et
alors.il serait dangereux de le suprimer trop promptement,
+
152 MÉMOIRES.
M Mouronval ‘après avoir fait connaître les causes
du prurigo, passe à la description générale. L’éi aption
paraît quelquefois subitement, d'autrefois elle s'annonce
par une démangeaison insupportable, avant qu’il y ait
des boutons, le malade s’arrache la peau, s’ensanglante.
Bientôt il paraît des élévations rougeâtres, ou de petites
ampoules sans changement de couleur à la peau,
d'autrefois ce sont des gerçures. Chez les vieillards elle
est accompagnée de douleurs cruelles, d’égratignures,
d’ulcérations et d’une desquamation considérable de
l’épiderme,souvent accompagnée de furoncles aux aisselles.
Si la maladie dure depuis long-tems, ces vieillards
contractent une physionomie particulière; le teint est
jaunâtre, les traits tirés avec un élat de maigreur
générale. Les malades sont tourmentés d’insomnies,
toutes les fonctions,$se troublent, et la mort peut en
être la suite. | |
.Le prurigo est divisé par l’auteur, en deux variétés,
la première appelée prurigo formicans , caractérisée par
une sensation que Îles malades comparent aux piqüres
de milliers de fourmis qui parcourraient l'étendue de la
peau, .où une ardeur brulante qui augmente encore
par le frottement ; ou par de petites élévations à peine
visibles qui sont arrachées avec les ongles, lesquelles
dures, jaunâtres, brunâtres, arrondies, irrégulières, .
deviennent de petites ulcérations plissées à la circonférence,
et laissent des espèces de cicatrices verdâtres en forme
d'étoiles ; la peau devient rugneuse,
La seconde se nomme prurigo pédiculaire.
: Une forte démangeaison qui augmente par la chaleur,
une foule de pelits insectes du genre pédiculaire repandue
sur tout le corps, des éminences rougeâtres d’une forme
| MÉMOIRES. | 133
variée, dont la base est large, conique, sans changement
de couleur à la peau, qui est plus ou moins altérée,
selon l'ancienneté de la maladie; des tâches verdâtres,
Q étendues, agglomérées, en sont les principaux caractères,
Plusieurs observations très - détaillées fournissent des
exemples frappans de ces deux espèces de prurigo, pour
la guérison desquelles on a employé avec succès leg
fumigations sulfureuses , les bains sulfureux , les frictions
sulfuro-alkalines. Il est à remarquer que les insectes
qui constituent le prurigo pédiculaire, semblent prendre
naissance dans l’intérieur de la peau, et se loger sous
l’épiderme ; ils affectionnent certains individus, et l’on
a vu plus d’une fois dans le cours d’une maladie chronique,
toute la peau couverte de ces insectes,
Quoique le prurigo puisse attaquer toutes les parties
de la peau , il affecte de préférence les épaules, les aisselles,
la région lombaire, le col, les plis des articulations,
etc. La marche de cette maladie est irrégulière, on la
voit fréquemment augmenter à l’époque de la mens-
truation, au printems, en été , lorsqu'on passe d’un
climat froid, dans un plus chaud ; elle augmente d’inten-
sité par l’usage des salaisons ; elle est quelquefois périodique.
Sa durée est aussi très-variable, selon l'âge, le régime
de vie, les tempéramens : toutes les causes qui peuvent
la faire naître, ooncourent également à sa prolongation.
Le prurigo a rarement une terminaison funeste; mais
lorsqu'il est supprimé brusquement, il peut donner lieu
à des métastases facheuses, et souvent, quand il a duré
lorfÿ-tems, la peau devient dure, rugueuse , sillonnée,
recouverte d’une espèce de poussière, surtout chez les
vieillards. |
Tom. IV.®* 3.% Liv. 9
‘154 MÉMOIRES. |
‘ Le prurigo ne peut guère étre confondu’ qu'avec la:
gale; sa non-contagion, son siège rarement entre: les
doigts, la forme des boutons qui ne contiennent presque
jamais de liquide , la démangeaison brèlante, les pico-
temens, ses causes, un lieu bas, humide etc., les exarcerba-
tions qu'l offre à l’époque des régles, au renouvellement
des saisons, sa durée, sa disparition quelque fois sans
moyens curalifs, sa fréquence dans la vieillesse, sont
autant de signes qui le feront toujours distinguer de la
gale. Ce que cette maladie a de plus facheux, c’est
qu’elle est-sujette à récidive, surtout si elle est invétérée,
‘si elle a lieu dans un âge avancé, si elle est compliquée
avec une lésion organique du foie, ou de quelqu’autre
viscère de l’abdomen, l’hydropisie etc. , si elle a résisté
-à un traitement mélhodique , si elle est entretenue par
sa cause. Toutes ces considérations serviront à établir
un pronostique plus ou moins favorable.
Il est très-difficile d'affirmer si les lésions que l’on ren- |
contre à l'ouverture des corps, sont l'effet du prurigo.
L'auteur a eu occasion d'observer quatre terminaisons
malheureuses de cette maladie. En général la peau était
jiune, froissée , épaisse , ‘légèrement infiltrée, sèche,
dure, écailleuse , couverte de tâches verdâtres avec
ulcérations. Ces effets ne se bornaient pas à la peau, ils
se faisaient remarquer au tiesu-cellulaire ,. sous-jacent ,
qui était serré et rougeûtre.
Nous voici arrivés à la partie la plus importante de
l'ouvrage que nous analysons , le traitement de la maladie,
L'auteur l'a suivi, dans tous ses détails et ne laisse rien
à désirer. [lle divise en quatre partie. 1.° 11 traite des
précaulivis a prendre, avant , pendant et après le
MÉMOIRES. 139
traitement, 2.° du traitement interne, 3.° de l'externe,
&.* des modifications du traitement du prurigo, selon
l'âge, la constitution individuelle et les circonstances
particulières, | |
Îl faut examiner d’abord si la maladie est susceptible
d'être guérie. Quand elle est critique, ‘qu’elle survient
à la fin d'une maladie aïguëé ou chronique , d’une
affection du foie, il serait dangereux de la supprimer,
il faut se borner à des soins de propreté tels que des bains
simples ou alkalins. 1] faut avoir égard à l’âge, au sexe,
à la saison, et quelquefois débuter par un vomitif ou
un purgatif , s'il y a embarras gastrique, ou rétablir les
forces par l'usage du vin; un régime restaurant ; d'autrefois
les saignées générales ou locales deviennent des moyens
curatifs, dans le cas de piéthore, de suppression mens-
ruelle , etc. Si le traitement employé est suivi de cépha-
_ lalgie, d’un sentiment de fatigue ou d’autres accidens, il
faut observer s'ils dépendent de l’usage des remèdes ou
de la suppression du prurigo. Dans ce dernier cas, on
établira un ou plusieurs exutoires, comme vésicatoires,
cautères ou sétons. Pendant la durée du traitement on
surveillera attentivement toutes les fonctions, afin de
rétablir celles qui auraient été troublées ou supprimées
par l’usage des remèdes, Le régime doit être ‘selon les
circonstances tantôt restaurant tantôt débilitant. Et après
avoir obtenu la guérison, on recommandera d’éloigner
* avec le plus grand soin les causes qui ont donné lieu
à la maladie, afin d'éviter les récidives qui ne son
malheureusement que trop fréquentes. |
t
_ Le traitement interne secondera puissamment l’action
| des remèdes externes , et pourra quelquefois procurer
136 | “MÉMOIRES.
seul la guérison ; il consiste dans l’usage des amers, la
décoction de bardane, de chicorée sauvage, de fumetères
les infusions, de petite centaurée , de camomiile, etc.
Les sucs exprimés de ces plantes, surtout celui de
fumetère, de cresson, de cochléaria procurent. souvent .
d'heureux effets; il en est de même des sels neutres
que, l’on ajoute aux tisannes à la dose de 2 ou 3 gros
par pinte; en même tems on fera usage d’eau-de-veau,
de poulet à laquelle on ajoutera des herbes raffraichissantes,
Le soufre peut être prescrit à l'intérieur avec succès;
la dose varie depuis r0 jusqu’à 30 grains. On peut y
associer le calomelas dans les proportions suivantes,
Æ. Soufre lavé — 18 grains,
Caloimelas — 12 grains. |
: Mêlez pour prendre chaque matin, à jeun.
” Si le prurigo est du à un état de misère , on prescrira
” de bons vins, celui de quinquina, ou d’absinthe, trois
ôu quatre onces par jour. On aura soin d'entretenir la
hberté du ventre par l’eau dé tamarin, dè casse qæ
Tout autre moyen.
Dans le traitement externe, les bains simples sont
mis au premier rang, soit comme moyen curatif, soif
comme accessoire ; ils ont souvent suffi pour procurer
la guérison. Il faut avoir la précaution de les prendre
tièdes : trop chauds ou trop froids , ils peuvent occasionner
‘|. des accidens..
Les bains sulfureux. sont employés avec succès dans le
prurigo ; ils augmentent l’appetit , ainsi que-la transpi-
ration, Ils produisent quelquefois des éruptions rougeâtres
qui disparaissent dans quelques: jours, des furoncles,
la constipation, des coliques surtout si om n'a pas le
MÉMOIRES. 137.
soin de couvrir la baignoire, et que le malade respire
une certaine quantité -de gaz hydrogène sulfuré. Les
bains alkalins ne paroissent pas moins efficaces que les
sulfureux : néanmoins. l’auteur donne la préférence aux
deruiers, si ce n’est dans certaines .cireonstances. Il
ranporte ensuite l'observation d’une femme de 44 ans,
qui fut guérie d’une affection prurigineuse périodique,
__ par l’usage combiné des bains sulfureux, des sucs d'herbes,
du petit lait avec un sel neutre.
Les bains de vapeurs aqueuses sont encore d’un ut
secours, surtout quand l'affection est ancienne, quand
la peau a contracté une sorte de rigidité, pour com
mencer ou terminer le traitement, afin de redonner à
cet organe toule la souplesse que la maladie lui fait
perdre. Hs pourraïent être nuisibles si le sujet était jeune
et pléthorique, avancé en âge ou très-affaibli, Dans
certains cas ils peuvent encore rappeler l’éruption, et
faire cesser ‘les maladies internes que la suppression du
prurigo auräit -occasionnées.
Les fumigations sulfureuses ont été souvent employées
avec avantage dans le traitement du prurigo, mais dans
quelques cas, on a été obligé d’y renoncer à cause. de
lirritation qu’elles excitaient. Leurs effets varient selon
leur température , le régime du malade; elles produisent -
quelquefois de la céphalalgie, des syncopes, des défail-
lances, de la gène pour respirer ;. etc.
L'auteur a fait une suite d'expériences sur Îles effets
des fumigations sulfureuses qu’il a constatées sur lui-
méme. Jl a observé que les femmes les supportent en°
général moins bien que.les hommes, qu'il est nécessaire
sauvent de les combiner avec les bains de vapeurs
178 MÉMOIRES.
auqueuses, avec les hains simples ou sulfureux, T1 cite
plusieurs observations à Pappui de ses asserlions. La
19." observation nous offre lexemple dune femme
âsée de 4o ans, a!faquée d’un prurigo violent , guérie
par l'usage des fumigalions sulfureuses prises fous les
deux jours. Cette même maladie chez un autre individu
accompagnée de démangeaisons ardentes et d’insomnies,
est guérie par les bains simples suivi des funigations
sulfureuses et des hoissons amères.
Ou met aussi en usage les linimens dans. le traite-
ment de celle maladie, celui de M." Sumeyre, paraît
Le plus convenable.
,
2. Racine de dentelaire. — deux on trois ni
Haiïle d'olive. —— ‘ une livre. us
+ On pile les racines, on verse dessus l'huile bouillante;
on forme un nouet avec lequel on frictionne. Il est a
remarquer que ce moyen ulile dans le prurigo ; a été
nuisible pour la gale.
. On a aussi essayé les pommades. Celles de soufre que
l'on peut varier à l'infini ont paru mériter la préférence :
on peut y associer d’autres substances, comme le savon,
la potasse , etc. La suivante a été suivie de bons ekets..
4 ‘Soufre lavé.
Chacun 2 onces.
Savon blanc.
‘ On mèle ces deux substances ; on fait deux fictions.
par jour, une le matin, une le soir, en ayant soin
d'en mettre très-peu aux articulations et d’en suspendre
l'usage, lorsqu’ il se manifeste des rou geurs ; cette pommade
n’a pis les inconvéniens de la malpropreté, Celles où
: (à
MÉMOIRES. . 159
il entre ds plantes irritantes ont été esssayces. par
Vanteur, avec des ‘effets si variés qu'il lui a été
impossible den indiquer les résultats d’une . manière
satisfaisante. Parmi les lotions. la suivante a été employée
avec beaucoup. ‘de succès:
_æ. Soufre précipité du sulfure de potasse. — une livres
| Eau. _—— quatre livres.
D faut agiter la liqueur chaque fois qu'on s’en sert.
Uue fille de 16 ans qui portait un prarigo de naissance,
‘a été promptement guérie pee l’usage de cette lotion
sulfureuse. | |
Ce traitement exige des modifications selon l’âge, le
sexe, le geure de vie, les causes, etc. Les fumigations
sulfureuses produisent des effets nuisibles chez les enfans,
chez les femmes très-sensibles.. Les pominades ont les
mêmes incouvéniens dans le bas âge. Alors on préférera
la pommade sulfureuse ; on baignera les jeunes enfans
dans une eau émolliente ou l’eau de son. Lorsqu'on se
sert des bains alkalins, il est utile qu'ils soient précédés
des bains simples. Il y a encore certaines précautions
à prendre, lorsque l’on traite des femmes à l’époque de
la menstrualion, soit que lon employe les lotions
sulfureuses ou alkalines , les bains simples ou composés;
ou est souvent vbligé de suspendre toute espèce de
moyens. Il faut aussi avoir égard aux tempéramens; les
‘émissions sanguines conviennent mieux aux sanguins, les
_sels neutres, les délayans aux bilicux , lorsquil s’agit de
disposer les malades au traitement du prurigo. Il est
certaines constitutions, soit par l'effet de la faiblesse,
ou d'une trop grande sensibilité, qui ne peuvent supporter
certains médicamens ; il’ ne faut pas s’oppiniâtrer à
/
140 ©: . MÉMoIRres.
employer des moyens qui finiraient par avoir de mauvais
résultats. L'ouvrage que nous analysonis est terminé par
un tableau fort intéressant d’où il résulte que 111.malades
sont entrés à l'hôpital St.- Louis, pendant l’année 1819,
pour réclamer la guérison du prurigo, parmi lesquels,
il y avait 74 hommes et 37 femmes; les mois de l’année
où il s'en est présenté le plus, sont le mois de maï et
octobre ; les professions qui ont paru en être attaquées |
de préférence sont l’état de lingère et de demesticité,
Jes militaires retirés, les sapeurs-pompiers , les journa
Hiers , les imprimeurs , les écrivains.
_ Quoïque nous soyons entrés dans quelques détails
assez étendus , néanmoins nous renvoyons à l’ouvrage de
M." le Docteur Mouronval, ceux qui désireroient en
avoir une connaissance plus complète. €e recueil d’ob-
- servations qui sera.imprimé en entier sous peu, forme
une Monographie précieuse d’une maladie très-commune
et sur laquelle nous n'avions que des notions fort
imparfaites. Sous ce rapport l’auteur a rendu un véritable
service à la médecine. Sa position l’a mis à même d'’inter-
roger la nature et partout il s’est montré son fidèle inter-
préte. Ses assertions ne reposent que sur des faits, qu'il
sera facile à tout Médecin observateur de confirmer par sa
propre de
Lx Docteur LEVIZ,
Directeur de l'École de Médecine,
_ Membre résident;
+
MÉMOIRES T4
AAA LAA AAA VAL LAS LAS LAS LAS LES AAA AUS LS AAA LAMAMIAAA ALIAS
NOTICE SUR LE BLÉ-LAMMAS:
Par M. HARBAVILLE, Membre résident,
É est du devoir des sociétés agricoles de signaler à
l'atlention des cultivateurs les variétés de céréales dont
Ja culture peut être avantageuse. Parmi les variétés de
froment, il en est peu qui se recommandent par des
avantages aussi solides que le blé-lammas. Plusieurs
sociétés d'agriculture ont publié à ce sujet des rapports
_ qui ont engagé à tenter des expériences qui ont été
couronnées du plus heureux succès: aussi la culture
de ce blé qui n’avait été faite que par essai jusqu’en
1799, s'est elle étendue assez rapidement, dans les
départemens du Calvados, de la Seine-Inférieure ; de
l'Eure , et autres contrées de la Normaudie, d’où elle
s’est répandue plus lentement à la vérité sur plusieurs
points de la France. Le blé-lammas est connu depuis
. quelques années dans le département du Pas-de-Calais,
mais sa culture ne s’y est pas propagée d’une manière
sensible, soit que par des circonstances fortuites des
essais aient été malheureux, ou que la force de l’habitude
ait fait méconnaître le mérite de cette importante variété
de froment. C'est pour détruire tout sentiment de défaveur
{s'il en existait à cet égard) et pour exciter les cultiva-
teurs à faire de nouveaux essais, que je vais présenter
une suite de faits tirés des rapports de diverses sociétés,
et notamment du rapport fait à la société de Caen, par
M." Lamouroux, en 1813, qui prouvent que la culture
du lammas est pour le moins aussi avantageuse que
142 © MÉMOTRES.
celle des autres variétés de blé, et qu’elle mérite d’être
encouragé.
Le blé-Jlammas est originaire de la grande Bretagne;
on lé connait sous les noms divers de blé Anglais,
de blé d’irdennes , de..chicot. rouge et de lammas, Îles
Anglais le nomment blé rouge. I doit ètre classé parmi
fes blés tendres; le chaüme fistuleux, court, d’une forte
consistance, d’une couleur ropgeâtre, perd ses feuillez
. de bonne heure. E’épi comprimé, lisse sur toutes ses
parties et sans bardbes est d'au fauve rougeâtre très-
© foncé. Le. grain tient peu daté la balle , il est plus
court et plus gros que le franc-blé, plus court et plus
petit que le gros blé, L’écorce- est trés-fine ;
La préparation de la terre se fait pour le blé-lammas
de la même manière que pour les. autres variétés. Il
est néanmoins a observer que beaucoup de cultivateurs
ont l’habitude de semer ce blé en planches ou plattes-
bandes de quatre à vingt pieds de largeur; il paraît par
Jexpérience que cette méthode a cela d’avantageux
qu’elle donne aux céréales le moyen de résister à l'influ-
_ence destructive des météores atmosphériques. Cette
méthode d’ailleurs ne peut pas être générale, elle doit
être subordonnée à la qualité des terres, et surtout à
eur inclinaison. ”
Le choix de la semence du lammas demande plus
de soin, que celui des autres variétés; si on le mêle
avec un blé quelconque, le premier sera mur, quand
J'autre sera encore verd, ce qui entraine beaucoup d'in-
convéniens: LS
Le lammas étant un ‘blé précoce ‘doit être confié le
premier à la terre, ordinairement à la fin de septembre
—
#*
#
MÉMOIRES. 143
ou en octobre. La quantité de semence doit étre reglée
suivant la qualité du sot,'à l’état de l’atmosphére et
à l’époque des semailles. Si le pays est sujet aux vents
et aux orages on doit semer clair, afin qu'éteadant ses
racines, ce blé résiste d'avantage , enfin dans une bonne
terre il en faut moins que dans une mauvaise, Il fant
encore semer plus épais si les semaiïlles sont tardives.
‘Le lammas exige comme les autres variétés de blé
quelques sarclages , il résiste aisément aux tempêtes eË
aux ouragans lorsqu'il a acquis toute sa croissance. On
ne doit pas attendre qu’il ait acquis le dernier période
de sa maturité pour en faire la récolte parce qu'il
s'égrene aisément, et dans le cas ou la chaleur accele-
rerait sa maturité il convient de ‘faire usage de la
faucille äu lieu de la faux qui donne aux tiges de trop
fortes secousses, |
Le lammas est mur en même-tems que le seigle,
avantage inapréciable dans les années de disette.
Le chaûme du lammas est regardé comme le plus
mauvais pour la nourriture des chevaux, et comme le
meilleur pour la couverture des maisons, Mais si on
le coupe avant sa parfaite maturité cet inconvénient
disparaît en partie parce que la tige est moins ligneuse
et plus savoureuse. |
L'opération du battage est prompte et facile, un
ouvrier bat 30 gerbes de franc-blé dans un jour, Île
même ouvrier dans le même espace de tems fait le
dépiquage de 36 gerbes de lammas.
Dans une terre legére et. sablonneuse, le lammas
donne un plus grand nombre de gerbes que les autres
blés; dans les terres fortes et argilleuses les gros blés
æ
144 __ MÉMOIRES :
produisent davantage. Des particuliers ont retiré un
boisseau de grain de 5 gerbes de lammas, d’autres de
4, de 3 et même de. 2 gerbes et demie. Il paraît par
ce rapport inséré dans les annales de la société de la
Charente, (novembre 1821 ), que le blé lammas produit
plus à la mesure, mais pése moins que le blé ordinaire.
Nous voyons encore dans les annales de la société de la
Dordogne, que 20 livres de lammas. semées. dans un: pré.
défriché , ont produit 440 livres de: très-beau blé; le
froment des pays semé à côté a produit près de la moitié
moius, et le grain était de mauvaise qualité. d’où l’on
peat conclure que le blé lammas ne se brouillarde pas.
Le grain dont il est ici question.pése 163 livres l’hectolitre.
À quantité égale de grain, le lammas rend plus .de-
farine et plus de pain que le frane-blé. La farine est
_ aussi blanche et pas aussi liaeite; le pain est aussi
btanc, plus friable, moins eelluleux, plus lourd, que
celui du franc-blé et on le regarde avec raison comme
plus nourrissant.. |
- L'analyse chimique ‘indique qu'il est plus riche en
_fieule amilacée, et moins en gluten que le franc-blé.
À tous ces avantages, si l’on ajoute que le lammas
est sujet À moins de maladies et résiste plus aux variations
de l’atmosphère que les autres variétés ; que seul il
prospère dans les terres à seigle ; et qu'il peut être
moissonné 15 à 20 jours avant les autres , on se convaincra
facilement, que les désavantages légers qu’on lui reproche
disparaissent devant l’utilité réelle de cette culture dont
adoption ne peut qu'augmenter les -richesses agricoles
du département: | |
MÉMOIRES. . 145.
EXTRAIT
D'UN MÉMOIRE inséré dans la Biblivthèque universelle,
(Juillet 1821), intitulé Emploi des Pommes de terre
à la nourriture des Bestiaux ; ouvrage couronné par
la classe d’ Agriculture du canton de Cénéêve en 1821.
Le Auteurs du mémoire observent d’abord qu’en
encourageant la recherche des moyens d'appliquer la
pomme de terre à la nourriture des bestiaux, c'est tendre
à élever ce tubercule au plus haut dégré d'utilité possible:
c’est-à-dire sous le rapport agricole , transformer en plante
fertilisante un végétal qui, considéré comme simple
‘aliment de l’homme , épuise le sol par la culture, et sous
ke rapport administratif, créer des greniers de réserve qui;
dans les années d’abondance , sé transformeront en pro-
duits animaux, et fourniront, dans les tems moins heu
reux, un pain nourrissant et salubre. Après diverses
_ expériences, les rédacteurs ont trouvé que le point essen-
. tiel était de fixer la valeur relative des pommes de terre
comparées au fourrage , dont le degré de qualité nutritive
ue peut être déterminé d'une manière exacte, parceque
la différence des terres en apporte une très -- grande dans
la qualité des substances alimentaires, et parceque chaque
race d'animaux et chaque individu digère, extrait et assi-
mile d’une manière différente.
MM. Favre, auteurs de ce mémoire, ont recherché
. toutes les assertions qui ont été publiées contre l'emploi
de la pomme de terre crue. Ils ont reconnu que ce iuber.
146 MÉMOIRES.
cule avait en effet une propriété relächante, qu'ils attri-
buent soit à une qualité indigeste ou débilitante, ou à un
principe âcre et irritant qui se modifie selon la qualité
des terres, la saison, la maturité des racines, etc. ils
se sont également convaincus que le reproche fait à Ja
pomme de terre, d’une propriété abortive, est déuué
de fondement, et que l’emploie de cette racine crue
est, sans aucun inconvenient, lorsqu'on lui associe le
fourrage sec,
‘ Passant aux propriétés comparatives des pommes de
terre crues et ‘cuites , les auteurs remarqüent que la
pomme da, terre crue leste peu, et manque de propriété
tonique, sa qualité laxative la fait passer trop vite. La
pomme de terre cuite leste moins encore et représente
par cette raison moins de foin que ce tubercule crü.
Mais son eau de végétation étant combinée avec les
principes nutritifs, elle fournit plus à Passimilation qui
crée, répare et entretient. D'où ils tirent la conséquence
qu’on ne doit donner la pomme de.terre cuite’ qu'aux
animaux à l’engrais, et que l'emploi le plus utile de la
pomme de terre crue , est de la donner aux vaches laitières
“hachée ou pilée, parceque, privée par la pression d’une
grande partie de son eau de végétation, elle réunit alors
les trois propriétés qui constituent toute substance ali- :
mentaire dans les proportions desirables. Ils conseillent
de saupoudrer cette racine avec la farine de féveroles
et du sel. Ils ont remarqué que tous les bestiaux man-
geaient la pomme de terre pilée avec plus d’avidité que
dans tout autre état. Ils recommandent la pomme de
terre rouge longue de préférence à la j jaune ronde , comme
contenant moins d’eau , et fournissant un huitième de
plus de matière sèche. |
\:
MÉMOIRES. 247
- La série des: expériences faites ‘pour fixer la valeur de
la pomme de terre comme fourrage, prouve que cette
racine en faisant les 72 centièmes d'une ration , équivaut :
au 66 centitimes de foin.
. En résultat, il ressort ce qui suit des expériences de
M. Favre.
Pour les vaches laitières 100 livres de pommes de terre
crues ont remplacé 66 Hvres de foin, pour les vaches”
sans lait, 100 livres n’ont remplacé que 50 liv. de foin.
Cent livres de pommes de terre cuites données aux
vaches laitières, n’équivaillent qu’à 37 livres de foin.
Les pommes de terre crues ont augmenté le lait de
_ 19 pour cent ; les pommes de terre cuites l’ont augmenté
de 18 pour cent,
Le lait perd en qualité, par l’usage des pommes de
terre crues, à peu près ce qu'il gagne en quantité,
Le lait des vaches qui ncnpebé des pommes de ièné
cuites, a un avantage de 5 pour cent en qualité, sur
celui des vaches qui mangent de ces racines crues; mais
sa qualité est encore de 12 pour cent, inférieur à celle
du lait des vaches nourries au bon foin seul.
C'est. en pHotpe butireux que le lait perd de quel-
que façon qu’on les donne.
Sur le rapport du principe caséeux, la pomme de
terre cuite a un petit avantage sur la crue. Ce principe
est à peu près le même en, quantité dans le lait pro-
venant du foin seul, ou dans celui provenant du foin
mélé avec ces tubercules crus ou cuits.
+48 | MÉMOIRES.
Les pommes de terre perdent de. teur qualité nutri-
tive en raison da progrès de la germination, mais cette
différence est beaucoup moindre qu’on ne l’a cru,
_ Elles ne doivent pas être associées au fourrage verd,'
ik faut toujours donner en même-tems du fourrage sec.
On voit par l'analyse du mémoire de MM. Favre,
qu'ils ont traité d’une manière pleinement satisfaisante
une question d’un grand intérêt pour l'agriculture en
général. Sans doute il faudra répéter bien souvent encore
les même vérités aux cultivateurs avant que la conviction
pénètre et que l'effet devienne sensible. mais ce n’est
pas une raison de se décourager, surtout lorsque l’on
considère qu’il y a encore des départemens où la pomme
: de terre n’est cultivée que dans les jardins, et où l’on
méconnait les ressources immences que sa culture en,
‘grand pourrait procurer. | |
M." HARBAVILLE, Membre résident.
MÉMOIRES, 149
QU LUI LUS US CELA LU AUS LAS LE LUS LATVIA LAB LAUAATAUAAU
OBSERVATIONS
SUR LA CONSTRUCTION DES THERMOMÊTRES:
Je ne réptterai pas ici ce que l’on trouve dans tous
les élémens de physique, relativement aux précaulions
qu’il faut prendre pour donner aux thermomètres toute
la perfection qu'ils penvent ‘avoir ; mais je crois néces-
saire de parler d’un fait particalier que j'ai eu l’occasion
de remarquer piusieurs fois, ‘et dont la connoissance
me paroît inlispensable pour éviter des erreurs dans
la détermination da zéro de l'échelle thermométrique.
On sait que ce zéro est précisément la température
de la glace fondante, Oril n’est pas toujours aisé de saisir .
l'instant où la glace commence à se fondre ; car on.
trouve souvent que Îa température descend au-dessous.
de zéro. Pour prévenir tous les doutes qui pourraient
s'élever à ce sujet , il convient de piler la glace dans:
un mortier, au milieu d’une atmosphère échauffée de
quelques degrés ; et lors qu’on s’apperçoit qu’une partie
de la glace est transformée en eau, on plonge le ther-
momètre dans ce vase, en ayant soin de l’entourer de
glace au moins jusqu’à la hauteur du mercure.
Il est à remarquer que dans cette circonstance, les
traités de physique annoncent que la température de l’eau
reste constainment à zéro , tant que la glace n’est pas
entièrement fondue. Appuyé sur cette assertion, j'avois
voulu vérifier un thermomètre qui m’avoit paru douteux,
et pour cela je l’avois placé dans un vase rempli de glace
pilée; mais craignant que sa température ne füt trop froide,
jy avois laissé séjourner mon thermomètre pendant une
demi-heure. Au bout de ce temps je m’apperçus qu’une
Tom. IV." 4." Liv, 10
150 MÉMOIRES.
partie de R glace éloit fondue- et que le thermomètre
marquoit + 1°, alors j'enlevai l'eau et je vis que le
thermomèfre reveuoit à zéro.
On voit d'aprés cet exposé que l’eau de glace me se
soutient pas à la même température pendant tout de
temps de la fusion.
Le calorique extérieur qu’elle reçoit élève sa tempé-
ralure en même -temps qu’il augmente sa densité , et cette
augmentation de poids la précipite au fond du vase où
n'étant plus en contact avec la glace elle conserve une
plus haute température. Voilà pourquoi le thermomètre
qui plongeoit au fond du vase s’étoit élevé à 1°2, tandis
que la surface supérieure étoit à zéro. Pour éviter de
éemblables erreurs, on doït se servir d’un vase dont
Je fond percé d’une ou plusieurs ouvertures puisse laisser
écouler l’eau à mesure que la glace se fond. Cette précau-
tion est d'autant plus nécessaire que la moindre quantité
d’eau peut faire monter le thermomètre. L'expérience que
- j'ai cilée en est une preuve convaincante : car le foud du
vase ne contenoit qu’une petite quantité d’eau.
_ Il est très-probable que c’est à cette cause qu'il faut
attribuer les dissidences que l’on remarque dans quelques
expériences, qui par leur nature particulière paroissent
comporier une exactitude presque mathématique.
Au nombre de ces expériences, il faut citer ceiles
qui ont été faïes par des physiciens très-distingués pour
déterminer ke maximum de densité de l’eau ; Rumfor |
a trouvé que ce maximum était à la température de
41 44» Dalton à 4°, 35, Lefevre-Ginau à 4°, 44,
Tralles à 4°, 35, Hope, Gilpins et Blagden à 3°, 88:
ÆEnûn Deluc porte cette température à 3°, 43.
MÉMOIRES. Ait
N° Biot paroit attribuer ces variations aux procédés
œue ces physiciens ont employés pour fixer le térme de
ébullition ; ils pense qu'ils ont pu négliger de plonger
dans l’eau bouillante tout le tube de leur thermomètre:
mais on peut démontrer l'insuffisance d’une pareille cause
pour produire une différence aussi grande que celle qu’on
remarque dans Îles résultats que nous avons cités. En
effet supposons que l’on se soit contenté de plonger dans
l’eau bouillante seulement le réservoir et; la petite partie.
du tube qui s'étend jusqu’au zéro de léchelle, et suppo-
sons aussi, pour aller au-delà de toute vraisemblance,
qüe le tube au lieu d'acquérir la température de 100°,
_ait encore conservé la lmpeemre de la glace fondante
| puisque le mercure se dilate de 33 depuis zéro jusqu’à
100°*
La quantité de mercure qui ee dans Île tube
au-dessus du sgéro de l’échelle est Æ du volume total;
_parconséquent si cette colonne avoit été plongée. .
leau bouillante, son volume aurait augmenté de ——. ‘ Æ ASE
du volume total; la colonne de mercure étant divisée
en 100°, +, de cette valeur forme environ 1°, 59: par
conséquent chaque degré FRE être augmenté de
1° 1°, 59
= 0°, 0150.
100 L 9
. % * #
D’après ‘cela, le- résultat ‘de Deluc se transformera
en 3°, 42+ (3°, 42 )(o°, 0159) et malgré cette correc-
tion , le maximum ne s’éleverait encore qu’à 3°, 474.
C'est donc une autre cause qui a dû modifier ces
diverses expériences, et cette cause réside , suivant mon
opinion , dans la détermination du zéro de l'échelle
thermométrique. |
152 | MÉMOIRES.
Je suis d'autant plus porté à émettre cet avis qu=
jusqu'ici j'ai trouvé cette erreur dans la plupart des
thermomètres que j'ai l’occasion de vérifier.
“Si donc MM. Peluc et Fope qui, parmi les phy-
siciens que j'ai cités, sont ceux qui sont parvenus
aux résultats les plus faibles, si, dis-je, ces physiciens
se sont servis d’un thermomètre où le terme de la glace
fondante étoit d'un dégré trop élevé, leurs résultats
cadreroient avec ceux des autres physiciens; car 3°, 43
se changerait en 1°, + (3°, 43) 55 = 4°, 3957.
Les expériences que j'ai faites en observant l’échauffe-
ment d’un tonneau rempli d’eau de pluie, qui était
primitivenent à 3°, m'ont indiqué que le maximum de
condensation de l’eau se trouvait à la température de
4°, 25: mais mon thermomètre n'ayant d'autre division
que les simples degrés, il ne m’est pas permis de répondre
avec süreté de - l'exactitude des fractions ‘décimales.
Cependant ce résultat tend à faire voir que ceux de
MM. Hope, Blagiee et Deluc sont réellement trop
faibles.
, Expérience , pour déterminer la pesanteur ‘
| SPECAUE de la .
L
.Un morceau de glace a, pesé. ......, D2g grains.
enfoncé dans un vase rempli d’eau distillée
il en a fait écouler un poids de. ...... 558gr., 75.
529
par conséquent Ja pesanteur spécifique, . . — >=
A ‘ 296,72.
= 0,94079. | |
_ A Givet, le 45 Janvier 1820.
Signé A. VÈNE,
MÉMOIRES. 153
VA LVVLELUT LUI LUE UVLLVIELUA VUE UVE UE EVEUVER LULU LE LUEUR URL VV LV
RAPPORT
Sur le Mémorre intitulé Observations sur la
construction des T'hermormiètres.
RARARAA ARR AAA RAS.
A1 MN. ne $
» Nes A. VÈNE, Membre honoraire de la
» Société Royale d'Arras , ayant voulu vérilier un
» thermomètre qui lui avait paru douteux, l'avait placé
» à cet effet dans un vase rempli de glace pilée; mais
» craignant que Ja température n'en fût trop basse,
» if y avait laissé séjourner son thermomètre pendant
» une demi-heure; au bout de ce temps, il s’apercut
» qu’une partie de la glace était fondue et que le ther-
» momèêtre marquait 1° + au-dessus. de zéro; ayant
» alors eulevé l’eau que contenait le vase, il vit que
» le thermomètre revenait à zéro. »
De ce fait exposé sans aucuns détails subséquents, soit
sur la forme, la qualité et la capacité du vase, soit sur
le volume de la glace pilée et la quantité plus ou moins
consiléralile d'eau , fournie par la fusion d'une partie
de cette glace, dans laquelle plongeait le thermomètre ;
fait expérimental des causes duquel il est assez difhcile
de se rendre raison, l'auteur du mémoire que nous
examinons, conclut » 1° que l’eau de la glace fondante,
» ne se soutient pas à la même température pendant
» toute la durée de la fusion de la glace ( où l’eau à
l'état solide passe à l’état liquide }; » 2.° qu'il est très-
» probable que c’est au fait précedeut (qui n’a élé observé
jusqu'ici par aucun autre physicien et qui, s'il existait
154. MÉMOIRES.
réellement comme M." Vère parait le croire; appor-
ferait une différence sensible entre les degrés de froid
ou de chaleur négative, capables de faire descendre. le
mercure au Zéro, terme de la glace fondante pour chaque
thermomètre en particulier ) » qu'il faut attribuer Îles
» différences sensibles qu’offrent les températures attri-
» buées au maximum de densité ide l’eau par de célèbres
» physiciens et dont voici le tableau. »
- TABLEAU de la Température à laquelle l'Eau
acquiert le Maximum DE DENSITÉ.
Pa
d
"TT
TRAILES.
Hoprr.
GILPINS,
BLAGDNEN
fRumronn
Semences |.
Degrés de |
chaleur 10 y,
:. arqués par le + 9+4
:
Thermo:uètre
Cependant le savant Biot, aussi bon physicien qu'ex-
cellent géomètre, avait attribué, avec plus de probabilité
encore , les variations que présentent les résultats de
la table précédente, à la diversité des procédés employés
par ces savants pour fixer le terme de l’ébullition des
thermomètres dont ils ont fait usage ; car pour que le
lerme de l’ébullition soit exactement le même, il doit
être fixé sous la pression moyenne athmosphérique qui
répond à une hauteur barométrique de 28 pouces ; hauteur
qui n’a communément lieu qu’aux bords de la mer.
L'auteur du mémoire, pour prouver ce qu’il avance,
cherchant à réfuter l’opinion de M." Biot, compare entre
MÉMOIRES. 155
eux les résultats présentés dans le-tableau de l’autre part ;
it cherche à corriger les plus faibles, pour les ramener:
à la valeur des plus forts , qui sont ceux de Rumford et
de Lefebvre-Ginau, et conclut toujours. d’après l'opinion
qui. lui. est propre, que la cause qui à dù modifier ces
différens résultats, réside dans la manière de déterminer
le vrai zéro de l'échelle. thermomeétrique,, et il suppose
à cet ellet fort ingénieusement que MM. Deluc et Hope,
qui ont cbtenu les résultats les. plus faibles , se sont
servis d’un thermomètre * dont le terme de la glace.
fondante ou le zéro, était trop élevé d’un degré de
l'échelle thermométrique (c’est-à-dire que la distance
entre le terme de la glace fondante. et celui de l’ébulhtion.
etait réellement trop courte d’un degré ou d’un 80."°
#'Le thermomètre est composé d’un tube de verre, terminé
eu forme de boule ou d’olive:et rempli es partie d'esprit de
vin ou de mercure, deux fluides dont. les. dilatalions qu les
contractions funt connaitre et reudent seusible à la vue Îles
variatioas que subit la température des corps en communication
aveo hài. Il en résulte que la colonue liquide qui occupe le
tube s’allouge ou se raccourcit, à mesure que la chaleur
augmente ou. diminue, ou en d’autres termes lorsque Îla
température. athmosphérique s'élève ou s’abuisste.
Ces mouvements de la coïonne liquide se mesurent à l’aide
d’une graduation qui a deux limites distiactes, dont l’une
répoud au point d’abaissement de cette colonne lorsque la
température est celle de la glace fondante et l’autre le point
d’élévation de la même eolonne , lorsque la température égale
celle de l’eau bouillante prise sous la- pression d’une hauteur
de mercure de 28 pouces dans le baromètre.
Dans le thermomètre dit de Réaumur et dans celui nommé
centigrade , le zéro de l’échelle indique également le terme
de la glace fondante ; mais dans le premier l'intervalle compris
entre ce terme et celui de l’eau bouillante est divisé seulement
1556 : MÉMOIRES.
ce la véritable distance # entre les deux termes } e#,
. cette hypothèse adopiée, il arrive à des résultals très—
rapprochés de ceux des autres physiciens. Enfin il conclut
des expériences qu'il a faites lui-même sur l’échauffement
de l’eau de pluie qui remplissait un tonreau et dont
Ja température primitive était à trois degrés (au-dessus
de zéro), que le maximum de condensailion de l’eau se
lrouve à la température de 4°,25, et que par conséquent
les résultats donnés par Fope, Gilpins et Blagden de
3°,88, et par Deluc de 3°,43, sout réellement trop
faibles ; le nouveau résultat présenté ici par M. Vène,,
diffère aussi d’une manière seusille , de ceux de Rumford,
Lefebvre-Ginau , Dalton et Ti. iles.
Enfin il termine son mémoire par la fixation de la
pesanteur spérifique de la glace, qui est selon lux
/
SE D RE 0594679+
D'après ce qui précède on voit que l’auteur du mémoire :
EE EEE
en &o parties égales et dans le second ce nombre de parties
égales est porté à 1Ioo, '
. La soudivision est continuée dans l’un et l’autre de ces
thermotmètres au-dessous du zéro en parties égales à celles qui
soudivisent l'intervalle supérieur au zéro compris entre les
deux Jinites, :
4
* Pour éviter de semblables erreurs, M." Vène prescrit
( dans uue note de son mémoire } de se servir d’un vase
dont Île fond percé d’une ou de plusieurs ouvertures puisse
* laisser écouler l’eau, à mesure que la glace qui s’y trouve
» contenue se fond. Cette précaution est d’autant plus nécessaire
(selon lui) que la moindre quantité d’eau peut faire monter
le thermomètre, puisque l’expérience citée par lui en est
* une preuve convaincante; car, dit-il, le fond du vase ne
contenait qu’une petite quautité d’eau.
L
L
LT
ÿ
N
MÉMOIRES. y
gar la construction des thermomètres prétend renverser
et détruire les assertions reçues en physique sur la
manière dont le calorique se comporte dans la fusion
des corps solides, c’est - à - dire peudant le changement
que ces corps éprouvent en passant de l'état de solide à
celui de liquide et réciproquement, ‘dont nous allons.
faire ici l’exposition succinte. |
Lorsque par laccumnlation successive du calorique.
dans un corps à l’élat solile’, tel que la glace par exemple,
par suite de l’élevalion de la température cette glace se
trouve en état de passer à l’état liquide, il se présente un
phénomène très-remarquable, qui consiste en ce que les
nouvelles quantilés de calorique, que fournit l’athmos-
phère, depuis linstant où la glace entre en fusion ou
se liquifie, sont absorbées par la glace à mesure qu’elle
les recoit et se trouvent uniquement employées à fondre
les nouvelles couches de glace par leiquelles elles sont
successivement absorbées par voie de saturisation, de
sorte qu’un thermomètre placé dans la glace qui commence
à se fondre en se résolvant en eau, reste stationnaire
au degré de zéro de l'échelle, jusqu’à ce que cette glace
. soit entièrement fondue,
LA
L'on sait de plus par expérience que quand on a
mêlé un kilogramme ou deux livres de glace, avec un
kilogramme ou deux livres d’eau échauffée à 60 degrés,
on obtient par la fonte deux kilogrammes ou quatre
livres d'eau à la température de zéro, pour résultat de
ce mélange ; d’où il suit que la glace en passant de
l'état solide à l’état liquide ahsorbe 6o degrés de chaleur
qu'elle enlève à l’eau chaude avec laquelle elle se trouve
en contact.
\
_
HR MÉMOIRES,
Les physiciens ont nommé chaleur latente, celle qui
est uniquement employée à faire passer la glace de l'état
solide à l’état liquide et dont Peffet. devient absoJument
nul pour le thermomètre, pour la distinguer de la chaleur.
appelée sensible, qui est celle qui agit sur le thermomètre.
‘ Lors dene que la. glace devient: liquidè, it y a une
quautilé de chaleur sensible de 60 degrés, qui se convertit:
en chaleur latente, en sorte qu’elle devient nulle à l’égardi
du thermomètre et des corps environnants.
L'objet du présent rapport étant de faire connaître à.
la Société Royale d'Arras les résultats de plusieurs
expériences faites par les Membres de la commission
pour s'assurer de la réalité du fait que présente l’expé-
rience de notre honorable collègue et pour observer s’il
n’y aurait pas quelques circonstances innapperçues par
lui, qui auraient pu comtribuer d’une manière soit directe,
soit indirecle à la formation de l’anomalie qu’elle présente,
par l'élévation subite de 1° + de la température de son.
thermometre plougé daus'la glace pilée fondante et dans
l'eau de glace fondue, pendant une demi-heure seulement ,.
nous allons offrir ici à la Société Royale d'Arras le
tableau comparatif des faits que présentent nos expérieuces.
Le 6-Mars, les Membres de la commission se sont
assemblés chez M." Terninck l’un d'eux ; et l’on y a mis.
en expérience sur les 6 heures et demie du soir plusieurs
thermomètres, que l’on a successivement plongés dans
la neige à l'état de glace fondaute, contenue dans un
vase métallique, supporté lui-même sur de la neige dont
ou avait rempli un autre vase placé sur une table
_ couverte en toile cirée ; tout cet appareil se trouvait
. dans un cabiuet échauffé par un poële.
MÉMOIRES. | 19
Ces thermomètres sont tous successivement descendus
à la température du zéro thermométrique, ferme de la
glace fondante; et pendant plus de deux heures que les
Commissaires en ont attentivement observé et suivi la
marche, il ne s’en est trouvé qu’un seul, dans le mercure
duquel on a cru remarquer une tendance à s'élever
au-dessus du zéro d’une très-petite quantité et très-
difficile à évaluer; les jours suivants MM." Terninck et
Donop ; Membres de la commission , ont continué
séparément leurs observations en variant leurs expériences;
et en voici les résultats.
._» M." Terninck a placé un thermomètre à bins
» dans un vase de fer blanc qu’il a ensuite rempli de
neige fondante bien entassée, de manière qu’elle était
partout en contact avec Île thermomètre jusqu’au
niveau de la calonne de mercure qui marquait zéro:
comme le thermomètre touchait le fond du vase, üil
a mis ce dernier dans une terrine de grès, au fond
de laquelle il se trouvait déjà de la neige fondante,
afin que le bas du thermomètre ne püût recevoir
aucune chaleur de la cheminée en marbre sur laquelle,
tout l'appareil était-posé auprès du poële.
SEE VE VV Et +
» Lorsque la neige a été un peu fondue, M." Terninck
Va divisée en morceaux pour pouvoir la mettre de
nouveau en contact avec le thermomètre et y ajouter
de nouvelle neige fondante jusqu'à la hauteur de la
colonne de mercure ; il a continué de faire ainsi, jusqu'à
vait mêlée montât aussi jusqu’au niveau du mercure qui
lui a paru toujours rester à la hauteur de zéro jusqu’à
ce qu’il ne restât plus dans le vase que quelques petits
»
»
»
»
» ce que l’eau provenue de Ja neige fondue, qui s’y trou-
»
»
»
» glaçons: cette expérience a duré environ 12 heures.
EfO MéMOIRES.
» Alors l’observateur a remarqué que le. mercure est
“ monté dans le tube d’un. degré en. peu de temps et it
» aurait été étonné de voir un changement aussi. subit,
» si en regardant dans la terrine de grès, il n'avait pas.
» vu que toute la neise y était entièrement foudue ; alors
m il ne douta pas que cette eau avait acquis et commu-
» niqué au fond du vase de fer-blanc dans l’eau duquel
» plougeait le thermomètre une chaleur ou température:
_
» plus élevée que zéro. »
Il est donc probable que ce qui a. induit en erreur
M." Vène dans son expérience c’est qu'il n’aura pas
observé que son thermomètre touchait le fond du vase
dans lequel il laura placé sans avoir eu la précaution
d'empêcher le calorique de se communiquer au bas de
Ja boule de son thermomètre par l'intermédiaire du fond
du vase : il est également probable que beaucoup de
thermomètres sont mal gradués parce que ceux qui les
construissent ne prennent pas toujours cette précaution
qui paraît essentielle ; car si » au lieu de mettre le.
» vase de fer-blanc de l'expérience précédente sur de la
» neise fondante, M. Terninck FPavait placé sur Île
+ couvercle d’un poële allumé, le fond de ce vase et
» le bas de la boule du thermometire se seraient indubi-
» lablement échauffés et le mercure serait monté dans
» Je tube de plusieurs degrés avant la parfaite fusion
» de la glace ou de la neige. » |
ExpPfnriences De M.r DONOP.,
1. Le 9 mars à midi , on a rempli de glace
ammoncelée en cône un vase de fer-hlanc, avant la forme
d'un cône tronqué renversé (fig. À ) dont le foud avait
un diamètre plus petit que celui de son ouverture. Ce
vase métallique a été placé sur un autre vase de terre
MÉMOIRES. 6x
déià rempli de glace pilée et appuyé sur le dessus en
bois “d’une console; le the:momètre était plongé dans
le massif de glace pilée da vase mélallique à 88 millimètres
au-dessus du zéro, le dessous de la boule étant élevé:
de 4 milliniètres au-dessus du fond du vase; au bout de
cinq beures, l'eau proveuue de la glace fondue et dans
laquelle plongeait le thermomètre , s'élevait dans le vase
à- une hauteur de 59 miilimètres au-dessus du fond, et
le thermomètre qu’on en a retiré marquait exactement
zéro, soit à 4 millimètres du fond, soit à la surface
supérieure du liquide. |
2.° Le 9 mars à 5 heures 45 minutes du soir, on
a mis de la neige réduite en petits glaçons et fondante
dans un: vase de terre ( fig. B ) que l’on a mis sur le
fond d’un tonneau placé debout dans une cave; on
a plongé le même thermomètre dans cet amas de neige
fondante , qui recouvrait les parois du tube au-dessus du
zéro du thermomètre à 53 5 millimètres et on a laissé ce
vase de terre en expérience au mémelieu, jusqu'au lende-
main 10 mars à Gheures 45 minutes du matin ; et pendant
cet espace de 13 heures la neige fondue mélée d’eau
s'était abaissée dans le vase jusqu’à 6 + de millimètres
au-dessous du terme de la glace fondante, et le mercure
da thermomètre dont la boule plongeait encore en entier
_ dans cette masse d’eau et de glace marqaît exactement zéro.
3° Le rt mars à 8 heures du matin, l’on a plongé le
thermomètre dans une masse d’eau et de glaçons flottants
contenue dans le vase métallique de la 1."° expérience
placé dans une chambre dont la température était à
15 degrés au-dessus de zéro, et en 5 minutes le thermo-
mètre y est descendu à zéro; on l’y a laissé jusqu'à ”
1 heure et demie après-midi, et l'ayant retiré alors il ‘
162 " MÉMOIRES.
raarquait encore zéro. On l’a replongé. dans le fluide
dont toute la glace n'était pas fondue , il marquait
toujours zéro; ayant alors enlevé promptenrent toute la
glace encore suspendue dans l’eau, on en a retiré le
thermomètre au bout de une miuute et il était déjà
_ monté d’un degré, mais au bout de 5 minutes il mar-
quait + 1° :.
4. Le 11 mars à 2 heures après-midi, on a jeté
toule l’eau contenue dans le même vase que l’on a
rèémpli de nouvelle neige glacée et fondante.bïen empilée
et foulée au tour du thermomètre jusqu’à une hauteur
de 60 millimètres au-dessus du zéro. Ge vase a été posé
ensuite sur une table couverte en toile cirée et sans.
autre intermédiaire. Lorsque à 4 heures après-midi, le
niveau de l’eau fournie par la glace fondue s’élevait
déjà à 26 millimètres au-dessus du fond du vase, le
thermomètre qui jusques là avait marqué zéro était tout
à coup remonté à 6 dixième de degré au-dessus du zéro,
et l’on. observa de plus que le reste de la masse de glace
fqndante et appuyée sur le fond du .vase , dans laquelle le
thermomètre se trouvait encore renfermé, offrait dans son
centre et à la surface supérieure une sorte d’entonnoir
qui s'était formé autour de la partie supérieure du tube;
Ja partie la plus basse de l’entonnoir était encore de
2 4 millimètres plus élevée que le zéro du thermomètre.
Ayant alors fait écouler hors du vase toute l'eau qu’il
contenait et retassé la masse de neige restante autour
du thermomètre , il y est redescendu à zéro en 5 minutes;
il était alors 4 heures et demie du soir: dans cette
dertiière expérience le fond du vase portait sur une table
couverle en toile cirée placée dans une chambre dont
4
la température était aussi à 15 degrés.
.
MÉMOIRES. 105
5.9 Le raimars à 6 heures 15 minutes’ du soir, le
même vase a été rempli encore une fois de neise glarée
à ras el placé dans la chambre sur. une table en bois :
à 8 heures R glace était fondue en partie et l’eau qui
provenait de sa fusion ne s'élevait alors qu'à 2r milli-
mètres au-dessus du fond du vase ; on en a alors retiré le
thermomètre qui marquait + :° en sortant de celte eau.
6.° Le 13 mars à 10 heures et demie da matin, on
a replacé le thermomètre dans une masse de glace pilée,
contenue dans le même vase métallique et il y est de
suite descendu à zéro; on l’y a laissé jusqu’à à heures
53 minutes du soir et une partie de la glace était fondue ;
on ena retiré le thermomètre et il marquait tou;ours zéro.
Cette masse de glace provenait d'un reste d’eau de
pluie, amassée au fond de ce tonneau placé sous la
goulière; lors de l’ouverture du dégel, cette glace ayant
éprouvé le contact de l’eau de neige fondue descendue
par l'échenie jusque dans le tonneau, a commencé à se
fondre aussi en formant une ouverture conique renversée
placée dans son centre et par laquelle l’eau s'étant commu-
niquée au-dessous de cette masse de glace , celle-cis’est
fondue daus la partie inférieure en y laissant un vide
cylindrique; le niveau de l’eau de la fonte s'élevait à
108 millimètres au-dessus du fond du tonneau ; ayant
le 13 mars à midi plongé le thermomètre dans l’eau
pendant 30 minutes au-dessous de la glace même et
à 5 millimètres au - dessus du fond du tonneau, il
marquait zéro ; il marquait également zéro à la surface
de l’ouverture conique du centre de la masse de glace.
Le lendemain 14 mars à 11 heures du matin, Île
thermomètre plongé dans la même eau et à 5 millimètres
me. re ER ete RER EEE” AT neue à
— gere rec RUE
* Observations faites les 13, 14et 15 mars, sur de la glace restée
dans Je fond d’un tonneau , placé à l'air libre, à l’ombre et au nord.
164 __ Mésorr Es.
du fond, marquait une np de + :° et à la
surface du fluide + ? ou £ de degrés.
Le 15 mars enfin, l’eau du tonneau , quoique toujours
en contact avec une ee de la sise, avait acquis une
température de + 1° 3 ainsi qu'on s’en est convaincu
en y plongeant le nes |
En “on perens entr’elles les expériences précédentes, il
en résulte 1.” que deux circonstances tendent réellement
à faire monter ke mercure dans le thermomètre au-dessus
du terme de la glace fondante, le zéro thermométrique.
La 1." lorsque le vase contenant la glace pilée ou la
neige fondante, touche immédiatement par son fond un
corps dont la température se trouve déjà au-dessus du
zéro; la 2."° Jorsqué la partie du tube du thermomètre
située au-dessus du zéro , a le contact de l'air exterieur
en cessant d'être suffisamment couverte de glace ou de
neige. Hors ces deux cas, tant que la glace n’est pas
entièrement fondue , l’eau de la glace fondante a une
température constante, marquée et rendue sensible par
le zéro thermomètrique.
2.° Que les limites du temps nécessaire pour produire
une élévation sensible de la température de l’eau de
la glace fondue, sont assez variables puisque nos expé-
riences donnent pour ce temps de deux à 48 heures.
3.° Que l’une des deux circonstances précitées et peut
être toutes les deux réuuies ont concouru À produire
l'élévation subite de la température de la petite quantité
d'eau, dans laquelle M." Vène dit que plongeait la boule
_de son thermomètre et que s'il n’eût pas abandonné
l'observation de son instrument pendant la demi-heure
qu'il l'a laissé plongé dans la glace fondante, il se fût
sans doute rendu raison lui-même de l’anomalie que
| présente
MÉMOIRES. | 165
présente son observation et ne s’en füt pas appuyé pour
renverser Ja théorie reçue en physique, du changement du
calorique sensible en calorique latent pendant la fusion
"de la glace qui passé de l’état solide à l’état liquide et
\
qui absorbe à cet effet 60 degrés de chaleur. Nous
croyons donc qu'avant de prononcer sur la nouvelle
théorie du calorique qui résulterait du fait expérimental
cité par M. Vène, il faut l’inviter à refaire une suite
de nouvelles expériences, avec de bons thermomètres,
dont les résultats présentent tous le même phénomène,
sans aucune différence, ni aucune anomalie.
Enfin, quant au moyen que présente l’auteur des |
observations sur la construction des thermomètres, pour
fixer le zéro thermométrique , sans erreur sur le véritable .
. degré de la glace fondante,. et qui: consiste, suivant la
note que nous avons déjà citée, à employer un vase
percé de trous dans sa partie inférieure; il se trouve
indiqué depuis long-temps ; quoique sous une autre
forme, dans la 1." encyclopédie, à l’article thermomètre,
par Dom Casbois, Bénédictin très-savant, principal du
collége de Metz, qui employait à cet effet des clayons
en bois, sur lesquels il plaçait (dans une cave profonde)
la masse de glace fondante dans laquelle il plongeait
les thermomètres dont il voulait fixer avec une grande
précision le zéro, limite inférieure de l’échelle thermo-
métrique. |
À ArRA4S, le 3 Juin 1820.
B. TERNINCK. LEVIEZ, d.-m. MERCIER , d.-m
CH. DE DONOP, A. HALLETTE, Fil,
Tor: IV." 4 Liv. 11
166 MÉMOIRES.
NOTES -
Sur les Fractions décroissantes périodiques, leur
application à la théorie des nombres et à la
résolution des équations imdéterminées.
Par À. V ÈNE, Capitaine au Corps Royal du Génie,
Membre honoraire de la Société Royale d’ Arras.
——"0 Cie Do —-—
Le. veut réduire une fraction ordinaire en .
d’autres fractions, dont les dénominateurs soient formés
par les puissances d'un même nombre, on est condait
à des fractions plus générales que les fractions décimales,
mais qui ont avec elles beaucoup d’analogie.
Prenons pour exciple la fraction ordinaire ; z et pro-
posons-nous de la réduire en une suite équivalente de
fractions , dont les dénominateurs soient g, ou une
puissance de 9.
Muitiplions à cet effet le numérateur 1 de la proposée
par 9, et effectuons la division du produit 9 par le
dénominateur 4; nous obtiendrons pour quotient 2 et
pour reste l'unité : mais comme la fraction a été rendue
9 fois plus grande lorsqu'on a multiplié son numérateur
1 par 9, il faut maintenant diviser le quotient 2, que
nous avons obtenu par 9, et cette opération nous donne
pour véritable quotient 3: cela posé multiplions le reste
a de Ja 1." opération par 0; et divisons ce second produit |
par 4 (dénominateur de la proposée :), nous aurons
encore 2 pour quotient et 1 pour reste. Mais comme
MÉMOIRES. 167
Je reste de la 1." division était 9 fois trop grand et
qu’ensuite on l'a multip'ié par 9, le quotient de: la 2."
opération se trouve 9 » 9. fois ou 9.* fois trop grand et
‘pour le réduire à sa juste valeur, il faut le diviser par
9." ; en continuant à opérer de même sur chacun des
restes, on trouvera que la fraction ? égale la suite des
— 2,2 ,.2 2
fractions Fi a + re + x + etc. (a)
Nous désignerons sous le nom de Module le nombre
“9, dont les puissances forment Îles dénominateurs des
fractions décroissantes , qui expriment les quotients
partiels de la division au moyen de laquelle on trans-
‘forme la fraction ordinaire proposée.
Si on avait la fraction périodique T SAP _ £
À + etc. C'est le nomhre 8 qui en serait e module.
Pour rendre nos calculs plus simples » nous écrirons ces
fractiqns à la manière des fractions décimales, en ayant
soin d'indiquer le nombre qui sert de module ; en vertu de
” (a) Eten effet en transformant ces fractions en fractions
décimales on aura ., = 0,22222222222221222222
LS = 0:02469135802469135802
rs — 0,00374348422/965706,4
+3 ‘= 0,00030483158055174516
etc. , etc.
et leursomme est équivalente à 0,249951890052/3103184
ou à 0,25 à moins de 4 cent mil.®"*
c'est-à-dire à 2,
168 MÉMOIRES.
es conventions nous écrirons + = © (9222 222 etc. et
Jon se rappellera que chacun des chiffres devient neuf
fois plus petit à. mesure qu'il s'éloigne davantage de la
*virgule. La fraction périodique simple 0,(5)33333 ete.
dont le module est 8, n’est en effet autre chose que la
suite de fractions décroissantes ( à + à 7 5 + mn +
r £ | ÿ ete. ) égale à la fraction S.
Si nous nous proposons pour second exemple, de
réduire la fraction ordinaire : en ane suite de fractions
. décroissantes ayant le nombre 7 pour module; nous
multiplierons par 7 le numérateur 2 et divisant le
produit 4 par le dénominateur 5, il viendra 2 pour
quotient et 4 pour reste ; on multipliera aussi ce reste
par 7 et l'on continuera la division par 5, comme on
Je fait pour réduire une fraction ordinaire en fractions
décimales, (1) avec cette différence qu’au lieu de ‘mul-
(1) Si en eflet on proposait de réduire la fraction
ordinaire ? en une suite de fractions décroissantes dont
Je module soit 10 ; multipliant par 10 le numérateur 3, et
divisant par 7 le produit 30, il viendrait 4 pour quotient
et a pour reste et la 1." fraction serait # ; multipliant
de même le 1." reste 2 par 10 et divisant le produit 20
par 7 il viendrait 2 pour. quotient et 6 pour reste et
e e 2 Q . . e é
la ».° fraclion serait — ; continuant ainsi à multiplier
Li
le 2.° reste par 10, et à diviser par 7, on aura pour
. 8 | à . pe e
3° fraction TEL pour 4.° fraction sai pour 5.° fraction
Li enfin pour 6.* fraction mais ici le 6.° reste est
le nombre et la période qui a six chiffres recommence,
ce qui fait voir- que les fractions décimales ne sont qu’un
MÉMOIRES. 169
tiplier chaque reste par 10, on le multipliera par le
module 7, et par ce moyen on aura la fraction pério-
dique composée AUTTAR a54r. etc. dont la période est
de quatre chiffres. |
Le premier chiffre je Ja eue est censé divisé
par 7; le second par 7.; le 3.° par 73 le Ée par
7.+ etc. ec que * : égale (7 +È Fe 74 — +
+2 “rte ete. |
D réduire la fraction ordinaire
+, en une seule de fraction décroissante dont le module
soit 2, on aura ; = o,(? Jorotôt etc. cette fraction est
es comme Je ne et elle équivaut
Aire tStetrtete)
ou bien VE — Et 15, DE ete).
c'est-à-dire ( 2 e- ea te FR cr4 += t elc. )
1024
Des exemples que nous venons F citer, nous tirons
une règle générale, pour convertir les fractions ordinaires
en fractions. décroissantes. Celte règle consiste à niul-
tiplier le [numérateur de la fraction proposée par le
module et à diviser le. produit par le dénominateur de
la même fraction. Si la division se fait exactement , le
nombre des fractions partielles décioiïssantes est limité et
fa fraction se termine ; maïs si la division laissê un reste,
on multiplie ce reste par le module et l’on continue la
division, comme à l'ordinaire en mullipliant chacun
des restes auecessifs par le module et plaçant les chiffres
du quotient les uns à la suite des autres.
cas particulier et la fraction à égale donc 0 ("242 857 L,
428571 etc.
170 MÉMOIRES.
Si les mêmes resles se reproduisent dans le cours
de l'opération, le résultat de la division devient pério-
dique ; dans le cas contraire la fraction décroissante se
termine et n’a qu’un nombre fini de termes.
Si par exemple, on réduit la fraction :£ en fractions
25
déciomentce dont le module soit ‘5, on trouvera la frac—
tion finie non-péricdique AS En = (ii = = =).
DES FRACTIONS PÉRIODIQUES DÉCROISSANTES.
RRRARPRARARARRARA RES
| à |
_ La fraction ordinaire a <rgendrera une fraction pério-
dique toutes les fois que le dénominateur d contiendra
un facteur étranger au modute m. En effet lopération
que nous avons indiquée pour transformer la proposée
© en fractions décroissantes s ayant m. pour module $
consiste à faire successivement.
amædq {tr (1)
..rm=dg'#tr" (2)
med qd"+r” (3)
rm=dq'{frr (4)
r’m=dq"+tr" (5)
etc. . etc.
rm — dqtrt (n) | |
Multipliant maintenant l'équation (r) par malt) ;
l'équation (2) par m(t-2) ; l'équation (3) par C3);
l'équation (4) par m(t"4) , et ainsi de suite , et ajoutant
toutes les équations ainsi multipliées on obtiendra
l'équation formulaire,
don me
ms = ne.
à
MÉNOrRES. 171
ami = à { gmt=e f q'mt= t g'mi- à
d'm'—*fetc. f q'} fr'(A)
Si la fraction n’est pas périodique, c’est-à-dire si l’on
parvient à un reste r” égal à zéro ou nul, le second
membre de l’équation.( A) sera divisible par d, en sorte
que a m° sera ‘aussi divisible par le dénominateur: d de
la proposée, et comme a et d, n’ont pas de facteur
commun, cette division ne peut se faire exactement
que lorsque le nue m, contient tous les facteurs
premiers de d.
Supposons que la fraction devienne périodique immé-
diatement après la virgule , et que la période, se composé
d’un nombre de chiffres égal à t; alors le reste r° sera
égal à a, et l’équation A; prendra la forme.
am'=d ( q m*+ q"m'?+.....+ qd") ). fa.
oua(mtr)= d (qm"+q'm" "#4 d").(B)
Enfin on tire de là | | .
a qmt"” 4 qg'mttr? + q(? | (0) |
— à | . 8 .
d. | (mN_— 1)
Et cette formule ‘fournit une règle générale pour
réduire une fraction périodique décroissante en faction
ordinaire.
Lorsque m= 10, (m0 1)=( 10 )'— 1, égale
autant de 9 qu'il y a de chiffres dans la période.
Supposons maintenant que la période ne commence
pas immédiatement après Îa virgule, mais après les
\ ° «
72 _‘: MÉMOIRES.
. ! M. (k | |
chiffres 4, q, d'os q È qui sont au nombre
de k; dans ce cas la fraction qui forme la période est
t-7 t-2 ' t
, dmctgm' tt 0, (D):
m° (m1) |
En effet en avançant la virgule jusqu’à Ja période,
Ja partie fractionaire devient égale à la formule (C );
or en avançant la virgule d’un nombre de rangs égal à
k, on rend la fraction mk fois trop grande et pour
la ramener. à sa valeur, il faut , en la divisant par mb, la
mettre sous la forme donnée par la formule (D }.
égale
“La partie de cette fraction qui n'est pas périodique
g q” <s ;
est égale à — Fes 3 T osuse +25 set en réduisant
ces fractions ru au nine Fous Pi elle se
ue en
mé q'mE &) É
met... 4 |
m |
Ainsi donc la fraction ordinaire _ est égale à la
_somme des deux fractions (D). et (E).
‘
Et l’on a. |
a_« ne Ligne 24. HE - quid t-2 24.4 q0)
= il
d | mi) er (m'—1) m{(K)
ou enfin en les ajoutant
à Gate) {nt gt 2 tg00) tafont Etglmt ts,
qd (m'—1) (m') |
(EF): :
Î
da:
MÉMOIRES 173
- ; }
Si l’on prend m — 10, la formule (F) donne fa
règle prescrite pour la réduction des fractions péric=
diques décimales en fractions ordinaires, lorsque la
période ne commence pas immédiàtement après la virgules
THÉORIE DES NOMBRES.
Faisant disparaître les dénciiuateuns de l'équation
formulaire (F), il viendra
am (m'-1)= à am 1) {qi gen #5F gt tam
+q'mt" + +q" 1
Mais le second membre de .cette transformée élant
. divisible par d, il faut que le 1° membre a mk (m'-1)
soit aussi divisible par d; mais puisque les nombres
a, det m, v'ont aucun facteur commun, c’est (m' ne
qui sera divisible par d. d
Lorsqu'on convertit la fraction 2 en fractions pério-
diques, on trouve suéceseisenent des restes qui sont
tous’ plus petits que d, et le nombre de ceux qui son
inégaux ne saurait surpasser (d—1 )et comme ce sont
ces restes inégaux qui produisent les chifires de la
période , dont le nombre a été désigné part, ce dernier
nombre est toujours plus petit que d; et delà il résulte,
un théorème remarquable qu’on peut énoncer de la.
manière suivante.
» Dans la suite des puissances, m,m*,m3,.,..m'
» inférieures au nombre d, il existe un terme m‘' qui
» divisé par d laisse un pour reste.
Sid ést un nombre premier, l’exposant t sera (à — t)
ou un diviseur de (d— 1)
En effet, si t'est le plus petit exposant | pour lequel
m' divisé par d laisse {1 pour reste, les puissances
CA _ MÉMOIRES. |
inférieures m, m*;, M$... ml Jaisseront des restes
inégaux et différents de l'unité, après avoir été divisées
par d. Mais les puissances. multiples. rm', m°t,m$"..mts
daisseront toutes l'unité pour reste, tandis que les puis-
sances intermédiaires , mttt, mti2,....… jusqu'à m°?",
laissent les mêmes restes, que- les. puissances a , a°;
a3,..... at}, du numérateur de la fraction 5 et
” Fon aura
LE mt = dq+e
d’où mttt = mdq+ m=—dmgq+m
mt = m'dq+ m°=—dm'q+t m*
mtti — m°dq+ m°— dm°q+t m?
. etc. RS etc, . | ER
| De sorte que dans la suite infinie des puissances m,
m°’, m5,m*#,m°......,. etc. m”,..il n’y a que m',et les
multiples m2‘, m3, mt, etc. qui divisés par d ,. puissent
laisser 1 pour reste; dont si m-T Jaissait 1 pour reste
étant divisé par d, il faudrait en conclure que (d— 1)
est égal à t ou à un multiple de t..
Cela posé , divisons successivement par d; les nombres
m,2m,3m....... (d—:1)m, il viendra
m=dqtr |
2m=dq+tr
3m—da'tr
| 4m=dqtr"
etc. etc.
(d— 1) m=dqé-2 t r(d-2)
".Muitiplions toutes ces équations , l’une par l'autre
nous aurons !/ 1, 2. 3. 4... (d—1) mil d Qt
rem} (CG)
Lun
MÉMOIRES. 175
Q étant gne fonction de (Cd, q, qqg'ietcr, r,rf, r etc. }
Or tous les restes r, r', r”,... LE sont inégaux ; car
s'il y avait deux restes égaux, tels que r, r”, on aurait
(4m—2m)—2m=d (q"—q'}), de sorte que m
serait divisible par d.
Puisque ces restes inégaux sont plus petits que le
nombre d, leur produit Cr, r,w...n2)= 1,2, 3,525
(d—:1) et substituant cette valeur dans l'équation (G)
elle deviendra. |
(u23.4....d— 1) mit — à Qté. 2.3.4... (d-1)}
ouf1.2.3.4: (d—1)} {m1}. |
Le second membre de cette ee étant divisible ‘
par d, il faut nécessairement que (mi Re 1) soit aussi
divisible par d ; car le facteur {r.2. 3. 4....(d — 1)
ne saurait être divisé par le nombre premier (d).
Ainsi donc m-!, laisse 1 pour reste lorsqu'on le
divise par'd, et le nombre t est — (d—:) ou à
un facteur de (d—1), |
| RÉSOLUTION L
des E quations indéterminées du 1 «* degré.
La solution de l'équation a x — b y— c se déduit
de celle de l’équation ax—by= 1, en multipliant
les valeurs de x et de y qu’on obtient de la seconde
par le nombre c.
Occupons nous donc de l’équation ax—by= 1.
nous supposons que les coefficients a et b sont des
nombres premiers entr'eux, parceque dans le cas con-
traire l’équation PERposée ne serait pas solvable en
nombres entiers,
176 MÉMOIRES.
Cela posé , si je iéduis la fraction aL en fractions
décroissantes ayant a pour module, on obtiendra
- une fraction périodique , et si t est le nombre de chiffres
de la période, (a'— 1} sera. divisible par b., . ‘sorte
qu'on aura l'équation (a —1})= bQ, ou (aa 31)
—bQ, d'où a. a bQ= 1. Cette équation compa—
rée à la propsée a x — : y —= «+ nous donne pour
x et y les valeurs x— a Tet ÿ = Q.
La même équation sera satisfaite, si l’on met à fa
place de x et y, x:tbz ét yHaz, car substituant
en effet dans. la proposée ax—by— 1, x#+bz au lieu
de xet y +az, à la place de y, il viendra a x +
abz—by 'abz=ær, les deux termes + ab z et
Xabz qui ont des signes contraires se détruisant.
Le moyen que nous venons d'indiquer pour résoudre
les équations indéterminées du 1." degré, nous parait
préférable aux procédés qu’on suit ordinairement et
qui consistent à réduire £ en fractions. continues et à
calculer la fraction convergente qui précède L5 et l'avan-
tage de notre rnéthode résulte ‘de ce que nos recherches
se bornent à déterminer le nombre t des chiffres de
la période, ce qui est souvent facile; et ‘lorsque ce
nombre est connu, les tables de logarithmes peuvent
être employées de la manière la plus commode pour
calculer (at-1) et Q , qui donnent les valeurs de x et de y.
Si le nombre b est un nombre premier, on sait que
a d-2 = bO+: où a. d72 bQ—.1, alors faisant
x— a, a(@P°2) et y==Q, on aura sans tâtonnement la
_ solution de l'équation indéterminée ax—by==1.
MÉMOIRES. 5 177
NOTICE
Sur la Vie et les Ouvrages de JEAN MOLINET,
Poëte et Historien du 15 siècle, Chanoine
à Valenciennes: |
Par G. A. J. HECART,, Membre résident,
MAAAM AAAAAA ARAAAR
Liu du Maine fait naître Jean Movies à
Valenciennes ; mais il est certainement né à Desvres,
(Pas-de-Calais), vers le miliea du XV.* siècle selon
l'abbé Goujet *'et vers 1430 ou 1435 selon Beauchamps **
- qui ne cite pas ses autorités ; il fat aumônier et bibliothé
-caire de Marguerite d'Autriche , gouvernante des Pays-Bas,
et historiographe de Maximilien 1. ; il mourut à Valen-
cieunes en 1507, et fut enterré dans l'église du Chapitre
de la Salle dont ïl était Chanoïine; ‘voici son épitaphe
rapportée par Doutreman ,*** elle ne laisse aucun doute
sur le lieu de sa naissance. | |
Me Molinet peperit Divernia Boloniensis,
Parisius docuit : aluit quoque V'allis cygnorum Gÿ
Et quamvis magna fuerit mea fama per orbem;
Heæc mihi pro cunctis fructibus aula fuit.
# Biblioth. franc. ** Recherche sur les Théât, de France,
Tom. 1." p.279. suiv. *## Hist. de Valenciennes , p, 379.
(4) On ne saurait dire pourquoi Foppens substitue amorum à-
Cygnorum, si ce n’est pour la mesure des vers; il est pourtant
présumable qu’il a pris dans Doutreman ce qu’il dit de Molinet
V. Biblioth. Belgia. Tom. 2 P. 697. Il faut convenir que la.
substitu'ion n’est pas heureuse, outre qu’elle blesse Ja vérité
historique, la allée des amours ne convient guère pour être la
derneure d’un Chauoines |
178 MÉMOIRES. |
Simon Leboucq qui rapporte aussi celte épitaphe de la
| même manière, la fait suivre de ces vers. dont il ne nous
fait pas connaître l'auteur ; je crois faire d’autant plus
de plaisir à mes lècteurs en és transcrivant ici, que
je les crois inédits.
Dis moi, qui gist ici sans que point tu m’abuses ?
Cy gist l’amy privé d’appollo et des muses.
Quelz choses avecq luy sont mortes et taries ?
Dictz subtilz, savoureux, jeux, ris et facétiess
Qui est-ce qui pour luy déplorer continue ?
C'est rhétorique en chef, qui fort s’en diminue.
Est-ce donc que celuy tant cognu Molinet ?
C'est luy seul qui mouloit doux motz en moulin net,
Mais qui fut l'homme heureux qui tant luy en apprist.
Des cieux vient l'influence en son sublime esprit.
‘N’eust-il nul précepteur, Gresban ou maistre Alain ?
* Son maistre qui cy gist fut George Chastelain.
L'en suivit-il de près, est-il pair , ou s’il passe ?
‘Tous deux on peut noter en règle et en espace.
Mais à qui comparer les peut-on sans mespris ?
L'un pour Virgile et l’autre est pour Ovide pris.
L'un donc ques fut plus grave et l’autre plus facile ?
Plus humain fut Ovide et plus divin Virgile.
O tous deux bien heureux qui telz titres méritent !
Leurs engins , leurs vertas de gloire Îles héritent. :-
Qui pourra plus jamais à telz los parrateindre ?
Nulluy qui sçhache pleume en noir atrament * teindre:
Combien donc a perdu la langue gallicane ?
Par leur mort elle est mise en basse barbacane.*#
* Encre d’Atramentum,
** Barbacane. Ce mot dans sa signification ordinaire est pris …
_ pour les crénaux d’up mur de rempart; ici il est employé pour
un lieu obscur dans lequel le jour ne pénétrerait que par des
di ue
MÉMOIRES. 179
‘ En quelz temps, soubs quelz roys furent-ilz florissantz ?
Va lire leurs labeurs par-tout resplandissantz.
Pourqoy se dirent-ilz judiciaires * lors ?
Pour ce qu’ilz ont montré d’histoires les thrésors.
Las que peu de gens sont qu’on sçache avoir vescu !
Ceux cy, font les gens vivre, et la mort ont vaincu.
Comment a nom le lieu qui telz gens a nourry ?
Valentienne , val doux, val insigne et floury.
Où sont leurs monumentz et précieux tombeaux ?
En la bouche des bons et en leurs écriptz beaux. |
© Dieu ! combien vault mieux telz tombeaux que de cuivre!
D'aultant que pleume vole où métal ne peut suivre.
Cette pièce est je crois de Simon Leboucq Néièmes
elle est tirée de son histoire ecclésiastique de Valenciennes,
ns. pag. 117.
Cet auteur dit que Molinet était en son vivant un
grand poëte et historiogtaphe de la Maison de Bourgogne;
. qu'il composa quantité de vers favétieux dont partie fut .
imprimée à Paris, en 1537; qu'il écrivit les Aistoires de
son tems, commençant en 1474, et finissant à la mort
du Roi Philippe de Castille en 1506; que lui - même
mourut l’année suivante, c’est-à-dire en 1507.
On voit aussi dans son épitaphe latine que notre
historien-poëte fit ses études à Paris ; c’est presque tout
ce que l'on sait de sa vie, |
La pièce ci-deseus nous apprend qu’il fut di sciple de
® George Chastelain auteur d’un Recueil de vers fort
rare, d’une histoire de Jacques Dehallein, publiée par
* Judiciaire historien ; parceque les historiens mettent en
évidence les actions de ceux dont ils écrivent l’histoire , et qu’ils
lesjugent quelque fois ou mettent les lecteurs en étât de les juger.
189 ‘, MÉMOIRES.
Jules Chifflet, à Bruxelles, en 1640 , in-4.° ; il est encore
connu par l’épitaphe d’'ÆHertor et d’Achile, en vers fran
çais; par l’histoire de Philippe, duc de Bourgogne,
écrite en français, et dont Pontus Heuterus a fait usage
dans son histoire; enfin , par uue espèce de chronique en
vers, que Molinet nous a conservée et qu'il a continuée;
elle est intitulée : recollection des merveilleuses advenues.
Voici la dernière strophe faite par’ Chastelain.
J'ai vu dure vieillesse ù
Qui me vient tourmenter, .
Si fault que je délaisse
: L'escripre et le dicter
En rime telle quelle,
Puisque je voy * mourant,
Molinet mon sequelle **
Fera le démourant. | |
Guicciardin, dans sa description des Pays-Bas, parle
de Molinet comme l’un des hommes illustres que Valen-
ciennes à produits ; il le qualifie de Chanoine vertueux et
de grand poëte.#** Lacroix du Maine en parle également
comme d’un poëte excellent et d’orateur bien estimé de
son tems, tandis que Duverdier, qui nous a transmis Îles
titres de ses ouvrages, parle de ses talens avec beaucoup
de mépris, appellant ses précis des brouilleries ; » ila
» écrit, dit-il, plusieurs traités, orajsons et chants royaux:
» lesquels bieu que soient en rime, n’ont ni rime ni raison
» ( qu’on dit en commun proverbe. ) »
” Rigoley de Juvigny, ou plutôt Zamonnoie, com-
meutateur de Zacroix du Maine, est du sentiment de
# Je vais. ** Mon successeur, celui-qui me suit.
### Édition française, chant, 1609, in fol. p. 433
| | Duverdier
MÉMOIRES : 18:
Duverdier, (1) Après avoir rapporté l'expression de
Paradin qui l'appelle le gentil poëte Molinet, dans ses
annales de Bourgogne, à l'occasion de l’épitaphe de
Philippe duc de Bourgogne, composée en 1467 par
notre chanoine poëte, et placée sur la tombe de ce
Prince aux Chartreux de Dijon , après, dis-je, l’avoir jus
tifié sur lépithète de poëte vulgaire dont Paradin le
qualifie en marge de son livre (2), en disant qu’en cet
endroit poëte vulgaire signifie poëte qui écrit en langue
vulgaire, on ne laisse pourtant pas de convenir, conti-
nue-t-il, que nonobstant cette explication, Jean Molines,
méme pour son tems, était un mauvais poëte,
Ce n’est cependant pas ce qu’en pensaient ses contem-
porains. Clément Marot, dans sa complainte sur la mort
du général Guillaume Preud’homme , dit de lui :
» À donc que, Molinet
» Aux versfleuris. (3)
Guillaume Cretin » poëte français , faisait de lui le plus
graud cas ; il se plaint même qu'il ne recevait pas assez
souvent de ses nouvelles , et lui en demande avec instance.
» Tu as basty, (dit-il), plusieurs diz élégans .
_» Plaisans à ceulx qui veulent veoir et lire,
» Si qu'en cest art, pour le prix et les gans
»x On t'a voulu Maistre et Docteur eslire. »
Jean Lemaire, parle de lui avec éloge dans son ouvrage
intitulé: /a plainte du désiré , fait en 15p3.
(t) Lacroix du Maine, Tom. 1. P, 552.
(2) Pag. 919, où l’on peut voir Pépitaphe citée.
(3) Œuvres de Clément Marot, Tom. 3 P. 303. édit. de
Zenglet de Frenoy.
Tom. IV." 4.7 Liv. a2
182 MÉMOIRES.
# Un bien y a qu'encor me reste et dure,
» Mon Moulinet moulant fleur et verdure
» Dont le baut bruit jamais ne périra. »
+
ve
. Jean Bouchet, connu dans le monde littéraire sous le
nom ‘de Traverseur des Voges périlleuses qu'il se donnait
lui même, accorde une place honorable à Motinet, dans
son. Temple de la bonne renommée où il dit:
:» Si vous lisez les faicts de Molinet
- » Vous trouverez qu’il eut son moulin uect,
» Quand le roman de la rose arrosa
‘ : » De:sa science et le moralisa. »
Clément Marot déjà cité disait de lui, de Jean Lemaire,
et de Georges Chastelain,
_.» De Molinet, de Jean Jemaire et Georges
” » Ceux de Haynaut chantent à pleines gorges, »*
Ces jugemens d’Auteurs contemporains et autres de-
vraient balancer l'opinion de ceux qui affirment aussi
positivement qu'il était un mauvais poëte. Je pense que
nous ne sommes pas aujourd'hui des juges assez compé-
tans pour prononcer sur son mérite à cet égard ; on sait
que .dans:le siècle où il vivait, le mauvais goût était
assez ‘ généralement répandu; on ne pourrait même
guère. citer de poëtes ses contemporains qui, n’y aïert
plus ou moins sacrifié. Il sera toujours vrai de dire qu'il
fut estimé et regardé de son tems comme’ un de ceux
qui avaient le plus puissamment contribué à faire fleurir
les lettres et à perfectionner la langue française, ce a
n’était pas un petit mérite alors.
# £pigr. 123.° le commentateur dans sa note 4, sur cette
pièce, dit que Molinet était un poëte passable. Ubi supra, pag. 159.
F
! MÉMOIRES 183
Jean Modinet a fait plusieurs ouvrages importans; il a
traduit le roman de la rose en prose, en lui donrant
un sens moral ; en cela c'était rendre un grand service aux
mœurs qui étaient assez dissolues de son tems. Cette
traduction porte ce titre; |
» C'est le roman de la rose
» Moralisé cler et net, .
». Translaté de rime en prose
» Par votre humble Molinet, »
Cette traduction a été imprimée à Lyon, ‘Guillaume
Balsarin, 1503, infol. got..et à Paris, aussi in-fol. got,
- Perard, sans date, mai 1521; selon Goujet,* cet ouvrage
a été entrepris par HMolinet, à la demande de PAilipps
duc de Clèves. | |
- On a encore imprimé de lui un recueil de poésies
intitulé: les faits et dicts de Maistre Jehan Molinet, conte-
nant plusieurs beaulx traictés et chants royaulx. Paris,
-Jehan Longis, 153x , in-fol. got.
U
Les mêmes, Paris, 1540, lettres rondes, Avant celle-ci,
on en avait donné une édition in-8.° Paris, Jean Petit,
1537, got.
On trouve dans le catalogue de Pompadour, n.° 638,
que l'édition de 1531, in-fol., a été publiée par le
Traverseur des Voges périlleuses ( Jean Bouchet) ; il est
étonnant que ni Debure , ni Brunet, ne citent cette
circoustance , ce qui pourrait faire penser , vu l’exactitude
de ces bibliographes, que ce serait une erreur commise
* Cstte édition est imprimée par Michel Lenoir, V,. catalogue
de Pont-de-FV'esle , n.° 148, V. aussi le n.° 778 du catal. de
M.*** (Leduc), Paris 1819, où cet ouvrage est indiqué chez
le V.* Michel Lenoir,- .. |
a
184 MÉMoIREs.
par le rédacteur du catalogue cité; cependant rien ne
répugne à croire que Jean Bouchet ait pu être l’éditeur
de ces poésies dont il faisait grand cäs ainsi qu’on J'a pu
‘voir du passage cité ci-dessus.
. Je pense que Desessars * a eu tort de dire que les
poésies de Molinet ont été réimprimées à Paris, en 1723,
ce qui n'est pas exact. Ce qui a donné lieu à cette
erreur qui s’est perpétuée, c’est que l'éditeur de la
Légende de Pierre Faiteu a placé à la suite de cet
‘ouvrage les pièces suivantes, qu’il qualifie de poésies
‘diverses de Jean Molinet; savoir: le siège d'amour,
VABC Sauvaige, reco/lection des merveilleuses adyenues
‘de notre téms, de dictier que Vertjus présente à Maistre
JNicole Rembore, le Éestament de guerre. le calendrier.
Jé vais reprendre la suite des ouvrages imprimés de notre
-auteur. |
LA > Recollection des merveilleuses advenues en notre
» tems, commencée par Georges Chastelain, et conti-
» nuée jusqu'à présent par Jehan Molinet, Anvers,
.æ Guillaume Vesterman, in-4.° gothiq.
» Le temple de Mars (par Jehan Molinet), Paris,
-n le petit Laurens, in-4° got, »
Le même. Paris, Galiot Dupré ,15%5, in-6. * primé
sur vélin avec des miniatures.
La léauté des femmes, avec les neuf preux de
gourmandise , et aussi une bonne recepte pour guérir
des ivrognes , goth. sans date. ’
Duverdier rappoïté en détail le contenu des faiets et
dits, je vais les citer d’après lai.
* Dans les siècles littéraires de la France, vuvrage rempli
de fautes et d’erreurs grossières,
4 k
MÉMOIRES. 185
Les âges du monde , le Trône d'honneur , la Complaints
pour le Trépas de madame Marie de Bourgogne, la
Complainte de la Renommée,\a Ressource du petit Peuple,
le Temple de Mars, la Complainte de Grèce, \'Epitaphe
de madame Ysabeau de Castille, le voyage de Naples,
lV'4B8C Sauvaige | la naissance de madame Elhénor,
les neuf Preux de Gourmandise, le Débat de Chair et
Poisson, le Débat d'Avril et Mai, le Débat de l'Aigle,
Harène et Lyon, Dialogue du Loup. et Mouton , Prognos-
tication , la Litanie, le Calendrier, Graces sans Vilainie,
Ecttres envoyées à Muistre Nicole, Président de Papa-
gosse, Recollection des merveilleuses advenues de son
tes ; lesquelles Brouilleries, dit-il, ont été imprimées
en un volume in-8.°, à Paris, par Arnoult et Charles
Angeliers, 1537. | CRE |
_ Duverdier cite encore de Moines les deux articles
suivans pour lesquels je l'ai mentionné dans mes recherches
sur le Théâtre de Valenciennes, * je vais les rappeller ici.
Histoire du rond et du carré, à cinq personnaiges ,
assavoir, le rond, le carré, honneur » vertu et bonne
renommée , où sont contenues pluisieurs choses singulières,
touchant le Saint MARS l’Autel, plus la Complainte
de Constantinople, le tout en rime imprimé par Antoine
Blanchard, sans nom de lieu et sans date.
© Les Vigiles des ‘Morts, par personnaiges ; assavoir
creator omnium , vir fortissimus; homo natus de muliere;
paucitas dierum: imprimées à Paris, in-16, par Jean
Jemot, sans date.
» Je a'esbay, dit Duverdier , comme il les nomme
» en latin, vu qu'il les fait parler en français! »
# Pag. ’B4.
106 MÉMOIRES.
Voilà qui assure bien positivement que ces deux
espèces Ce “rames ont existé; mais comment se fait-il
que ni Lavallière ni Pont-de-Vesle, ni Debure, ni le
dictionnaire de Cailleau , ni Brunet ne les ont men-
tionnées? Où Beauchamps et après lui le Ch.‘ de
Mouhy, a-t-il donc pris que ces deux pièces qui doivent
être extraordinairement rares, ont été imprimées, l’une
en 1474, et la seconde en 1475 ? Puisque Duverdier
dit positivement qu’elles sont sans date.
Les frères Parfait parlent aussi de ces deux pièces
sous les dates de 1474 et 1475, sans qu’on sache ce
qui a pu les déterminer à établir cette date. *
Dans le second volume de l’histoire citée, ** ils parlent
encore de ces deux pièces sous la même date de 1474,
ce qui est d'autant plus étonnant qu'ils. n’en donnent
les titres que d’après Duverdier, en prévenant qu'elles
sont sans date ; ils citent aussi Ædrien Hecquet, comme
parlant de notre Auteur; mais la citation se trouve .
fausse ; il n’est fait nulle mention de Milinet ni à la
page 13, ni à la page 54 de la bibliothèque de Falère
andré; au reste, ils copient exactement l’épitaphe de
notre poëte, comme la rapporte cet ancien leiographes
Enfin ces pièces ne se trouvent pas dans la riche
collection dramatique de M." Desoleinne, qui n’épargne
pourtant rien. pour réunir toutes les raretés existantes
dans cette branche de littérature.
Molinet est aussi l’auteur d’une chronique de son
tems, composée de trois volumes, rapportant tous les
événemens non pas depuis 1474 jusqu’en 1487, comme
il est. dit dans Lacroix du Maine, ni 1504 comme on
* Hist, du théät, Franç. tom. 3. ps 65 et 105.
‘7 Page 243 du tom, 2.
_—— —7
—
MÉMOIRES. 187
te voit dans Foppens, mais depuis 1474, jusqu’en 1506,
comme avance Doutreman, * et comme le prouve
l'abrégé de cette chronique qu’en a fait notre prevot-
historien Simon Leboucq, lequel abrégé est à la Biblio-
thèque publique de Valenciennes, avec cette suscription:
fin de l'abrégé de l'Histoire de Molinet, escript par Simon
Leboucq, en Mars 1613, 11 dit aussi positivement que ce
Chroniqueur trépassa l'an 157 et qu'il est enterré en la
Salle fe Comte, où se voit son épitaphe,
. Foppens rapporte que Godefroy, de Lille, se proposait
de publier cette Chronique , dans la même forme que celle
qu’il avoit adoptée pour ce Philippe de Commines qu’il'a
fait imprimer avec ses Commentaires, mais que la mort
arrêta ce projet. | |
Ilest à regretter que ce savant et laborieux Commen-
tateur, dont les travaux sont connus et justement ap:
préciés , soit mort avant d’avoir effectué son projet.
Une autre preuve que cette Chronique ne finit qu’en
1506, se voit d’un Manuscrit qui appartenait à l'Abbé
Favier, et qui a été vendu à sa Vente faite à Lille, en 1765,
et d’un autre qui le fut à Cambrai, à celle du Chanoine
Mutte, dix ans après. Je remarquerai que l’auteur de la
notice qui précède le Catalogue de l'Abbé Favier, dit que
la chronique de Jean Molinet finit en 1504, tandis qu’à
l’article 5569 l'ouvrage de notre historien est ainsi indiqué:
chronique de Jean du Molinet, qui commence à lan 1434,
et va jusqu’en l’an 1506; 3 vol. in-fol, ms, proprement
relié, et d’un caractère bien lisible. |
Une autre faute existe encore dans cette notice peu
exacte, c’est qu’on n’y fait commencer cette chronique
* Hist. de Valencisnnes.
188 MÉMOIRES.
qu'en 1484, c’est-à-dire dix : ans plus tard qu’elle ne
commence réellement,
Dans le catalogue du chauoïine Mutte, art. 5874, on
trouve le titre d’un autre exemplaire de ce livre, mais
en on volume seulement,
Cette chronique était sans doute fort estimée de son
tems, puisqu’outre le ms, qui en était gardé, suivant le
P. Lelong , dans la bibliothèque de St. Vaast d'Arras,
il en existait, selon Foppens, un exemplaire dans eelle
de la Cathédrale de Tournay, et qu’il y en avait un
autre à Bruxelles, à la bibliothèque Royale; Godefroy
avait aussi le sien, qui est peut-être celui de labbé
Favier ; enfin M." Sohier-Chateau , mon compatriote,
8i savant dans l’histoire de nos antiquités, m'a assuré
que M. Bracg , autrefois bibliethécaire à Cambrai, et
que cette ville aura de la peine à remplacer à cause de
ses vastes connaissances en bibliographie , lui en a fait
voir un autre exemplaire dans la bibliothèque publique
de cette vil'e, qui venait, lui a-t-il dit, de l’abbaye de
Vaucelles et qu’on m'a assuré avoir été transfèré à la
_bibliothèque Royale à Paris. J'ai tenté d'éclaircir ces
faits : mais je n'ai pas été assez : beureux pour obtenir
une réponse.
Voici quelques couplets de la Recollection des merveit-
leuses advenuss, elles feront connaître la manière de
l'Auteur. Je choïsirai particulièrement celles qui concer-
nent le pays. j
‘J'ay veu gendarmerie
Bigarrée à tous lez
Comme juifverie
‘“# Depuis, M. ZLeglay, secrétaire perpétuel de. la Société de
Cambrai, a fait, à me prière, d’inutiles recherches, |
MÉMOIRES. 16q
Riollez* Piollez*® d |
De diverses bigornes“**
Et d’estranges façons,
Ne restait que les cornes
Pour être limassons,
J'ay veu, comme il me semble,
Ung fort homme d'honneur
Luy seul chanter ensemble S
Et dessus et teneur (4)
Olbekten, Alexandre,
Jossequin, ne Bugnois, (5)
Quy sçaivent chants espandre
Ne font telz esbanoys. (6)
" J'ai veu clerc de villaige
_Menger ung gros raton, (7)
Une poule volaige , |
_ Ung quartier de mouton.
Du pain plein une mande (8)
Bouter en ses boyaulx,
Ne sçay comment la pance
Ne luy rompt de morceaulx.
* Rayés. ** Bigarrés, *** Des Bandes , de diverses couleurs
placées transversalement , d’où Bigornieuz ; qui signifie Louche,
qui regarde de travers. (4) Tenor.
(5) Musiciens du pays célebres dans leur tems , desquels je’ me
propose de parler dans la seconde édition de mes recherches
sur Îe jhéâtre de V. alenciennes. |
(6) Ne font pas des choses aussi surprenantes ; n'étonnent
pas autant.
(7) Sorte de pâtisserie faite de farine de sarrasin (Polygonum
Fagepyrum ) si a avec dés œufs et frits à la poële.
" (BJ Panier.
LV :
+90. MÉMOIRES.
Jai veu en Vallenciennes,
Quand droit là me tournay
-.Va-tost (1) faire des siennes,
Et aller à Tournay
En moins d'heure et demye-
Sans cheval ne jument
_ C'était chose ennemye ,.
Force, ou grant radement (2)
J'ay veu peuple en mes livres,
De famine. troublé ,.
Et vendre quatre livres (3)
Ung seul mencault de blé (4)
En ceste propre année
_ Avoir dessus l’Escault,
La chance retournée,
Ung muy pour ung mencault, (5 }:
/
Puis ouys chose amère
Plus fière que devant,
Au ventre de sa mère
Brayre ( 6) ung petit enfant.
Puis au Quesnoy-le-Conte :
Tant hault plaindre et gémir ,
Que la mère à bref compte |
En laissa le dormir. oo
J’ay veu frère Nicole
Ung suisse fort dévot,
D'abstinence l’escolle
(x) Sobriquet donné à un boulanger de Valenciennes , qui mar-
chait fort vite. (2) grande vitesse,
(3) Environ deux francs cinquante centimes. (4) enviren 5a lit.
: 6) Quatre hectolitres, (6) 1 Pleurer,
MÉMOIRES 191
Fort bien tenant son vot. (1)
Vingt ans vivre en ce monde
Sans manger peu ne point ; (2)
Dieu en sa gloire monde
Luy doint viande à point.
J'ay veu vif sans fantosme
Uug jeune Moisne avoir,
Membre de femme et d'homme,
Et enfant concepvoir,
Par luy seul en lui-mesme
Engendrer , enfanter,
Comme font aultres femmes
Sans outilz emprunter.
. Auprès de Valénciennes
| Veiz un jeune filz bon
Quy les bras des mains saines
Avoient noirs que charbon.
L’esperit de sa mère,
Morte l'avait blessé,
S’en fut de peine amère,
Par son filz despeché.
J'ay veu et leu en livres
D'une pierre pesant
Deux cens cinquante livres,
. Montaigues traversant ;
Du ciel par ung tonnoire (3)
Comme il me fut compté,
Cheut c’este pierre noire
En. Forret la compté.
vs
(1) Vœu. de Fotum. (23) Cette Fans. déceute c’est renouvelée
de nos joars, (3) Tonnerre.
r02 MÉMOIRES.
C'est dommage , qu’exeepté ce dernier article, et ceiui
de la famine, on ne voie plus. aujourd’hui des choses
aussi merveilleuses,
Il est à remarquer que quoique Molinet fût mort et
enterré à Valenciennes , dans l'église de son: Chapitre , où
son épitaphe se voyait du tems de Simon Leboucq, qui
le dit positivement , et de Doutremar qui la rapporte, (1}
on ne connaît cependant pas la date précise de sa mort,
ni son âge. |
L'abbé Goujet , (2)ÿ rapporte d'aprés Foppens, l’épitaphe
de Georges Chastelain , avec une erreur de date ; c’est
le 20 et non le 22 Mars que porte cette épitaphe , et
comme le marque positivement Doutreman ; H ne fut
point inhumé auprès de Valenciennes , mais au milieu
de léglise de notre Dame de la Salle de cette ville.
Doutreman donne aussi l’épitaphe de CAastelain, et c’est
probablement de cet historien que l’a copiée Foppens ;
cependant il s’y trouve quelques légères différences qui
peuvent provenir des copistes ; peut-être aussi la-t-il
prise sur les lieux puisqu'elle est conforme à celle que
l'on trouve dans les amnales ecclésiastiques manuscrites
de Simon Leboucg. Cet historien nous apprend que
.Chastelain fut fait chevalier par le duc Charles le Hardi,
en cette ville de Valenciennes pendant la tenue du
chapitre de la toison d’or . et lui donne le titre de
Judiciaire, » comme à celui qui démontrait, ajoute
» l'historien, par escriptures authentiques les admirables
» gestes des chevaliers et confrères de l’ordre. »
Cette notice est terminée par deux pièces de Vers inédites
de Jean Molinet, qu'on ne-croit pas devoir imprimer.
(1) Hist. de Valenciennes, P. 379.)
(2) Bibliot. frange. To. 9. P. 367
MÉMOIRES. 193
LE GUERRIER ATHÉNIEN.
Lu en Séance publique le 24 août 1821.
EEE Eee
| D, ses premiers rayons l’astre brillant du jour
N'éclairait qu’à demi les côteaux d’alentour ;
Non loin des bords fameux où fut jadis Athène,
Où les flots soulevés se brisent sur l’arène,
Debout sur les débris d’un temple renversé,
Donhant cours aux soupirs de son cœur oppressé,
Les yeux levés au ciel, un guerrier jeune encore
Exhalait, en ces mots, le feu qui le dévore:
O Grèce! à mon pays! loin de toi le sommeil!
La vengeance a sonné l’heure de ton réveil, |
_ Le sañg grec a coulé! que dis-je? il coule encore
Du rivage d’Ismir aux rives du Bosphore. ;
J'ai vu tomber tes fils sous le fer assassin,
Les femmes, les vieillards, arrachés de ton sein.
Sur ceux qui ne sont plus pourquoi verser des larmes?
C’est du sang qu'il leur faut... fils de la Grèce, aux armes.
Soyez libres, brisez, brisez un joug honteux;
Combattez où jadis vainquirent vos ayeux:
Soldats, voici Platée; et voici Salamine
Où, des Perses vaincus achevant la ruine,
Le bras de Thémistocle et surtout son grand cœur
Prouvèrent que le nombre est moins que la valeur.
Quels sont les ennemis qu’un sultan nous oppose,
Tandis qu’en un sérail sa valeur se repose
Sur le zèle empressé d’un féroce visir?
Une troupe sans frein toujours prête à trahir,
\
194 MÉMOIRES,
D'aveugles instrumens d’une fureur barbare,
Des sectaires trompés que le faux zèle épare, 77 =
Des brigands rassemblés par l'espoir du butin |
Auxquels on a promis un triomphe certain.
Poursuivons, attaquons ces hordes sanguinaires ,
Vengeons Dieu, la patrie et le sang de nos frères.
Aux murs de Constantin -plantons nos étendards; .
Qu’à son tour l’ennemi tremble sur ses remparts:
Que lui seul désormais ‘éprouve les alarmes,
Qu'à son tour il gémisse et répande des larmes,
Mänes de nos ayeux, guidez-nous aux combats ;
Généreux Thrasybule, arme aujourd'hui nos bras;
Pour la seconde fois le destin te réserve
D'arracher aux tyrans la ville de Minerve.
Que le croissant pâlisse, et que ses fiers soldats
Soient chassés pour toujours de nos heureux climats;
Brisons les instrumens d’un pouvoir despotique,
Et que la liberté renaïsse dans l'Attique,
O filles de la Grèce, objets charmans et doux,
Un jour vous reverrez vos frères, vos époux
Vous demander, vainqueurs, le prix de leur vaillance.
Mais s’il faut que le sort trompe notre espérance,
Recevez en ce jour nos éternels adieux!
Vaïincus, c’est pour jamais que nous quittons ces lieux
Peuplés de souvenirs et d'images. si chères.
Dieu protège nos sœurs, nos épouses, nos mères!
Et toi pour qui mon cœur soupire en ce moments.
Toi qui fais à la fois ma joie et mon tourment,
Objet de tant d'amour, à ma fidèle amie,
Contre les coups du sort tu n'es pas affermie:
I semblait te promettre un si doux avenir!
Les pleurs que tu versais n'étaient que de plaisir:
|
| MÉMOIRES. 195
"Ta ne connus jamais la misère commune,
Et près de ton berceau souriait la fortune.
Pourras-tu soutenir tout le poids du malheur?
Si je reviens un jour près de Zulmé vainqueur,
Hélas! ses yeux charmans s’ouvriront-ils encore
Pour sourire à l'amant qui la quitte et l'adore
Contre un destin cruel son cœur est-il armé?
O puissances du ciel veillez sur ma Zulmé!
Je vois partout le fer, la flamme, le carnage,
Les supplices, la mort, l’exil et l'esclavage;
La terre des héros, dans les pleurs et le deuil,
Noffre plus à ses fils qu’un immense cercueil.
Mais l'excès du malheur soutient notre conslance,
Et le jour est venu de notre délivrance.
Le ciel à mes regards découvre l'avenir;
Je vois libre du joug la Grèce refleurir:
Athène se relève avec sa gloire antique,
Ses archontes, ses Rois, ses sages du portique;
‘Le front ceint des lauriers cueillis à Marathon
Miltiade apparait: salut, docte Platon!
Toi qui rendis hommage à l'essence divine,
Simple, unique, éternelle et première origine,
Philosophe éloquent, moraliste profond,
Dont le vaste savoir m'étonne et me confond.
Autour de Périclès quel cortège de gloire!
Tous les arts à l’envi célébrant la victoire,
Sur le marbre et Pairain retraçant ses exploits,
La Grèce libre, heureuse et fière sous ses lois.
Ainsi dit le guerrier; et sa voix éclatante
Se mêle au bruit confus de la vague écumante;
Absorbé tout entier dans ses pensers divers,
Il semble contempler la surface des mers:
3196 MÉMOIRES.
Les siècles écoulés se pressent, se confondent, : (
Le passé, l'avenir tour-à-tour lui répondent,
Vers Pirée il entend les cris des matelots.
Il voit la mer au loin se couvrir de vaisseaux:
Le pavillon des Grecs qui dans l'air se déploye
A fait battre son cœur d'espérance et de joie.
Des côtes de l’Epire ils’ revenaient vainqueurs.
Le guerrier tend les bras à ses libérateurs,
Il plonge, il fend les flots et, bravant la distance,
Sar le premier navire avec force il s’élance :
Tous ses vœux sont remplis, en apprenant soudain
Qu'’avant la fin du jour le combat est certain.
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. Par Le BARON d'Ordre inspecteur des Forêts,
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